" On ne voudrait pas être agriculteurs aujourd'hui "
Mardi 18 octobre, les anciens se sont retrouvés à Mortagne-au-Perche (61) pour l'annuelle assemblée générale organisée par la FDSEA. L'occasion d'échanger ensemble et de montrer le soutien des aînés en pleine crise noire pour la profession
Mardi 18 octobre, les anciens se sont retrouvés à Mortagne-au-Perche (61) pour l'annuelle assemblée générale organisée par la FDSEA. L'occasion d'échanger ensemble et de montrer le soutien des aînés en pleine crise noire pour la profession
« Les anciens ont toujours apporté beaucoup de dynamisme au sein de la FDSEA », annonce Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA 61. Même lors des manifestations chez Lactalis, l’agriculture a reçu bon nombre de soutien de la part des anciens. En pleine crise économique, les ex-paysans sont présents et accompagnent les agriculteurs normands. Guy et Simone Buttier
témoignent.
« Nous vivions à une bonne époque »
Le couple de retraités habite aujourd’hui à l’Aigle (61). Agriculteurs pendant 40 ans, leur exploitation était basée à Boissy-lès-Perche (28) avec 100 vaches allaitantes sur 160 hectares. Tout le lait de la ferme était vendu au détail. « On avait acheté la ferme, il fallait la payer. Nous avons donc mis le lait en bouteille », s’amuse Simone. Face à la conjoncture actuelle, les retraités se souviennent des moments difficiles de leur carrière. « En 1976, à part la fameuse sécheresse, nous n’avons pas eu de crise économique particulière. C’était l’après-guerre, on pouvait produire tout ce que l’on voulait en quantité. Nous vivions à une bonne époque ».
1976, une année sèche qui met sur la paille
L’événement le plus difficile pour Simon et Guy. « Il fallait absolument assurer la production, nous avons été obligés de faire un gros emprunt pour pouvoir nourrir nos bêtes ». Faisant partie de la CETA (centre d’études techniques agricoles), Guy part avec ses collègues et 3-4 machines avec eux. « Nous sommes partis en brousse pour récolter pendant 15 jours », déclare le retraité. « Ils partaient tous ensemble. Nous les dames, préparions un pique-nique pour tout le monde, chacun notre tour. Il y avait une forte solidarité à cette époque », ajoute Simone. «Lorsque nos meules étaient terminées, nous faisions appel à des transporteurs. Cela nous a aussi coûté très cher, nous avons remboursé l’emprunt durant toute notre vie ».
Une crise qui n’égale pas l’actualité
Ce fut pour ces anciens, l’année la plus dramatique qu’ils aient connue. En revanche, la crise de 1976 ne sera jamais comparable à la situation actuelle des agriculteurs français. « De nos jours, lorsque l’on voit toutes les contraintes, les normes, etc. C’est tout simplement incroyable. La crise d’aujourd’hui est beaucoup plus noire. Nous ne voudrions, pour rien au monde, être agriculteurs aujourd’hui ».