Culture
De nouveaux ensilages enrichis en protéines
Récolter des protéines directement dans son maïs ensilage en Normandie : est-ce possible ? Nous montrons cette année que la féverole associée en culture au maïs a permis le gain de 3 points de protéines, mais le rendement de la parcelle a été notoirement réduit. Le soja associé au maïs en culture n’a pas réellement contribué au rendement. Une autre voie novatrice a été étudiée : l’ensilage d’une association féverole et pois. Elle a permis un ensilage à 18 % de protéines.
Sur la plate-forme régionale d’essais en agriculture biologique “Reine Mathilde”, à Tracy-Bocage, des formules innovantes d’ensilage ont été testées lors de la récolte 2013. Les partenaires des Chambres d’agriculture sur cette opération sont Sapronat, Littoral Normand Conseil Elevage, le Groupement Régional d’Agriculture Biologique et l’Institut de l’Elevage.
Ensiler du maïs associé à du soja : décevant en 2013
Pour récolter un maïs enrichi en protéines, l’idée a été de le cultiver en association avec un protéagineux. Les tests ont consisté à cultiver le maïs en association avec du soja, avec de la féverole, et avec un mélange vesce + pois. Ces plantes posaient question : quelle sera leur maturité en octobre ? Quelle espèce va exercer la plus forte concurrence pour la lumière et l’eau ? Quelle contribution au rendement des protéagineux ? L’association maïs + soja s’appelle maya. Elle n’a pas été souvent essayée en Normandie, puisque peu de variétés de soja pouvaient prétendre réaliser leur cycle sous nos sommes de températures normandes. D’autres protéagineux ont été associés au maïs : de la féverole (variétés d’hiver et de printemps ensemble), et un mélange vesce et pois fourrager censé s’enrouler sur le maïs. La littérature faisait état d’expériences avec le soja dans les Pays de la Loire dans les années 2000, et avec d’autres protéagineux dans l’Est de la France dans les années 80.Le semis a eu lieu début mai en 2 passages car le semoir pouvait difficilement gérer des graines de taille différentes. Les espèces sont ainsi semées sur le même rang, eux-mêmes espacés de 45 cm. Le désherbage a été mécanique, dans les conditions de l’agriculture biologique.La récolte manuelle a eu lieu le 15 octobre : chaque espèce a été pesée et analysée.Premiers enseignements en végétation : la féverole a concurrencé le maïs dès la levée, il est resté petit comme le montre la photo ci-dessus. La féverole, qu’elle soit de type hiver ou printemps, et semée en mai, a réalisé tout son cycle. Elle était noire dès septembre et les graines étaient mûres. Ainsi son cycle nous semble vraiment décalé de celui du maïs. Le mélange pois + vesce a aussi beaucoup concurrencé le maïs. Il a fait tout son cycle comme la féverole, mais n’a pas bien résisté sur pied dans l’attente de l’ensilage, si bien qu’à la récolte les plantes étaient grises et affaissées au sol. Petite déception : ces plantes volubiles ne sont pas enroulées autour du maïs. Quant au soja : il a aussi fait tout son cycle et a perdu ses feuilles juste avant l’ensilage, ce qui a réduit sa masse récoltée. En raison de la moindre concurrence du soja, le maïs qui lui était associé était le plus développé des maïs (graphique 1).Le rendement de l’association varie de 9,1 t MS/ha avec vesce + pois à 17,1 avec le soja. La contribution du protéagineux au rendement est significative pour la féverole (4 t MS) et très faible pour vesce + pois et pour le soja (respectivement 0,6 et 0,2 t MS). L’impact sur la teneur en protéines du fourrage est en lien direct avec la proportion de protéagineux dans le mélange récolté : le mélange maïs + féverole atteint 10,6 % alors que les autres mélanges se rapprochent d’un maïs pur autour de 7 %.Bilan : ces essais novateurs montrent que l’association maïs + féverole a permis cette année d’obtenir la meilleure concentration en protéines dans le fourrage ensilé au détriment d’un rendement fortement minoré. Les associations avec soja ou avec vesce + pois n’ont pas permis d’enrichir l’ensilage récolté. A partir de ces observations, de nouvelles associations seront testées en 2014.
Ensiler féverole et pois : une bonne surprise
Pourquoi ne pas ensiler des protéagineux purs ? Eux sont bien pourvus en protéines ! L’association féverole d’hiver et pois d’hiver a aussi été testée. Culture qui ne craindrait pas la verse par le choix de la féverole à la tige solide et le pois protéagineux qui n’a pas besoin de tuteur. Néanmoins, des zones ont versé quelques jours avant la récolte, sans réel inconvénient.Le semis a eu lieu le 31 octobre 2012, avec une technique surprenante. Pour protéger la féverole (Arthur) du gel, elle a été semée à la volée sur le sol avant le labour ! Elle est ainsi positionnée en fond de labour à 25 cm de profondeur, et elle émet ensuite un grand germe pour atteindre la lumière. Sa sortie de terre a demandé 2 mois. Le pois (Dove) avait ensuite été semé à 3 cm de profondeur avec un semoir en ligne après le labour.Aucune intervention n’a été pratiquée en cours de culture : le couvert s’est montré très étouffant vis-à-vis des adventices.La parcelle a été ensilée le 25 juin 2013, au stade formation des gousses, avec 75 % de pois et 25 % de féverole (tableau 1).Le rendement de l’association a été difficile à mesurer, il est estimé autour de 10 t MS/ha. La teneur en protéines est élevée et au rendez-vous, à 18 %. La valeur énergétique est intéressante. Cet ensilage possède des caractéristiques très intéressantes pour la production laitière.