Agriculture et environnement
« Laissons les couteaux au vestiaire »
Mercredi 23 septembre, les JA et la FDSEA du Calvados ont rencontré deux membres du Grape (Groupement régional des associations de protection de l’environnement). De la pédagogie au service de l’agriculture.
Mercredi 23 septembre, les JA et la FDSEA du Calvados ont rencontré deux membres du Grape (Groupement régional des associations de protection de l’environnement). De la pédagogie au service de l’agriculture.
« Nous sommes ici pour comprendre les besoins en agriculture, connaître les pratiques agricoles et initier des échanges avec les associations de protection de l’environnement », annonce Michel Horn, président du Grape.
Mercredi 23 septembre, il était chez Geoffroy de Lesquen, cultivateur en agriculture de conservation des sols, à Valambray. À leurs côtés : Xavier Hay, secrétaire général de la FDSEA ; Guillaume Férey, responsable du canton de Pont-l’Évêque ; Quentin Ouin, responsable du canton de Saint-Pierre-sur-Dives JA 14 ; et Christian Michel, administrateur du Grape. Geoffroy de Lesquen : « vous ne savez pas ce que l’on fait de bien ».
1 - L’agriculture de précision
Dans ce premier atelier, le cultivateur a parlé azote et pilotage par satellite. « L’azote est le principal fertilisant en grandes cultures. On met 3 kg d’azote pour 100 kg de blé. C’est mathématique. »
Puis il est entré dans le détail : « on prend en compte l’azote de la culture précédente, la minéralisation du sol, le reliquat d’azote sortie d’hiver afin de déterminer la quantité d’azote que l’on doit apporter, en fonction de notre objectif de rendement, lui aussi calculé sur les cinq dernières années de l’exploitation ».
L’apport est fragmenté en trois passages, minimum. Et piloté au plus fin des besoins de la parcelle grâce à une cartographie établie par satellite. Idem pour l’application des traitements fongicides. « Une application nous envoie un bulletin des risques toutes les semaines » selon les maladies, les dates, les attentes, etc. « Il va vous falloir la 5G », s’amuse Michel Horn. Christian Michel soulève que, « même en traitement foliaire, le produit tombe sur le sol et détruit les mycorhizes ». Une transition pour le deuxième atelier.
2 - Le point colza
Geoffroy de Lesquen, en agriculture de conservation du sol, a banni le labour en faveur des couverts végétaux. Son premier principe : ne plus toucher au sol, implanter des couverts, dont des légumineuses qui captent l’azote atmosphérique pour le restituer au sol. « Le premier moyen de lutte contre les ravageurs, c’est de semer tôt. Ici, j’ai semé le 23 août avec du trèfle nain. Le colza se développe l’hiver puis au printemps. Quand je le moissonnerai cet été, le trèfle pourra pousser et étouffer les mauvaises herbes. Le ray gras, c’est ma plaie. Puis je sèmerai du blé après destruction du couvert. » Pour détruire le couvert au bon moment, le cultivateur applique du désherbant. « Le pulvérisateur est équipé de buses antidérive avec injection d’air. Les gouttes, plus grosses et donc plus lourdes, tombent directement sur leur cible. » Michel Horn de reprendre : « la biodiversité diminue, l’agriculture chimique est souvent accusée. Mais nous devons réfléchir au problème, ne pas attaquer l’agriculture comme premier pollueur. Sortons de la confrontation ».
3 - Les semis
Geoffroy de Lesquen a présenté son semoir à double trémie et trois descentes. « Il s’agit d’un semoir à disques, typique de l’agriculture de conservation, pour passer dans un couvert végétal. Je peux semer en même temps, par exemple, du colza, des féveroles et apporter de l’engrais à doses localisées dans le rang. Le semoir ne mobilise pas une grosse puissance de moteur, le bilan carbone est bon. » Guillaume Férey ajoute que « l’ancienne génération était peu formée. Nous, les jeunes, nous nous approprions les systèmes, nous allons plus loin dans nos réflexions ». Geoffroy de Lesquen a ensuite emmené ses visiteurs dans deux parcelles où sont implantés des couverts végétaux. « La graine de ray gras vit trois ans dans le sol, il faut du long terme. Pour le tuer, j’applique du glyphosate et sème mon blé une semaine après. Sans chimique, je ne sais pas comment le détruire. » Michel Horn souligne que « l’Inrae travaille sur des solutions alternatives mais qu’elles ne fonctionneront pas ici ». À l’issue de la rencontre, il salue l’initiative : « laissons les couteaux au vestiaire des deux côtés. Je retiens plein de choses de la journée ». Christian Michel complète : « il n’y a pas de monde parfait. Nous ne sommes pas des activistes, nous avons le souci de nous passer du glyphosate, mais comment ? La transition écologique en agriculture ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut que les agriculteurs en aient les moyens, que la PAC s’en occupe. Je vois plein de bonnes volontés mais je dis, encore un petit effort ».
Groupement régional des associations de protection de l’environnement, membre de France Nature Environnement est une structure qui fédère 61 associations environnementales en Normandie.