Communication
L’AOC Cidre du Perche sort le grand jeu
Moins d’un an après l’obtention de l’appellation Cidre du Perche, ses sept producteurs ont monté, vendredi 10 septembre 2021, une opération de communication aux petits oignons destinée à conquérir journalistes et clients.
Moins d’un an après l’obtention de l’appellation Cidre du Perche, ses sept producteurs ont monté, vendredi 10 septembre 2021, une opération de communication aux petits oignons destinée à conquérir journalistes et clients.
Il est 14h quand les invités arrivent au Domaine du Ruisseau, à Cours-Maugis-sur-Huisne. Les sept producteurs, polo noir aux couleurs de leur AOC fraîchement acquise, les reçoivent eux-mêmes, autour d’un café ou d’un jus de pommes. Chez Jean-François Leroux, un verger de huit hectares que l’ancien infirmier en psychiatrie cultive depuis 1989, l’accueil est chaleureux. Les présentations s’amorcent, « nous sommes des petites entités familiales, décrit Grégoire Ferré, il y a aussi une structure de trois associés ». Chacun présente son histoire et son domaine. Dominique Hutin, journaliste spécialisé dans le vin, chroniqueur de l’émission culinaire de France inter On va déguster, relance la conversation, traduit pour ses confrères et consœurs. « J’ai invité mes collègues du vin, révèle le journaliste, j’en utilise les codes pour les convaincre. Je leur parle terroir, variétés des pommes, millésime : c’est l’imaginaire du vin ». Le journaliste d’origine normande a lui-même redécouvert le cidre, « je l’avais complètement zappé ». Depuis vingt ans, il est l’un des rares à en parler comme d’un produit de valeur. « Je dis à mes collègues que c’est plus difficile de faire un cidre qu’un vin ».
Musique et dégustation
La pluie s’invite et oblige la présentation à se replier sous le hangar où Jean-François Leroux conserve son vieux pressoir. Il ne tarde pas à attraper son violon pour contrarier le mauvais temps. Le cidriculteur a convié les membres de son groupe, Tradart, et pousse l’assemblée dans le verger en musique. On y goûte les pommes pour apprécier leur saveur, douces, acidulées ou amères. Jusqu’à la cave, avec beaucoup de pédagogie, on appréhende le subtil équilibre nécessaire à la fabrication d’un cidre, jusqu’à l’exercice de dégustation croisée des cidres de l’appellation. Devant sa feuille, Thomas Blonsky entoure les cidres qui lui plaisent. Le patron du Brocéliande, restaurant gastronomique de crêpes à Nogent-le-Rotrou (28), a des exigences bien définies : « une jolie étiquette. Pour le client, c’est important parce qu’il regarde la bouteille ». Lui qui communique sur le Perche, il envisage de mettre en place une carte de cidres, « on va valoriser l’AOC ». Pour Adèle Gautier-Lamiroté, de l’office du tourisme de Mortagne-au-Perche qui a co-organisé l’événement, « on a invité des professionnels pour qu’ils laissent la place au cidre sur leur carte ». Et les journalistes, « pour donner de la visibilité à cette AOC ». « Quand on les a ramenés au train, témoigne Dominique Hutin, mes collègues étaient ravis, ils avaient vu des gens francs du collier, sans langue de bois et avec un événement joliment calibré, à leur image ». L’AOC Cidre du Perche envisage de programmer une visite dans l’un de ses domaines chaque année.
C’est par l’arrêté du 28 octobre 2020 que l’appellation Cidre du Perche ou Perche a été reconnue d’origine contrôlée et protégée. L’attente pour l’obtention du fameux label a été longue : 21 ans. « Une des particularités de notre AOC, c’est que nous commercialisons 100% en appellation », enseigne Dominique Plessis, le doyen de la bande des sept producteurs, tous basés dans l’Orne. « On aimerait à terme s’installer dans la zone d’appellation en Eure-et-Loir et en Sarthe, poursuit le producteur, ça assoirait l’appellation cidricole et ce serait cohérent. Historiquement, le Perche dans le 28, c’était des terroirs de pommes ». Grégoire Ferré complète, « il y a des volumes de pommes, on peut installer, les fruits sont disponibles. Il faut la volonté de rentrer dans un travail de groupe, rechercher l’excellence ».