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La prairie c’est un métier
Bien accompagné, Emmanuel Letellier valorise désormais sa prairie

Emmanuel Letellier est éleveur à Saint-Philbert-des-Champs (14) en AOP. Déçu par la production d’herbe de ses terres non cultivables, il fait appel à sa conseillère de Littoral normand pour redresser la barre. Trois ans après, ses prairies lui apportent de réels avantages dans sa conduite.

Malgré l’annulation des Prairiales 2020 en raison de la crise sanitaire, la rédaction poursuit la diffusion des articles prévus sur le thème initial de l’événement, « La prairie, c’est un métier ».

Installé en 1997 à Saint-Philbert-des-Champs, Emmanuel Letellier élève des « Noires » avec sa mère, en Gaec. Il adhère à Lanquetot et son camembert au lait cru. Sur 115 hectares, il cultive 75 hectares de cultures de ventes ou autoconsommées, dont 20 de maïs. Les 40 hectares restants sont « des surfaces à silex où le labour est impossible ». Il cultive des pommiers sur une partie pour la production de cidre fermier. « Le gros bouleversement en 2016, retrace Emmanuel Letellier, a été le changement du cahier des charges et le passage à 75% de Normandes et 33 ares par vache laitière ». Il augmente ainsi le volume, passe à 450 000 l. Avec la même surface, il a donc besoin d’améliorer les rendements. « Le souci que j’avais, au niveau de la prairie, c’est que l’herbe était gaspillée au fond du parcellaire ». Pour éviter les pertes, il broie et récolte, mais « l’herbe n’était pas de qualité. On le voyait, il y avait des refus ». L’éleveur a en tête que l’herbe pâturée coûte trois fois moins cher que l’herbe récoltée et veut remédier à ce « gaspillage ».

 

Réduction des paddocks

Il soumet le problème à Amandine Houssaye, sa conseillère d’élevage chez Littoral normand. L’équation à résoudre est simple : augmenter le rendement actuel de 3 t de matière sèche par hectare et par an. En 2017, il divise les paddocks de 4 ha par deux et y installe des bacs d’eau. Il crée des chemins. « Les vaches n’allaient pas loin du point d’eau, où l’herbe était surpâturée. A l’inverse, l’extrémité du paddock l’était très peu. « On a trouvé une amélioration, mais on n’était pas satisfait. » La conseillère passe à la vitesse supérieure : Emmanuel Letellier se lance dans la mesure de la pousse de l’herbe avec un herbomètre. Tous les 15 jours, il traverse toutes ses parcelles. « L’appareil indique la qualité de l’herbe et donne le stock disponible d’avance ». Grâce à la mesure, il n’arrive plus en retard. Il débraye certaines parcelles et fait, si besoin, du toping, une fauche de 12 à 18 heures « pour remettre le paddock propre ». 

A 1,5 ou 2 ha de superficie, les paddocks semblent encore trop grands. « Le temps de séjour était trop long, on avait des refus à la fin. » En 2019, l’éleveur et sa conseillère mettent en place le pâturage tournant dynamique avec des paddocks de 0,6 ha. Et réduisent l’apport de maïs pour que « les vaches aient faim en arrivant ».

 

Me réveiller

« L’idée, c’est d’avoir toujours de l’herbe de qualité et fraîche », commente Emmanuel Letellier. Les bénéfices sont là. La flore est modifiée, « on a plus de trèfle ». Il constate aussi « moins de fluctuation dans le tank ». Il n’apporte quasiment plus de correcteur entre avril et juillet. Sa production d’herbe a été multipliée par deux. Il a aussi moins d’effluents à gérer. « C’est une satisfaction de pouvoir utiliser des parcelles qui sont à disposition. »

Cette amélioration, il l’attribue au travail conjoint avec sa conseillère. « Elle m’a appris à travailler avec ma prairie et utiliser quelque chose que j’avais sous les yeux. Et puis, être à deux pour réfléchir, c’est rassurant, cela permet d’être sûr qu’on va dans la bonne direction ».

Emmanuel Letellier l’admet volontiers, il n’avait pas toujours le temps de réaliser les mesures d’herbe, « elle m’a réveillé. Elle appelait, disait stop. On fait un point. Quand on n’a pas le temps, l’herbe n’attend pas et les stades sont loupés ». Après avoir bétonné ses chemins pour sortir ses bêtes toute l’année, il souhaite aller plus loin en diminuant la part de maïs et l’achat de concentré. « On veut produire nous-même les protéines », pour baisser davantage les coûts de production. Une évolution qu’il envisage de mener avec sa conseillère.

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