Les ensileuses ont relevé le défi du maïs sec
Mercredi 19 septembre, Elvup et la fédération des Cuma de Basse-Normandie ont présenté les résultats du Défi ensileuses. Les marques Fendt, New Holland et Krone se sont prêtées au jeu des réglages pour obtenir un indice de fragmentation du grain (IFG) proche de 70 %. La moyenne est de 51%. Olivier Raux, nutritionniste référent Elvup, tire des conclusions.
>> Quelles étaient les règles du jeu ?
Les conditions de récoltes étaient bonnes, mais le maïs était très sec avec un taux de 44 % de MS. L’année dernière à la même date, l’éleveur qui nous a prêté sa parcelle, a ensilé à 34 %. Cette année, le maïs avait presque quatre semaines d’avance. Nous avons donc adapté le protocole et diminué les deux longueurs de coupe imposées : de 14 et 18 mm, nous sommes passés à 9 et 12 mm.
>> Quelles en sont les conséquences ?
Le défibrage de la partie végétale est indirectement lié à la coupe de la machine. Il faut comprendre qu’un fort défibrage est lié au serrage fort de l’éclateur, à la coupe fine et au maïs sec. La machine coupe à une certaine longueur, des particules en sortent, classées dans quatre catégories. La baisse de la longueur de coupe a entraîné la création de particules fines et un défibrage fort. Mais cela nous permet de porter une attention spéciale sur le risque acidogène lié à la taille des particules, qu’il faut compenser par l’apport de fourrages de structures dans la ration d’hiver, comme l’ensilage d’herbe ou de foin.
>> L’objectif visait un IFG à 70 %. Or, la moyenne est la même que celle obtenue l’année dernière, soit 51 % …
Effectivement, l’IFG est insuffisant. On peut d’abord retenir qu’il ne faut surtout pas ensiler au-delà de 40 % de MS. Mais l’évolution est positive, car le taux de matière sèche était très élevé, la récolte était donc compliquée, et nous atteignons le même résultat que l’année dernière. Autre point à valoriser : nous obtenons moins de 1 % de grains entiers. Sur cet aspect, nous notons une réelle progression par rapport à 2017 où nous avions 4 à 5 % de grains entiers.
>> Qu’en est-il de la valeur énergétique du fourrage ?
Si l’amidon disponible dans la ration n’est pas valorisé, il est inutilisé par le rumen. Cela impacte la santé de l’animal. La ration doit être complétée par du blé, du maïs grain ou de la pulpe. Et cela a un coût financier. Pour améliorer la digestibilité, deux solutions : augmenter l’IFG et laisser vieillir quelques mois l’amidon dans le silo.
>> Quel autre enseignement peut-on tirer de la journée ?
Qu’une personne doit vérifier la qualité du travail tout au long de la journée. Une machine a eu un problème technique lors de la récolte et cela ne s’est pas vu. Un potentiomètre peut se dérégler. Les indicateurs présents en cabine n’ont pas suffi pour que l’on s’en rende compte. Sur une journée d’ensilage, le test du seau doit être réalisé toutes les deux heures et à chaque changement de parcelle.
>> Sur les machines justement, les constructeurs sont-ils venus avec leurs Rolls Royce de l’ensilage ?
Une ensileuse éclate le grain avec un éclateur à disques ou à rouleaux. Dans le deuxième cas, le plus fréquemment rencontré, le différentiel de vitesses des rouleaux peut se régler. Les machines qui étaient présentées, n’étaient pas équipées des éclateurs les plus puissantes du marché. Elles fonctionnaient avec un différentiel de 30 %. Mais il existe des éclateurs avec des différentiels de 40 à 50 %. Plus il y a de différentiel de vitesse, plus le phénomène de friction est important et plus le grain est éclaté. Mais cela ralentit le débit de chantier, nécessite d’avantage d’énergie et donc de carburant. Nous avions introduit ces deux derniers critères cette année, c’est sans doute pour cela que les marques n’ont pas pris les éclateurs les plus performants. En revanche, il faut bien que les éleveurs notent que trois ou quatre heures de travail en plus, pour un grain bien éclaté, permettent un vrai gain plus tard. Il faut passer par là. L’enjeu financier est de plus de 5000 euros pour 30 ha ensilé.