Fertilisation azotée
Apporter son azote tôt en sortie d’hiver : souvent contre productif !
Fertilisation azotée
Après deux années marquées par la sécheresse printanière, la tentation est forte de commencer à fertiliser tôt (avant le 15 février). Le contexte de cette année (hiver doux, cultures très développées) et les résultats d’essais plaident au contraire pour des apports modérés et plus tardifs.
Cette année les cultures d’automne sont pour la plupart
très développées comme ce colza de 1.8 kg !
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Isabelle Diomard CA14
très développées comme ce colza de 1.8 kg !
L’expression “les années se suivent et ne se ressemblent pas” prend tout son sens cette année ! Jusqu’à présent nous sommes partis dans les traces de 2007 qui nous a laissé de mauvais souvenirs que ce soit au niveau de la verse ou des rendements. Avec les printemps secs des années passées, beaucoup sont tentés par des apports précoces et parfois importants. Les apports précoces, particulièrement s’ils sont en excès, sont mal valorisés par les plantes, et souvent préjudiciables au rendement car ils favorisent le développement d’une biomasse excessive. Par exemple en blé : qu’il y ait 800 ou 1 200 tiges au m² à épi 1cm, il n’en restera en général qu’entre 500 et 600 épis à la récolte. Les tiges en excès auront consommé des éléments minéraux et favorisé les maladies et la verse. L’azote mobilisé par cet excès de tiges pourra ensuite faire défaut et pénaliser le rendement. C’est ce constat que l’on a pu observer dans nos synthèses d’essai blé ou dans les résultats d’essai colza de l’an passé qui confirme nos références antérieures (tableau 1).Pour le blé, la synthèse sur le fractionnement publié en novembre 2007 dans la presse agricole normande, montrait, dans un grand nombre de cas, qu’il est possible de commencer la fertilisation du blé à partir du stade Epi 1 cm avec des gains de rendements moyens de 1,4 q et 0,3 % de protéines. L’an passé, dans trois essais conduits en Normandie (CA 27, CA 61 et CA 76), les impasses tallage n’ont pénalisé le rendement que d’un quintal en moyenne (ces impasses n’étaient pas conseillées). Même dans les zones les plus sèches de la région, au sud de l’Eure et à l’est de l’Orne, les apports précoces ne présentent pas d’intérêt (tableau 2).Des travaux plus récents sur les dates d’apports réalisés en particulier par la Chambre d’agriculture de l’Eure ont montré qu’il il est intéressant même dans ces situations de retarder les premiers apports pour que la plante valorise mieux l’azote appliqué. C’est un constat que l’on a fait aussi en orge d’hiver ou dans nos essais. Des apports début mars, ont plutôt favorisé le rendement (plus un quintal par exemple dans un essai en Seine-Maritime).Pour l’instant, les conditions de l’année rendent l’ajustement de la dose d’azote et de son fractionnement crucial pour maîtriser la conduite de vos cultures. Appuyez vous sur les outils d’aide à la décision à votre disposition pour vous aider à remplir cet objectif (reliquat d’azote, méthode du bilan, outil de pilotage…).
Cas des parcelles de céréales très en avance
Cette année, avec la combinaison de semis précoces et de températures clémentes, de nombreuses parcelles sont très en avance. Si le climat continue dans cette douceur, certaines pourraient même atteindre le stade épi 1 cm au cours du mois de février ! Pour ces parcelles les biomasses sont très élevées et de nombreux risques les guettent : verse, gel d’épi, maladie, etc…Même si nous n’en sommes pas encore là (la nature peut nous réserver des surprises), dans ces situations il faudra envisager de “stresser” la plante en azote pour limiter l’excès de biomasse. Pour ce faire, on pourra limiter la dose totale et/ou retarder les apports jusqu’au stade 1 nœud par exemple…