Blé
“Bandes double densité” dès le semis : pour déterminer la date du premier apport d’azote
Les apports d’azote précoces (tallage) sont généralement moins bien valorisés par le blé que les suivants et ce d’autant plus qu’ils sont réalisés très tôt.

En moyenne, on considère que 60 % du premier apport est valorisé par la culture en place, tandis que les apports suivants, réalisés à une période où les besoins du blé sont maximum, sont valorisés à hauteur de 80 à 100 %.
Pas plus de 40 u au tallage
Jusqu’au stade “Epi 1 cm”, le blé absorbe 40 - 50 u d’azote environ, dont une partie est fournie par les réserves du sol. En cas d’apport au tallage, il est préconisé d’apporter 40 u maximum (voire 0 dans certains cas, comme expliqué plus loin), pour couvrir les besoins immédiats et réserver le reste de la dose pour les apports suivants qui accompagneront la croissance du blé.
Ne pas apporter trop tôt l’azote !
Pour maximiser l’efficience de cet apport, il doit être réalisé au plus tôt au stade tallage (pas avant !) et de préférence vers fin tallage. Dans la région, il est rare d’avoir à apporter l’azote avant fin février à début mars. On pourra même parfois faire l’impasse sur cet apport, pour déclencher le premier passage une dizaine de jours avant épi 1 cm. L’intérêt de décaler cet apport, quand c’est possible, est de mieux valoriser l’azote et ainsi d’améliorer le rendement parfois, mais surtout la teneur en protéines. Cela permet par ailleurs d’écarter les effets néfastes d’une suralimentation azotée en début de cycle, tels que l’augmentation du risque de verse, de la pression maladie et l’impact négatif sur le taux de protéines.
Les déclenchements plus précoces (début février) seront à réserver aux sols dépourvus en azote minéral, correspondant à des situations avec des précédents culturaux laissant peu d’azote dans le sol et dont la décomposition des résidus mobilise beaucoup d’azote (c’est le cas du maïs grain), mais aussi à des sols très sensibles au lessivage du nitrate et/ou à des automnes et hivers très pluvieux.
Des outils pour sécuriser le décalage du 1er apport
Si le retard du premier apport présente beaucoup d’avantages, il est recommandé de le sécuriser en utilisant des outils permettant de savoir jusqu’à quand peut-on attendre pour intervenir, sans risquer de pénaliser le rendement suite à une carence azotée précoce que l’on aurait laissée s’installer.
La mesure du reliquat azoté en sortie d’hiver est un premier indicateur. Quand ce dernier est supérieur à 60 u d’azote dans les 60 premiers centimètres du sol, l’impasse au tallage est possible.
La bande double densité constitue un autre outil à mettre en place dès maintenant !
Cette méthode consiste à semer une bande de blé avec une densité double par rapport au reste de la parcelle. Le peuplement deux fois plus nombreux, consommera plus vite l’azote disponible dans le sol. Si celui ci devient limitant, on observera une décoloration de la bande double densité par rapport au reste de la parcelle, avant que celui-ci n’entre à son tour en carence. Cela donne en quelque sorte le “top départ” pour réaliser le premier apport d’azote.
En pratique
• La double densité est obtenue en repassant le semoir dans le même sens ou en croisant. il faut relever l’outil de travail du sol et/ou le tasse-avant et éviter les fourrières ou les zones tassées. La bande double densité est large de 3 à 6 mètres et longue de 20 à 30 mètres.
Attention, le reste de la parcelle doit être semé à une densité normale (220 à 260 grains/m2).
• L’observation est réalisée chaque semaine à partir de février. Pour observer, il faut être au moins à 20 mètres et dos au soleil. La différence de couleur doit être globale, mais rester dans une teinte vert pâle.
• Quand la bande double densité change de couleur, on dispose alors de 5 à 6 jours pour faire le 1er apport d’azote sur la parcelle. Celui ci ne doit pas dépasser 40 kg/ha en toutes situations. Si le stade épi 1 cm est atteint sans décoloration, un apport de 60 à 80 kg N/ha doit néanmoins être effectué sans délai.
La mise en œuvre dans 29 essais conduits par Arvalis - Institut du végétal de l'indicateur visuel “bande double densité” a montré la possibilité de souvent retarder d'une vingtaine de jours la date du premier apport sur blé, par rapport aux dates d’apport classiquement pratiquées. Des gains de 0 à 3 q/ha et 0,3 à 0,7 % de protéines ont été observés dans les parcelles bénéficiant de ce dispositif simple et efficace.