Après « Nous paysans », ma lettre à Elise Lucet
Benjamin Chamoy, polyculteur-éleveur à Romilly-la-Puthenaye (27) et son père, Didier, ont particulièrement apprécié le documentaire « Nous paysans » diffusé sur France 2, le 23 février 2021. Docu dans lequel ils figurent et où ils se sont reconnus. Et si c’était l’occasion d’écrire à Elise.
Benjamin Chamoy, polyculteur-éleveur à Romilly-la-Puthenaye (27) et son père, Didier, ont particulièrement apprécié le documentaire « Nous paysans » diffusé sur France 2, le 23 février 2021. Docu dans lequel ils figurent et où ils se sont reconnus. Et si c’était l’occasion d’écrire à Elise.
Ma tendre Elise, je sors de chez Benjamin Chamoy. Il est céréalier et éleveur à Romilly-la-Puthenaye dans l’Eure et est passé dans le documentaire « Nous paysans » diffusé sur France 2 le 23 février dernier. « C’est merveilleux cette communication positive, ça fait chaud au cœur. J’ai reçu plein de messages de sympathie après la diffusion », m’a-t-il confié.
Même pas peur
Même pas peur, Benjamin, et pourtant... La télévision française, et plus particulièrement France 2 à travers ses émissions anxiogènes comme « Cash Investigation » ou bien encore « Envoyé spécial », ne fait pas dans la dentelle quand elle traite d’agriculture. Elle utilise bien souvent des clichés préformatés non pas pour montrer une vérité, mais pour abonder le discours qui lui sied. Un discours basé sur le doute et la suspicion, voire la peur. Un discours bien souvent à charge et dans le sens du bien-pensant parisien qui veut toujours laver plus vert que vert. Les méchants sont toujours du même côté : celui du syndicalisme agricole majoritaire et de l’agriculture qualifiée de « productiviste » pour éviter d’utiliser le terme de « conventionnelle ». Je me souviens de Damien Lacombe (président de Sodiaal) jeté en pâture à la vindicte populaire dans « Cash Investigation » en janvier 2018. Un reportage où le fils de Raymond Lacombe (président de la FNSEA de 1986 à 1992 aujourd’hui décédé), et de Marie-Thérèse Lacombe, était filmé dans un bureau qui ne ressemblait en rien à son quotidien. Sa contradictrice l’avait été sous sa stabulation selon une mise en scène savamment orchestrée. Pan sur le bec des grosses coopératives. La proie du jour à abattre.
Rien de tout cela dans « Nous paysans ». Benjamin a été directement approché par Agnès Poirier, réalisatrice avec Fabien Béziat de ce documentaire. Elle cherchait une famille historiquement ancrée à un territoire. Ça tombe bien, « cela fait 5 générations que nous sommes là », commente Didier, le père de Benjamin.
Savoir rebondir
Le tournage s’est déroulé en octobre dernier. La matinée en extérieur consacrée aux plans de coupe. L’après-midi dans la salle à manger pour le son. « Nous avons reçu un lien pour visionner en avant-première le docu. Tout s’est déroulé dans la confiance et la transparence, aucune trahison, a apprécié notre agriculteur. La formidable évolution de l’agriculture avec ses enjeux majeurs a été mise en avant. Cela va nous aider à nous reconnecter avec la société. C’est un bon tremplin pour communiquer positivement sur les bases de notre métier. »
Personnellement, je n’ai pas trop apprécié la scène d’épandage de produits phytosanitaires, des « pesticides » préfères-tu Elise, par hélicoptère. Cela se pratique encore outre-Atlantique, mais ne l’a été qu’à la marge en France. Jamais vu les pales d’un « pulvhélicoptère » dans le ciel de Normandie. Mais même là-dessus, Benjamin ne trouve rien à redire. « Ce traitement dans les vignes sans aucune protection et cet arrosage par hélicoptère illustrent parfaitement tous les progrès et efforts que nous avons réalisés en la matière. Aujourd’hui, c’est du bas volume avec des buses anti-dérive, des coupures de tronçons grâce au GPS et dans des conditions météo contrôlées et contrôlables. »
Alors merci Agnès et Fabien pour ce formidable travail, sans compromis ni parti pris, qui réconcilie le monde paysan avec France 2. N’oublions pas non plus France 3 Normandie qui, en proximité, a également fait le job. Tu vois Elise, on peut parler d’agriculture sans se fâcher, en parler autrement, en parler justement sans remettre en cause sa déontologie journalistique. Confraternellement.