Contre la bruche de la féverole
La Coopérative de Creully teste l’attraction olfactive
Mardi 19 mai, la Coopérative de Creully et Agriodor essaimaient des pièges contre la bruche dans un champ de féveroles. L’idée : piéger l’insecte en trompant son odorat. Une solution de biocontrôle dont les résultats seront connus en septembre.
Mardi 19 mai, la Coopérative de Creully et Agriodor essaimaient des pièges contre la bruche dans un champ de féveroles. L’idée : piéger l’insecte en trompant son odorat. Une solution de biocontrôle dont les résultats seront connus en septembre.
« Le problème avec la bruche sur féverole, c’est qu’elle est très mobile. Elle hiverne dans les bois et les haies puis, en sortie d’hivernage, elle se nourrit des pollens de fleurs. Cette énergie nouvelle lui donne la force pour s’accoupler. La femelle pond ensuite dans les gousses. Les grains sont alors bruchés. Triple conséquence à cela : impossibilité de ressemer, perte de PMG et perte du marché alimentaire humain qui exige moins de 3 à 5 % de grains bruchés », décrit Brice Claise, technicien terrain Agriodor, une startup de l’Inrae. C’est dans ce contexte global que la Coopérative de Creully et la jeune entreprise tentent un essai pour lutter contre le ravageur.
20 pièges/ha
La solution imaginée par Agriodor mobilise le biocontrôle. « La bruche cherche la féverole par l’odeur, grâce aux kairomones. Le piège repose sur le principe de l’attraction olfactive », explique Jean-Philippe Chenault, responsable agronomique à la Coopérative de Creully. Thomas Hecky, responsable expérimentation Agriodor, décrit le kit : « on plante un piquet en bois, sur lequel on place un bol et dans le bol, un cylindre. Dans le cylindre, un tube contient une matrice, support du parfum. Dans le parfum, on retrouve des molécules diffusées par la plante, que la bruche utilise pour se localiser sa plante-hôte. Le bol, rempli d’eau savonneuse, empêche l’insecte piégé de repartir ». Pour l’essai mis en place cette année, le protocole recommande de disposer 20 pièges par hectare.
Deux parfums sont appliqués aux moments où l’insecte cherche la plante, le premier au stade floraison (pour le pollen) et le second au stade bouton floral (pour la ponte). Le tube diffuse le parfum pendant trois semaines. Les effets escomptés, par rapport à un insecticide, sont : une durée d’action plus longue, une plus grande population de bruches touchée, l’absence de risque d’acclimatation de la bruche car le parfum est un produit naturel. Mais, pour le moment, Thomas Hecky insiste : « nous sommes encore en phase de test. Les résultats ne seront donnés qu’en septembre ». L’objectif à terme, si les résultats sont concluants, serait « de retrouver la valorisation alimentaire humaine de la féverole, notamment en Égypte, au lieu de celle du bétail actuellement ».