Dans le Bessin (14), on se fait la main sur le pois chiche
Lundi 27 mai, la Coopérative de Creully, la Chambre d'agriculture du Calvados et Terres Inovia ont organisé un tour de plaine des essais de pois chiches, destinés à l'alimentation humaine.Les acteurs veulent être prêts si la culture prend du poids sur le marché.
Les essais de pois chiches ont commencé il y a deux. D'abord sur une micro parcelle. Puis sur 3 ha l'année dernière. « Cette année, nous avons augmenté la surface : on cumule 17 ha, sur les différents secteurs de la coopérative, avec diverses typologies de sols et des climats », explique Jean-Philippe Chenault, responsable agronomique à la Coopérative de Creully. Les essais, menés chez sept agriculteurs, sont conduits par l'agriculteur et son technicien de la coopérative, avec l'appui de la Chambre d'agriculture du Calvados et l'institut Terres Inovia. Objectif : « se faire la main » sur la culture, que l'on trouve davantage dans le sud-ouest.
Lundi 27 mai, le rendez-vous était donné au silo de Tour-en-Bessin. Premier arrêt chez Henri Legrand, exploitant à Barbeville, avec 75 ha de cultures, 10 ha de prairies, de la pension de chevaux et de la vente directe de poulets de chair. « J'ai semé les pois chiches le 28 mars. C'est la deuxième année que j'essaie la culture, informe Henri Legrand. J'ai fait un désherbage pré-levée et je m'arrête là. Le pois chiche se moissonne en septembre. »
Une culture de chaleur
« Le pois chiche se sème en mars avril, confirme Agathe Penant, référente protéagineux chez Terres Inovia. Pas trop tôt dans l'année car, en dessous de 15 °C, les fleurs coulent. C'est une culture de chaleur, que l'on trouve dans les pays chauds et arides. » Chez Henri Legrand, la levée est survenue au bout de trois semaines. « Un seul produit est homologué en post-levée, complète-t-elle. Et il n'est applicable que s'il n'a pas été utilisé en pré-levée. » L'objectif du tour de plaine, lundi matin, était de repérer la présence ou l'absence de l'ascochytose du pois chiche. « C'est le point noir de la culture, chez nous, en Normandie. La maladie se développe très vite, sous forme de foyers, surtout en milieu humide. » Jean-Philippe Chenault ajoute : « la moisson peut aussi se révéler problématique car, si le temps n'est pas assez sec, la culture peut redémarrer son cycle. Mais le climat évolue, nous avons des mois de septembre assez secs ». L'année dernière, les rendements se situaient autour de 20 qtx/ha. « L'objectif est d'aller au-delà de 25 qtx/ha », précise Jean-Philippe Chenault.
Dans les rayonnages
Dans la parcelle voisine, Henri Legrand a semé des lentilles et du quinoa. L'agriculteur voit dans ces cultures un moyen de diversifier sa rotation. D'autant plus qu'il a entamé une conversion bio, début mai. « Si le marché se développe, nous voulons maîtriser la culture. Aujourd'hui, le pois chiche se vend autour de 400 euros/t mais le prix peut monter à 700 euros/t en conventionnel (beaucoup plus en AB), justifie Jean-Philippe Chenault. Nous voulons donc être prêts techniquement et commercialement quand le marché du pois chiche va grandir. » Le responsable agronomique ajoute : « on commence à en voir dans les rayonnages, la tendance pousse à consommer ce type de graines ». Un bon moyen, donc, pour diversifier les rotations et l'alimentation locale. Et Henri Legrand de conclure : « j'ai goûté mes lentilles et le quinoa l'année dernière. C'est bon. Et ça vient de chez nous ».