Elevage
Pâturer plus pour consommer moins
Dans un contexte de flambée des matières premières destinées à l’alimentation des bovins suite à la sécheresse, il est tout à fait envisageable de diminuer les coûts alimentaires en procédant à un allongement de la durée du pâturage en fin de saison.
Cette pratique s’inscrit pleinement sur une exploitation pratiquant la double saison de vêlage car elle permet une optimisation des surfaces pâturées, grâce à la complémentarité du pâturage entre les deux lots de vaches. C’est notamment le cas en automne où les vaches vêlant en fin d’hiver, dont les besoins sont plus faibles à cette période, peuvent disposer de plus de surface libérée par les vaches vêlant à l’automne dont l’entrée en stabulation est effective début novembre.
Il est en effet tout à fait possible d’allonger la saison de pâturage de deux mois pour la moitié des vaches, ce qui se traduit par l’entrée en bâtiment de ce lot début janvier, à l’approche des premiers vêlages.
Sur le même principe, il est possible d’appliquer le même raisonnement pour un élevage où les vêlages sont légèrement étalés, en début de printemps, en scindant le troupeau de vaches mères en deux lots distincts.
Cependant cette technique n’est applicable qu’à certaines conditions et lorsque quelques précautions et recommandations sont respectées, à savoir :
• les parcelles mises à disposition des vaches pendant les mois de novembre et décembre doivent assurer une bonne portance des sols ;
• le chargement instantané doit rester faible, d’au moins 1,2 ha par animal ;
• la rotation des parcelles doit être rapide ;
• application à des animaux ayant de faibles besoins ;
• une mise à disposition des animaux de fourrage sec, en complément du pâturage ;
• les animaux doivent disposer d’abris naturels ;
• augmentation du temps de travail, des contraintes et de la surveillance.
Il est conseillé de disposer, dans le système parcellaire, d’une parcelle “sacrifiée” équipée d’un râtelier changé régulièrement de place voir transféré périodiquement de parcelle, ouverte en permanence, où les animaux puissent accéder facilement.
Lorsque ces différentes conditions de base sont réunies, cette technique n’a pas d’incidence sur les performances des vaches ni sur celles des veaux nés durant l’hiver.
La production fourragère de l’année suivante n’est pas pénalisée, tant du point de vue quantitatif que qualitatif, dès l’instant qu’un temps minimal de repos de la parcelle est respecté : au moins 2 mois sans animaux.
L’intérêt économique de cette pratique se traduit par une économie significative de fourrage grossier, constaté directement par Christine et Michel Roguet de l’EARL de Maure qui conduisent un troupeau de vaches allaitantes en système naisseur-engraisseur sur la commune de Coulimer, dans l’Orne.
Dans le cadre de leur cheptel de 60 vaches dont la date moyenne de vêlage se situe autour du 20 février, les 30 vaches les plus retardées restent au pâturage jusqu’à début janvier. En prenant comme bases de prix de la paille et du foin, respectivement de 80 € et 120 €/tonne, l’économie journalière de fourrage constatée est de 10 kg de foin et 5 kg de paille par vache.
Ce sont donc, pendant les 2 mois, pas moins de 600 kg de foin de prairie permanente et 300 kg de paille alimentaire et de litière économisés par vache non hivernée.
L’impact financier global est de 2 880 € pour l’ensemble du troupeau, ce qui représente en moyenne une économie de 48 € par vache.