Coopération
Arnaud Degoulet n°1 d’Agrial
Coopération
Producteur de porcs à Noyen-sur-Sarthe, Arnaud Degoulet a été élu à la présidence d'Agrial. L'ancien président d'Union Set, devenu vice-président délégué de la coopérative normande, succède à Gilbert Herpe. Portrait.
Arnaud Degoulet, nouveau président de la coopérative Agrial, conduit une exploitation porcine à Noyen-sur-Sarthe.
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DG
Idéalement, une bonne journée commence par quelques instants au piano pour Arnaud Degoulet. “Si je peux en jouer quelques heures le week-end, cela me fait du bien”, confie-t-il. Mais ces moments de détente sont devenus rares pour le producteur de porcs de Noyen-sur-Sarthe depuis que ses responsabilités professionnelles l'occupent plus de 150 jours pas an. Officiellement élu par les membres du conseil d'administration d'Agrial lundi, remplaçant Gilbert Herpe à la présidence, le Sarthois est un coopérateur de longue date. “J'ai baigné dans cet esprit depuis l'enfance, raconte-t-il, mes parents, producteurs de lait sur la ferme qui appartient à ma famille depuis 1921, étaient sociétaires de la CADS. Moi-même j'en suis devenu administrateur en 1989, assez jeune, deux ans après mon installation en Gaec avec mon père et ma mère”.
Ingénieur agronome,
spécialisé en génie rural
Avant cela, ses études d'ingénieur agronome à l'ENSA de Rennes et sa spécialisation en génie rural l'avaient conduit au Burkina-Faso pour le compte du comité interafricain des études hydrauliques. Féru de math et de physique, intéressé par les techniques d'irrigation -que son père et son oncle avaient expérimentées sur l'exploitation de Noyen-sur-Sarthe dès les années 1960-, le jeune homme a, pendant ses 14 mois de coopération, “caractérisé les pluies de fréquence rares” et clôturé les essais de filière biogaz à partir de digesteurs familiaux. Son passage à l'Inra d'Angers, pour son mémoire de fin d'études sur la vigne, lui a donné le goût de la recherche qu'il a mis en pratique dans son premier poste à l'institut technique des céréales et fourrages (ITCF) à Boigneville dans l'Essonne où il était affecté au pôle maïs. “J'y ai découvert les frictions entre organismes professionnels et aussi montré mon caractère sarthois : pas expansif mais déterminé”.
La production porcine s'est imposée à lui pour son installation. “Vu le potentiel des sols, où nous cultivions principalement du maïs,et qu'il n'y avait plus de vaches laitières, c'est le porc qui offrait la meilleure valorisation, explique-t-il, j'ai créé un atelier de 1 200 places d'engraissement en 1988. J'élevais mes porcelets de 25 kg en une seule bande au départ : il y avait du boulot”. Le jeune ingénieur passe de la théorie à la pratique et met en place l'irrigation sur les surfaces acquises progressivement au fil des ans pour atteindre actuellement 280 ha, dont 246 ha de maïs. En 1993, il ajoute un atelier post-sevrage, suivi six ans plus tard, du naissage avec 250 truies. Le départ en retraite de ses parents en 1998 marque la spécialisation de l'exploitation avec l'arrêt des deux poulaillers de Loué. En 2007, Arnaud Degoulet opère la mise aux normes et l'agrandissement à 380 places du bâtiment truies. Cet outil lui permet de produire aujourd'hui 8500 charcutiers par an. Il emploie quatre salariés. “Il y a toujours eu des employés chez nous, indique-t-il, et si je suis devenu agriculteur ce n'était pas forcément pour l'aspect technique d'une production. Je suis plutôt généraliste. C'est la dimension d'entreprise qui me plaît, la prise de décisions globales pour l'exploitation”.
Président d’Union Set
à 44 ans
L'éleveur de Noyen-sur-Sarthe a naturellement mis cette compétence au service de la coopérative sarthoise au gré de ses mandats. “J'ai occupé tous les postes du bureau de la CADS, même celui de vice-président en 1995, et très vite compris l'importance des finances et de la vie coopérative, souligne l'administrateur, j'ai connu un premier rapprochement de coopératives avec la création d'Union Set en 2001 et le travail en binôme pendant deux ans avec Gérard Dorison, président de l'époque, m'a mis le pied à l'étrier ». C'est en 2006, à 44 ans, qu'Arnaud Degoulet devient président de la coopérative sartho-tourangelle. “J'ai senti tout le poids de la fonction après le vote du conseil d'administration, mais j'avais un mandat clair : tout faire pour assurer la pérennité de la coopérative”. Changement de direction et recherche de partenaire, le jeune président se devait “d'être à la hauteur”. “Mais dès mes premières rencontres avec l'équipe d'Agrial, j'ai été rassuré : je savais que j'avais trouvé un projet et des personnes ayant la même culture, le même esprit coopérateur ». De ces “100 jours de président” -car tout à été réglé rapidement entre les deux coopératives- Arnaud Degoulet se rappelle la pression mais aussi l'adrénaline que cela procurait. “Comme lorsque je faisais du rugby, il faut aller vite et aimer la castagne”, dit-il, nostalgique du temps où il pouvait encore s'adonner au sport ou au théâtre -activité qui lui a permis d'être à l'aise en public.
Aujourd'hui, Arnaud Degoulet est le président d'un groupe coopératif international. Il doit gérer de front les grands enjeux de l'entreprise et les petits détails de son exploitation. “C'est fatiguant et sportif”, avoue-t-il faisant surtout référence aux multiples déplacements -dont 25 000 km par an en voiture- en France et à l'étranger imposés par ses diverses casquettes (il est aussi membre du bureau de Coop de France, administrateur d'In vivo, président de Gène +).
Garder la proximité
avec les sociétaires
La taille d'Agrial impose une autre dimension à la fonction. “Quand vous sortez d'un hôtel, vous êtes un homme public. On vous sollicite beaucoup. Vous représentez 10 000 sociétaires et employez 10 000 salariés”, reconnaît-il. Mais le véritable changement s'est produit il y a un an, lorsque le Sarthois a été nommé vice-président délégué de la coopérative normande pour préparer la succession de Gilbert Herpe. “J'avais le profil et déjà exercé la fonction, contrairement à d'autres”, commente-t-il sans fausse modestie. Le binôme qu'il forme avec le directeur Ludovic Spiers, lui aussi homme de terrain, fonctionne et n'a qu'un seul but. “Conserver l'équilibre entre les territoires, les hommes et les métiers, déclare le président. L'organisation en régions permet de conserver la proximité avec les sociétaires. La révision régulière du modèle d'entreprise tous les dix ans est nécessaire pour coller à la réalité”. Selon Arnaud Degoulet, la croissance de la coopérative est inéluctable. “C'est maintenant ou jamais. Il faut que nous gardions cette capacité d'anticipation”.
Ingénieur agronome,
spécialisé en génie rural
Avant cela, ses études d'ingénieur agronome à l'ENSA de Rennes et sa spécialisation en génie rural l'avaient conduit au Burkina-Faso pour le compte du comité interafricain des études hydrauliques. Féru de math et de physique, intéressé par les techniques d'irrigation -que son père et son oncle avaient expérimentées sur l'exploitation de Noyen-sur-Sarthe dès les années 1960-, le jeune homme a, pendant ses 14 mois de coopération, “caractérisé les pluies de fréquence rares” et clôturé les essais de filière biogaz à partir de digesteurs familiaux. Son passage à l'Inra d'Angers, pour son mémoire de fin d'études sur la vigne, lui a donné le goût de la recherche qu'il a mis en pratique dans son premier poste à l'institut technique des céréales et fourrages (ITCF) à Boigneville dans l'Essonne où il était affecté au pôle maïs. “J'y ai découvert les frictions entre organismes professionnels et aussi montré mon caractère sarthois : pas expansif mais déterminé”.
La production porcine s'est imposée à lui pour son installation. “Vu le potentiel des sols, où nous cultivions principalement du maïs,et qu'il n'y avait plus de vaches laitières, c'est le porc qui offrait la meilleure valorisation, explique-t-il, j'ai créé un atelier de 1 200 places d'engraissement en 1988. J'élevais mes porcelets de 25 kg en une seule bande au départ : il y avait du boulot”. Le jeune ingénieur passe de la théorie à la pratique et met en place l'irrigation sur les surfaces acquises progressivement au fil des ans pour atteindre actuellement 280 ha, dont 246 ha de maïs. En 1993, il ajoute un atelier post-sevrage, suivi six ans plus tard, du naissage avec 250 truies. Le départ en retraite de ses parents en 1998 marque la spécialisation de l'exploitation avec l'arrêt des deux poulaillers de Loué. En 2007, Arnaud Degoulet opère la mise aux normes et l'agrandissement à 380 places du bâtiment truies. Cet outil lui permet de produire aujourd'hui 8500 charcutiers par an. Il emploie quatre salariés. “Il y a toujours eu des employés chez nous, indique-t-il, et si je suis devenu agriculteur ce n'était pas forcément pour l'aspect technique d'une production. Je suis plutôt généraliste. C'est la dimension d'entreprise qui me plaît, la prise de décisions globales pour l'exploitation”.
Président d’Union Set
à 44 ans
L'éleveur de Noyen-sur-Sarthe a naturellement mis cette compétence au service de la coopérative sarthoise au gré de ses mandats. “J'ai occupé tous les postes du bureau de la CADS, même celui de vice-président en 1995, et très vite compris l'importance des finances et de la vie coopérative, souligne l'administrateur, j'ai connu un premier rapprochement de coopératives avec la création d'Union Set en 2001 et le travail en binôme pendant deux ans avec Gérard Dorison, président de l'époque, m'a mis le pied à l'étrier ». C'est en 2006, à 44 ans, qu'Arnaud Degoulet devient président de la coopérative sartho-tourangelle. “J'ai senti tout le poids de la fonction après le vote du conseil d'administration, mais j'avais un mandat clair : tout faire pour assurer la pérennité de la coopérative”. Changement de direction et recherche de partenaire, le jeune président se devait “d'être à la hauteur”. “Mais dès mes premières rencontres avec l'équipe d'Agrial, j'ai été rassuré : je savais que j'avais trouvé un projet et des personnes ayant la même culture, le même esprit coopérateur ». De ces “100 jours de président” -car tout à été réglé rapidement entre les deux coopératives- Arnaud Degoulet se rappelle la pression mais aussi l'adrénaline que cela procurait. “Comme lorsque je faisais du rugby, il faut aller vite et aimer la castagne”, dit-il, nostalgique du temps où il pouvait encore s'adonner au sport ou au théâtre -activité qui lui a permis d'être à l'aise en public.
Aujourd'hui, Arnaud Degoulet est le président d'un groupe coopératif international. Il doit gérer de front les grands enjeux de l'entreprise et les petits détails de son exploitation. “C'est fatiguant et sportif”, avoue-t-il faisant surtout référence aux multiples déplacements -dont 25 000 km par an en voiture- en France et à l'étranger imposés par ses diverses casquettes (il est aussi membre du bureau de Coop de France, administrateur d'In vivo, président de Gène +).
Garder la proximité
avec les sociétaires
La taille d'Agrial impose une autre dimension à la fonction. “Quand vous sortez d'un hôtel, vous êtes un homme public. On vous sollicite beaucoup. Vous représentez 10 000 sociétaires et employez 10 000 salariés”, reconnaît-il. Mais le véritable changement s'est produit il y a un an, lorsque le Sarthois a été nommé vice-président délégué de la coopérative normande pour préparer la succession de Gilbert Herpe. “J'avais le profil et déjà exercé la fonction, contrairement à d'autres”, commente-t-il sans fausse modestie. Le binôme qu'il forme avec le directeur Ludovic Spiers, lui aussi homme de terrain, fonctionne et n'a qu'un seul but. “Conserver l'équilibre entre les territoires, les hommes et les métiers, déclare le président. L'organisation en régions permet de conserver la proximité avec les sociétaires. La révision régulière du modèle d'entreprise tous les dix ans est nécessaire pour coller à la réalité”. Selon Arnaud Degoulet, la croissance de la coopérative est inéluctable. “C'est maintenant ou jamais. Il faut que nous gardions cette capacité d'anticipation”.