Revenu agricole 2016 : le pire se confirme
La chute énorme du revenu agricole des exploitations normandes de 2016 se confirme.
Les Chambres d’agriculture de Normandie l’estiment à 39 %.
Chute des rendements des cultures
La récolte catastrophique en Normandie se confirme : le rendement du blé a atteint à peine 63 quintaux, contre 89 quintaux pour la récolte 2015 (- 30 %).
Le rendement colza chute à 34 quintaux contre 40 l’année précédente (- 15 %).
Au total, la collecte normande de céréales diminuera de 5,2 à 4 millions de tonnes environ pour cette campagne, selon l’estimation FranceAgriMer.
Les producteurs de céréales pensaient que cette mauvaise récolte allait être compensée par une hausse des prix. Déception ! Les prix de la récolte 2016 sont proches en Grandes Cultures des prix de la récolte 2015. En effet, le marché des Grandes Cultures est un marché totalement mondialisé, et les récoltes ont été bonnes partout sur la planète, sauf en France !
Au final, le chiffre d’affaires céréales est passé de 707 millions en 2015 à 490 seulement en 2016.
Prix du lait - 20 % en 2 ans
Entamée en 2015, la baisse de prix du prix du lait s’est poursuivie une bonne partie de l’année 2016, avec toutefois un arrêt au 4e trimestre. La baisse de prix du lait en Normandie est de 6 % sur l’ensemble de l’année 2016, avec des écarts importants selon les laiteries (entre - 2 et - 10 %). La baisse du prix du lait avait été de 14 % en 2015, soit 20 % au total en 2 ans.
La collecte normande a fait du surplace en 2016. La diminution observée dans 4 départements
(de - 1 à -3 %) est contrebalancée par une hausse de 3 % dans la Manche.
Certaines productions, de moindres ampleurs, échappent à la baisse en 2016 et voient leur chiffre d’affaires augmenter : c’est le cas des porcs, des volailles, des pommes, des légumes et pommes de terre.
Les charges reculent trop peu
En 2016, les achats de consommations intermédiaires par les fermes normandes ont été légèrement en recul (- 3 %). Ce recul est principalement dû à une baisse des prix : aliments (- 5 %), carburant (- 15 %). Mais ce petit recul ne représente que 67 millions d’euros d’économies, alors que les pertes de chiffre d’affaires en céréales s’élèvent à 216 millions d’euros et celle en lait à 79 millions !
Au total le revenu de l’ensemble des exploitations agricoles normandes dégringole de 267 millions d’euros, (- 39 %) en 2016 par rapport à 2015. C’est une baisse plus importante encore que celle de la Ferme France : - 26 %.
Chiffres clefs 2016 (et évolution par rapport à 2015)
- Baisse du revenu de la Ferme Normandie de 267 millions d’euros.
- Baisse de 38 % du revenu par actif non salarié professionnel.
- Ventes de produits agricoles : 3,5 milliards d’€ (- 340 millions).
- Achats de Consommations intermédiaires : 2,37 milliards d’€ (- 67 millions).
- Revenu net d’entreprise de la ferme Normande : 410 millions d’euros (- 267 millions).
- Aides directes (couplées et découplées) : 532 millions d’€ (- 25 millions).
Pour comprendre ces résultats
L’objet de ce bilan annuel est de réaliser un compte de résultat de la « Ferme Normandie » sur une année civile (clôture au 31 décembre), en comparaison à l’exercice précédent.
Chaque poste est comparé à l’année précédente. Les productions, aides et charges comptabilisées sont celles se rattachant à l’activité de l’année (en particulier pour les végétaux, à la récolte). Ainsi, pour les végétaux, la valeur totale de la récolte de l’année est estimée, y compris les quantités restant à vendre au 31 décembre. Les intrants comptabilisés pour les végétaux sont ceux à l’origine de la récolte de l’année (achats de juillet à juin). Les aides sont ajoutées ensuite, elles sont toujours rattachées à l’année qui les a générées. Après soustraction des amortissements, de l’impôt foncier et de diverses charges (salaires, charges sociales employeurs, fermage, intérêts) on obtient le « Revenu Net d’Entreprise » (RNE). Le RNE représente la rémunération de l’ensemble des actifs non-salariés départementaux, avant paiement des impôts sur le revenu et des cotisations sociales.
Les sources d’information : Service statistique de la DRAAF (SRISE). Autres services de l’Etat. MSA. Interprofessions. Centres de gestion (CER France, AS Normandie et Seine-Maritime). Banques et assurance. Acteurs économiques (coopératives, organisations de producteurs, organismes stockeurs, négociants…).
Un grand remerciement à tous ces partenaires.
Pour en savoir plus
Voir le site Internet de la Chambre d’agriculture de Normandie :
http://www.chambre-agriculture-normandie.fr/revenu/