Travailler ensemble dans la ferme
Adapter les mesures de confinement
Même avec un ou deux salariés, les exploitants sont tenus d’instaurer les gestes barrières dans les fermes. Mises en place avec bon sens, elles sont toutefois difficiles à tenir dans certains cas.
Même avec un ou deux salariés, les exploitants sont tenus d’instaurer les gestes barrières dans les fermes. Mises en place avec bon sens, elles sont toutefois difficiles à tenir dans certains cas.
« Ça a fait un gros choc pour tout le monde », se souvient Michel Saillard, installé en Gaec à Gouffern-en-Auge (61) qui réagit alors très vite avec ses deux associés pour « faire le nécessaire », à l’annonce du confinement. Lavage des mains, distanciation sociale, désinfection du matériel, surtout dans la laiterie. « On a dans l’esprit qu’on a un risque, mais le travail doit être fait. » « On a réuni tout le monde à la maison et pris le temps d’exposer la situation », retrace Cécile Vandecandelaère à Saint-Manvieu-Norrey (14). Adhérente au syndicat des ETA, l’EDT Normandie, elle est en mesure de distribuer une pochette aux salariés dès le 17 mars avec les dérogations de déplacement et toutes les informations concernant le virus. Là aussi, le lavage régulier des mains est de mise. Pour les travaux, on garde le même tracteur. La distanciation les oblige à s’éloigner, y compris pour le repas.
Pédagogie
À la tête de deux entreprises, une ETA et une exploitation bovine, les Vandecandelaère emploient cinq salariés. « Ils ont eu du mal avec les consignes. On travaille avec beaucoup de jeunes qui n’avaient pas conscience ». Jean-Luc Paris, éleveur laitier à La Pommeraye, près de Thury-Harcourt (14), avec un salarié, confirme, « ils se sentent forts ». Il a dû « faire de la pédagogie ». « Dans ma famille, nous avons eu deux cas, indique Cécile Vandecandelaère, 30 et 50 ans. Là, on a vraiment pris conscience ».
Soin et distanciation
À la cinquième semaine de confinement, chacun admet que le plus dur est passé, mais les gestes peuvent être oubliés, « il faut faire un rappel régulièrement », assure Cécile Vandecandelaère. « Dans le quotidien, on doit se rappeler en permanence qu’il faut se distancer », souligne Michel Saillard qui évoque aussi les nombreuses situations pendant lesquelles la distanciation sociale n’est pas possible, pour le soin des bêtes notamment. La mise à l’herbe à Saint-Manvieu-Norrey a été également difficile, la contention pour les vaccins avant le départ, les manœuvres à l’arrivée, « mes deux fils s’y sont mis, révèle l’éleveuse, même si on prend des précautions, ce n’est pas évident ».
Privilégiés
« Pour faire à 100% ce qui est préconisé par la MSA au quotidien, il faut toujours réfléchir », résume Jean-Luc Paris qui assure finalement que « la situation est assez facile surtout depuis un mois qu’il fait beau ». « Le mieux que l’on puisse faire, c’est de ne pas sortir de la ferme, conclut Michel Saillard. On a quand même le sentiment d’être privilégié par rapport à ceux qui sont confinés en ville, mais nous subissons la crise de plein fouet et je crains pour l’avenir de ma productions laitière. Les délais de livraison de tout ce qui nous est indispensable s’allonge tous les jours ».