Le coup du lupin pour assommer sa dépendance
Installé à Bernières-le-Patry, Fabrice Durand est agriculteur depuis 1991. Il élève 45 vaches laitières sur 85 hectares pour un quota de 350 000 litres de lait. L’agriculteur cultive 7 hectares de lupin. La culture lui permet de maximiser l’autonomie alimentaire de son exploitation. Sa ferme accueille les essais de la Chambre d’agriculture du Calvados. Zoom sur cette culture qui monte.
Comment utilisez-vous le lupin que vous cultivez ?
Le lupin est valorisé par les vaches laitières. J’en donne environ 1,5 kg par jour et par vache. Suivant l’humidité à la récolte, j’ai fait de l’inertage. En graine humide, ce produit est quand même moins bon. L’idéal est d’avoir une graine qui reste sous la barre des 18 % d’humidité.
Comment distribuez-vous le lupin ? Aplati ou broyé ?
Aplati. Je n’en retrouve pas dans les auges.
Le lupin remplace-t-il un complément protéique ou s’ajoute-t-il à la ration ?
L’objectif est de remplacer un complément protéique. Actuellement, je pense que le lupin n’était pas assez valorisé. Je veux être le plus autonome possible sur l’exploitation. En ration hivernale, je veux mettre deux tiers d’ensilage de maïs et un tiers d’ensilage de raygrass-trèfle violet, complémenté avec du lupin. Ma ration de base devrait ainsi tourner autour de 23 kg de lait. Le complément sera apporté au DAC.
Quel raisonnement économique a motivé la mise en culture du lupin sur votre exploitation ?
En général, un kilo de lupin représente l’équivalent de 500 grammes de blé et 500 grammes de tourteaux de soja. Si je commercialise mon lupin, il se vend aux alentours de 400 euros la tonne. L’intérêt de cultiver du lupin n’est pas énorme. Mais, j’y gagne et mon objectif reste l’autoconsommation. Je suis pour une agriculture raisonnée.
Quel rendement un agriculteur peut-il espérer, sur une parcelle de lupin ?
Sur une parcelle saine, on peut espérer 45 quintaux. Sur les 5 dernières années, les rendements ont varié de 25 à 56 quintaux au maximum.
Jugez-vous cette culture dure à mener ?
Non. Il s’agit d’une culture très simple à conduire. C’est bien plus simple que du colza. Je désherbe juste après le semis. Je mets ensuite un peu d’anti-limaces, mais pas forcément tous les ans. Ensuite, l’hiver se déroule tranquillement. Je passe un anti-graminée presque systématiquement au mois de mars. Je fais une petite fertilisation. Il n’y a aucun insecticide. Enfin, je mets fongicide en juin ou début juillet. Pour l’instant, le désherbage, ça va. Je ne me plains pas. Et je ne suis pas particulièrement embêté par les limaces.
À quelle densité semez-vous votre lupin ?
Je sème à 40 grains au mètre carré. Cette année, la levée s’est avérée très bonne. Le lupin a levé une semaine après le semis. Je serais partisan de faire du semis en monograine avec des intervalles de 35 centimètres, plutôt que de semer au semoir à céréales classique. On pourrait ainsi positionner la graine correctement, et on gagnerait en nombre de grains. On pourrait descendre à 32 par m2.
Inoculation du lupin : pour ou contre ?
Ce n’est pas une histoire d’être pour ou contre. Comme j’implante des légumineuses dans ma rotation, je trouve que le besoin d’inoculer est limité. Des bactéries sont déjà présentes dans le sol. Et cette poudre fait varier la densité de semis.
Préférez-vous le lupin d’hiver ou de printemps ?
Je m’oriente vers le lupin d’hiver. Le rendement est régulier. Et surtout, je n’ai pas besoin de réaliser un couvert végétal à l’automne. Je réduis ainsi mes charges.
Comment se déroule la récolte du lupin ? Travaillez-vous avec un entrepreneur ?
Je travaille avec une entreprise. La date de ces chantiers varie beaucoup. J’ai récolté du lupin d’hiver au 15 août, d’autres au 20 septembre, presque une année après le semis. Les machines passent bien.