La transmission en 2025 sous l’angle prospectif
La transmissibilité d’une exploitation repose sur de nombreux facteurs tels le cédant, le repreneur, l’outil de production, le capital à investir. Des éléments déterminants de la transmission en 2025 sont identifiés dans l’étude récente publiée par le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux. Revue de détail.
Transmettre oui, mais dans quel contexte ?
Une exploitation est viable, vivable et donc transmissible si elle garde, avec son environnement, un lien économique, un lien social et un lien écologique assurant le renouvellement des ressources naturelles sur le long terme.
Le rapport fait ressortir des constantes communes à tous les scénarios, qui ne seraient pas remises en cause dans le futur :
- les attentes sociétales vis-à-vis de l’environnement et de la qualité sanitaire des produits ;
- un report prévisible de l’âge de départ à la retraite ;
- une aspiration des agriculteurs en termes de mode de vie et de conditions de travail se rapprochant des attentes du reste de la société ;
- un métier exigeant des compétences croissantes, en lien avec l’innovation ;
- un capital d’exploitation de plus en plus important à mobiliser ;
- un marché du foncier qui se tend.
Par contre, trois éléments sont discriminants dans la construction des scénarios :
- le contexte économique (niveaux des prix des produits agricoles et des charges, marché du travail, …) ;
- les politiques publiques, européenne et nationale ;
- le niveau de prise en compte de l’environnement dans les réglementations.
Profil d’installation en 2025
Un agriculteur pourra transmettre son exploitation à un repreneur qui aura parfois des aspirations et caractéristiques différentes. Par exemple, les entrants dans le métier d’agriculteur à l’horizon 2025 auront des profils plus diversifiés, seront plus âgés, pourront être plus souvent des femmes et seront mieux formés (graphique 1). Ils évolueront dans un contexte marqué par la volatilité, devront faire preuve d’une certaine résilience, s’installeront plus facilement en société et hors cadre familial, devront être capables d’innover et de gérer un très grand nombre de données.
La gestion des risques sera déterminante
Les scénarios décrits doivent permettre d'identifier les évolutions en cours et d'en discerner les aspects souhaitables ou non. Les éléments favorables à la transmissibilité cités par les auteurs sont :
- la sécurisation du revenu agricole. Elle s’obtiendra par la recherche permanente de la compétitivité prix et hors prix. Les différents maillons de la filière devront créer de la valeur ensemble. Les écarts de compétitivité en Europe devront être réduits par une harmonisation des réglementations sociales et environnementales.
- L’amorce de perspectives en tant qu’agriculteur. Cela repose sur l’existence, d’ici 2025, de dispositifs publics, privés ou mixtes permettant de couvrir le risque prix pour donner de la visibilité et éviter la perte de compétitivité liée à un recul des investissements. Pour faire face à la volatilité des prix, deux outils de gestion des risques sont présentés : s’appuyer sur un système assurantiel ou utiliser la contractualisation entre les exploitations agricoles et l’aval de la filière (graphique 2).
- L’accès simplifié au foncier. La préservation du foncier agricole passe par la mobilisation du territoire et des acteurs locaux autour de la question agricole dans l’adaptation de certains dispositifs d’aide à la transmission. Pour faciliter la transmission, il serait nécessaire de développer un bail alternatif au fermage, promouvoir l’intervention des collectivités dans les zones de déprise agricole qui ne bénéficient pas des mêmes conditions d’attractivité et de compétitivité que d’autres et simplifier l’encadrement institutionnel de l’activité agricole. Afin de faire face, les exploitations agricoles jouent la carte du collectif (assolement en commun, regroupement par bassin de production, portage du capital à plusieurs). L’accès au foncier devenant plus compliqué, les exploitants mobilisent la famille ou des tiers agricoles pour porter le foncier.
- Le financement partagé du capital. Le capital des exploitations étant plus important, sa transmissibilité repose sur l’anticipation et la progressivité du transfert. La transmission des exploitations agricoles est facilitée du fait du portage du capital par des investisseurs non agricoles et par des outils juridiques qui favorisent la mobilité des capitaux (organisation collective, statuts des sociétés).
C’est en redonnant ses lettres de noblesse au métier d’agriculteur et
en améliorant l’outil de production (conditions de travail, modernisation, incitations financières, innovation) que la transmission sera également facilitée.
Issu du rapport : Transmission en agriculture - 4 scénarios prospectifs à 2025 - CGAAER - MAAF
http://agriculture.gouv.fr/transmission-en-agriculture-4-scenarios-pros…