Lait
Agrial (aussi) doit rendre des comptes
Une délégation de producteurs de l’Orne est venue demander des explications à la coopérative sur le site de Falaise, lors d’une réunion de bassin Orne-Calvados.
“En assemblée générale de bassin, on nous dit que tout va pour le mieux, que tous les signaux de marché sont au vert et que les indicateurs du CNIEL seront respectés. Quelques jours après, les éleveurs reçoivent un courrier qui les informe qu’un retrait de 20 €/1000 l sera défalqué des indicateurs de marché pour les paies laitières de février et de mars (un montant qu’il est prévu de redistribuer à l’été et à l’automne). On a été mal informé et nous comprenons mal cette baisse. On est doublement mécontent”, fustigeait Stéphane Davy, éleveur Agrial, mercredi 19 février, à l’issue d’une réunion lait du bassin Orne-Calvados, dans les locaux de la coopérative, à Falaise. Une vingtaine d’éleveurs ornais des cantons de Briouze, Messei et Domfront, s’étaient donné rendez-vous à cette réunion pour demander des explications à la coopérative quant à la rémunération de ses producteurs.
Conditions de marché
“Nous sommes venus porter une contestation que nous voulons constructive, dans l’intérêt des producteurs et des valeurs d’Agrial, souligne Frédéric Tannevet, éléveur ornais Agrial. Nous sommes une coopérative. Nous fixons notre tableau de bord en conseil d’administration et pas en fonction de ce que font les autres”. Car la coopérative justifie en effet l’écart de 20 € appliqué en février et en mars du fait des prix appliqués par les deux poids lourds du secteur, Lactalis et SODIAAL. En clair, la coopérative doit offrir à son principal client, CLE-Bongrain, des conditions de marché équivalentes à celles de ses concurrents.
Dépendance à Bongrain
“Agrial veut s’imposer comme un opérateur qui compte dans la filière laitière et cela nous surprend un peu que la coopérative ait une telle dépendance à son principal client, souligne Stéphane Davy. La coopérative nous signale également qu’elle ne peut pas répercuter les hausses à la grande distribution. Mais cela ne peut pas toujours être le producteur qui doit servir de variable d’ajustement. Et comment demander aux GMS (grandes et moyennes surfaces) de répercuter une hausse des prix, si les laiteries ont déjà réalisé les ajustements auprès de leurs éleveurs ? C’est sûr que les GMS ne voudront pas suivre les hausses dans ces conditions”.
Pour l’heure, la délégation de producteurs de l’Orne s’est fait entendre des élus du comité de bassin. “Ils sont bien conscients du malaise et ils doivent faire remonter l’information au plus vite. Les producteurs refusent de jouer les banquiers et ils sont prêts à se remobiliser pour faire passer les hausses de prix aux GMS”, assure Stéphane Davy.