Gilbert Herpe (Président d’AGRIAL)
Bigard/Socopa : un nouveau groupe en mesure de se battre
Un géant européen de la viande vient de naître. Le groupe Bigard, 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le numéro un français de la viande, va prendre le contrôle de son challenger, le groupe coopératif Socopa(1), 2 milliards d’euros de CA.

Les deux sociétés associées vont constituer un groupe traitant plus de 1 million de tonnes de viande permettant de faire le poids face aux groupes internationaux tels que Vion aux Pays-Bas, Danish Crown au Danemark, JBS au Brésil ou Smithfield aux Etats-Unis. L’opération sera effective le 1er janvier 2009. Socopa intégrera le groupe Bigard via une filiale ad hoc. Le groupe breton détiendra 51 % des parts, les huit sociétés coopératives (Coopagri Bretagne, Agrial, CAM… ) ainsi qu’Unigrains qui contrôlent actuellement Socopa, détiendront 34 % du nouvel ensemble. Reste maintenant à obtenir le feu vert de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes. Pour Gilbert Herpe, président d’AGRIAL qui détient en consolidé (avec la sarthoise Union Set) 28 % du capital de SOCOPA, cette évolution ne constitue pas un recul de la coopération. “On préfère avoir moins dans une entreprise qui gagne que plus dans une entreprise qui perd de l’argent”, lâche-t-il. D’autre part, la nouvelle entité est désormais en mesure de se battre sur le bœuf et atteint une dimension un peu plus convenable en porc sur l’échiquier hexagonal.
Vu d’AGRIAL, s’agit-il d’une bonne nouvelle ?
Oui c’est une bonne nouvelle. AGRIAL a d’ailleurs été un des principaux acteurs de ce mouvement.
Qu’est-ce qui a motivé cette évolution?
L’impossibilité pour SOCOPA, que nous ne pilotons pas mais dans laquelle nous avons des intérêts, à dégager de façon récurrente des résultats.
Cela change-t-il quelque chose pour les producteurs ?
Les outils auront toujours besoin des animaux et les animaux des outils. Cela ne changera donc rien pour les éleveurs. A contrario, on peut envisager des économies de transport au niveau du ramassage, même si certains regretteront moins de concurrence. Des économies industrielles en spécialisant des outils sont également en jeu. Le tout pour une plus-value espérée à l’aval.
N’est-ce pas un échec de la coopération ?
N’oublions pas que le Groupe Bigard est déjà détenu à 33 % par le Groupe coopératif Alliance, lui même détenu très majoritairement par une coopérative du Nord. Il s’agit donc effectivement d’un outil privé mais avec une part significative
de coopération.
(1): Socopa, qui connaissait des difficultés lancinantes depuis plusieurs années, produit 480 000 tonnes de viande à travers ses différents sites implantés dans l’Ouest et l’Est de la France. Le groupe est connu du grand public sous les marques Valtero et Bahier.