Productivité du troupeau : toujours la clé de la rentabilité en élevage allaitant
Chaque année, la Chambre d’agriculture de l’Eure propose aux éleveurs qui adhèrent à son service technique viande, de participer à une enquête sur les marges brutes.
Ce travail a pour objectif de permettre aux éleveurs de se situer par rapport à la moyenne, de réfléchir sur la conduite de leur exploitation et de trouver des leviers d’amélioration.
Sur la dernière campagne, 60 enquêtes ont ainsi été réalisées, mettant en relief de très fortes disparités dans les résultats avec comme principale cause : les différences de productivité au niveau des troupeaux.
Des écarts de marges brutes de 1 à 3,5 en système naisseur (graphique 1)
- Une marge brute totale par vache allant de 410 € à 1 398 €. Soit un rapport de 3,5, avec une marge brute moyenne à 707 €/vache.
- La marge brute par ha de SFP allant de 305 à 2 342 €. Soit un rapport de 1 à 7,5, avec une marge brute moyenne par ha SFP à 700 €.
Une différence de 163 € de marge par vache entre la moyenne et le ¼ supérieur, soit un gain possible de 8 150 € pour un troupeau de 50 vaches.
En système naisseur-engraisseur, des amplitudes encore plus importantes (graphique 2)
Une marge brute totale par vache allant de 103 € à 1 596 € avec une moyenne à 880 €, soit un rapport de 1 à 15/vache.
Avec un écart de 420 € de marge brute entre la moyenne, et le quart supérieur, c’est un gain possible de 21 000 € pour un troupeau de 50 vaches.
La productivité du troupeau : toujours la clé de la rentabilité
Qu’appelle t-on la productivité ?
C’est la quantité de kg vif produit par an par le troupeau. On l’appelle « la productivité brute de viande vive ».
C’est un critère synthétique qui met en avant le niveau de technicité de l’élevage. Il pondère à la fois :
- la fertilité des femelles ;
- la mortalité des animaux ;
- le poids à la vente des animaux.
En résumé, plus la fertilité est élevée, plus la mortalité est faible, et plus le poids des animaux à la vente est élevé, meilleure est la productivité de viande vive par vache. C’est l’équivalent du rendement en quintaux pour les céréales.
En système naisseur
On observe une production de viande vive du troupeau de 343 kg vif/vache en moyenne :
+ 76 kg/vache pour le ¼ supérieur ;
- 97 kg/vache pour le ¼ inférieur.
En système naisseur engraisseur
On observe une production de viande vive du troupeau de 614 kg vif / vache :
+ 50 kg/VA pour le ¼ supérieur ;
- 88 kg/VA pour le ¼ inférieur.
Quelques repères par système et par race (source réseau d’élevage viande bovine Normandie)
- Système naisseur : tableau 1.
- Système naisseur engraisseur : tableau 2.
Les principaux leviers pour améliorer la productivité
- La maitrise de la mortalités des veaux
La productivité du troupeau est affectée par l’augmentation du taux de mortalité, le passage de 10 à 15 % de mortalité entraine une diminution de 2 860 kg de la production de viande vive sur un élevage de 100 vaches en système naisseur.
- La recherche d’une bonne fécondité
Une augmentation de l’intervalle entre 2 vêlages (IVV) de 20 jours entraine une baisse de la productivité de 2 860 kg pour un cheptel de 100 vaches en système naisseur.
- L’élévation du niveau génétique
Il permet grâce à l’utilisation des reproducteurs connus d’améliorer le poids des carcasses, la croissance et le poids au sevrage des broutards.
Une amélioration du poids des carcasses de 40 kg sur les vaches de réforme et sur les génisses de viande et du poids vif de + 50 kg sur les broutards permet d’améliorer la productivité du troupeau de 5 100 kg en système naisseur.
- L’âge au vêlage des génisses
Le passage d’un vêlage des génisses à 3 ans, à un vêlage à 2 ans, permet d’améliorer la productivité du troupeau de 100 vaches de + 10 400 kg.
La pratique du vêlage précoce peut-être envisagée :
- à 30 mois dans les troupeaux qui pratiquent la double période de vêlage ;
- à 24 mois sur une partie des génisses (25 %) en respectant un certain nombre de recommandations.
Critères de sélection des génisses prévues pour un vêlage à 2 ans (graphique 3) :
- croissance minimum de 1 000 g/j sous la mère ;
- poids de seuil de 65 % du poids adultes atteint à la mise à la reproduction (15 mois) ;
- génisses avec un bon développement squelettique à 15 mois ;
- génisses issues d’un vêlage facile et d’une lignée de vêlages faciles ;
- exclure les génisses nées en fin de période de vêlage.
- La productivité n’est pas une réponse unique
Il ne faut pas « acheter » les kilos de viande produits :
- chaque kilo de concentré distribué ;
- chaque unité fertilisante épandue ;
- chaque euro supplémentaire engagé en frais d’élevage doit se traduire par une augmentation nette des performances et donc du produit.