Au camp Géronimo à Sainte-Mère-Eglise
[EN IMAGES] 80e : la médecine de guerre des vétérinaires militaires
Geronimo, le camp de reconstitution militaire organisé par l'Airborne Museum de Sainte-Mère-Église, qui s'est installé pendant neuf jours à l'entrée de la ville, accueillait pour la première fois l'exposition "1940-1945 : les animaux dans la tourmente". Avec l'association Normania, association d'Histoire vivante, Christel Berghe, vétérinaire à Souleuvre-en-Bocage, décrypte les matériels et documents de l'époque.
Geronimo, le camp de reconstitution militaire organisé par l'Airborne Museum de Sainte-Mère-Église, qui s'est installé pendant neuf jours à l'entrée de la ville, accueillait pour la première fois l'exposition "1940-1945 : les animaux dans la tourmente". Avec l'association Normania, association d'Histoire vivante, Christel Berghe, vétérinaire à Souleuvre-en-Bocage, décrypte les matériels et documents de l'époque.
" Cela fait 17 ans que je m'intéresse à l'histoire de la médecine vétérinaire et que je collectionne les instruments vétérinaires anciens chinés en brocante, sur internet, ou auprès de confrères qui me donnent ou vendent des pièces ", explique Christel Berghe, vétérinaire installée à Beaulieu, commune déléguée de Souleuvre-en-Bocage (ex Beny-Bocage). Non seulement, elle collectionne mais elle documente beaucoup.
Membre de la Société d'histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, Christel Berghe avait plutôt l'habitude d'exposer lors de congrès vétérinaires. Mais quand l'opportunité de montrer ses objets est apparue, elle a accepté. Avec l'association Normania, association d'Histoire vivante basée dans la Manche, au Mesnil-Amey, elle s'est installée au camp Geronimo, camp de reconstitution militaire organisé par l'Airborne Museum de Sainte-Mère-Église dans le cadre du 80e anniversaire du Débarquement.
8 millions de chevaux impliqués
C'est ainsi qu'un hôpital vétérinaire militaire a vu le jour pour la première fois sous le thème "1940-1945 : les animaux dans la tourmente". Effectivement, la Seconde guerre mondiale a été marquante pour les chiens, pigeons et aussi les chevaux. " Alors que la propagande allemande reposait sur la technologie et le progrès, ils restaient très dépendants du cheval ", note Christel Berghe. À la Première Guerre mondiale, il y avait 11 millions de chevaux. Deux décennies plus tard, il y a eu 8 millions de chevaux impliqués dans ce conflit et bien entendu il fallait des vétérinaires pour soigner tout ce monde. C'est dire si le cheval avait toute son importance.
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De la médecine de guerre
Vétérinaire de profession, en plein exercice, elle a conscience de l'évolution des pratiques. " Cela ne devait pas être simple parce qu'il n'y avait pas d'antibiotique, pas d'anti-inflammatoire et très peu d'anesthésiques. C'était de la médecine de guerre au sens propre ", explique-t-elle. Les décisions étaient radicales. Il y avait un gros tri de fait à l'entrée de l'hôpital vétérinaire de campagne. " S'il n'avait pas d'espoir de les remettre en service, les chevaux n'étaient pas soignés. Ceux qui étaient malades étaient abattus pour ne pas propager la maladie. Si c'était possible, ils étaient mangés parce que les troupes mouraient de faim ", ajoute-t-elle. Pour ceux qui pouvaient être soignés, dans l'optique de les remettre au combat, les vétérinaires militaires y mettaient les moyens. " Cela n'a plus rien à voir avec la pratique d'aujourd'hui. La notion de bien-être animal n'existait pas. La prise en charge de la douleur n'était pas meilleure chez l'humain même si les Américains sont arrivés avec la morphine pour la première fois. C'était une vraie révolution ", souligne la professionnelle et passionnée.
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Masque à gaz, masque à oxygène
Si une partie de l'exposition provient de ses acquisitions personnelles, elle est complétée par des prêts d'objets du Musée Fragonard de l'Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort et du musée du Cheval de guerre de l'école militaire d'équitation de Fontainebleau de manière à être " le plus complet possible ". C'est le cas avec cette forge portative provenant de Fontainebleau. " Elle était transportée à dos de mulet. A droite, il y avait la forge, à gauche la bigorne. Et s'ajoutait le charbon ", explique Christel. Ce qui l'impressionne toujours, ce sont " les masques à gaz et les appareils à oxygène. Ce sont des pièces allemandes très rares et impressionnantes. Il n'y a pas eu d'attaque au gaz en 1945 mais ils avaient prévu parce qu'ils avaient été traumatisés en 1914-1918 ", commente-t-elle. C'est impressionnant de voir comment en 80 ans les pratiques ont évolué. Après une guerre, il y a toujours des progrès technologiques. Il faut se rappeler que "les vétérinaires pouvaient tenter des choses grâce aux grands effectifs de chevaux blessés ou malades. Cela a permis d'accélérer le progrès sur les infections, sur les blessures, sur les maladies", prévient-elle.
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Le grand public conquis
Pendant neuf jours, du 1er au 9 juin, à Sainte-Mère-Église, elle a partagé sa passion avec le grand public. Une première qui l'a réjoui. " L'accueil du public est très bon. Il porte un intérêt à cette exposition. Nous en sommes très heureux et très étonnés à la fois. C'est l'opportunité de partager avec des familles, venues à la base pour voir des chars et des avions. Et pour mieux les intéresser, nous avons fait quelque chose de très visuel. C'est mieux que de garder dans le grenier ", sourit la professionnelle.
Cette première exposition pourrait en appeler d'autres. Pour le moment, elle est repartie sur les routes de campagne calvadosienne.