Les Prairiales le 20 juin à La Blanche Maison
Agrifaune remet le couvert dans les débats
Depuis 2010, le réseau Agrifaune sensibilise les agriculteurs à la biodiversité. A Raids (50) chez Gérard Cousin, plusieurs couverts végétaux ont été comparés. Objectif : trouver les mélanges les plus intéressants pour la faune, le tout dans un cadre agronomique.
Le réseau Agrifaune recense aujourd'hui 8 fermes dans la Manche. A Raids, Gérard Cousin a intégré le programme depuis un an. Ce producteur laitier s'avérait déjà attentif aux problématiques de biodiversité. L'agriculteur avait implanté une jachère fleurie avec la Fédération des Chasseurs. La fédération des CUMA l'avait également accompagné dans sa gestion des haies pour alimenter sa chaudière bois. Ces deux organismes pilotent le réseau Agrifaune avec l'Office national de la faune sauvage et la Chambre d'agriculture. L'exploitant a donc logiquement adhéré au projet.
L'exploitation diagnostiquée
L'agriculteur est installé depuis 30 ans. "Depuis 2002, nous sommes devenus ferme pédagogiques. Auprès du public, nous n'évoquons pas que la production pure". Avec Agrifaune, il a donc bénéficié d'un diagnostic. Haies nombreuses et en bon état, jachères fleuries et ruches, bords de champs bien entretenus, inter-cultures à vocation faunistique sont les points forts de l'exploitation. Les vieux bâtiments permet également la présence d'hirondelles, de chauves souris ou de chouettes. Au chapitre des possibilités d'améliorations : la baisse du labour ou l'utilisation de la pratique du recépage.
Les couverts végétaux : intérêts faunistiques et agronaumiques
Mais, Gérard Cousin a choisi de travailler sur les couverts végétaux les plus intéressants pour la biodiversité. En août dernier, différents mélanges vendus dans le commerce ont été testés. Objectif : étudier les intérêts faunistiques et aussi agronomiques. Pour la partie faune, c'est la fédération des chasseurs qui s'en charge. La couverture, la nourriture, la pénétrabilité du couvert et la diversité végétale sont notées. L'intérêt faunistique de ces couverts est en effet jugé au regard de la possibilité qu'ont les petits animaux de s'y déplacer, de s'y nourrir et de s'y abriter. L'agriculteur peut cependant y trouver son compte. "Les couverts végétaux sont aujourd'hui un investissement obligatoire, car mon exploitation est située en zone vulnérable. Alors autant bien le faire. Je crois qu'on peut cumuler les intérêts faunistiques et agronomiques. (Avant, je me contentais un peu bêtement et mécaniquement de la moutarde). J'ai détruit ces couverts en février. J'ai ensuite labouré. La terre était belle, active. C'est visible, le couvert a boosté la vie du sol. On récupère aussi de l'azote, je ne mets plus d'engrais minéraux sur le maïs", justifie Gérard Cousin.
A la suite de l'essai, six mélanges ont été sélectionnés. Ils seront de nouveau testés cette année. Tous affichent des rendements supérieurs à 2 tonnes de matière sèche. Les quatre meilleurs mélanges ont également capté plus de 50 uN/ha. Et pour la biodiversité, la fédération des chasseurs préconise un mélange constitué d'espèces à ports différents. Une plante haute protège ainsi les animaux prédateurs. Elle peut être associée à une plante plus basse et d'autres plus étalées. "De nouveaux essais sont programmés dans une autre exploitation. Ils permettront de valider certains mélanges et de donner une forme de label Agrifaune", précise Alice Denis, animatrice du réseau Agrifaune à la Chambre d'agriculture de la Manche.
D'autres thématiques à découvrir aux Prairiales
De son côté, Gérard Cousin songe à d'autres actions en faveur de la biodiversité. L'agriculteur peut s'appuyer sur les expériences du réseau Agrifaune. A Baudreveille, Vincent Séguineau oeuvre dans le cadre du schéma départemental de gestion cynégétique. Le but : retrouver une population naturelle de faisans. Autre exemple à la Vretot, Sylvie et Benoît Brisset ont réimplanté des prairies multi-espèces sur 6 hectares. Autant d'idées et de projet à venir découvrir aux Prairiales de la Blanche-Maison.