Conflit laiiter dans le Calvados
Blocage le jeudi, rayons en manque le samedi
Nombreux ont été les producteurs de lait à participer aux opérations de blocage des plates-formes logistiques de la grande distribution. Samedi dans les rayons de certains magasins, on pouvait lire “article en rupture de stock suite à un mouvement de protestation des agriculteurs”
Nul ne sait si les producteurs laitiers obtiendront satisfaction ou seulement s’ils arriveront à limiter la casse des prix. La tension est grande dans les campagnes et “la cocotte chuinte” de plus en plus vite au risque d’exploser. Face à cette inquiétude mais aussi lassitude de ne pas être entendu, un constat : la mobilisation ne faiblit pas.
De nouvelles têtes
La mobilisation ne s’est pas démentie tout au long de ces longues semaines de conflit. Depuis le déclenchement des hostilités, d’abord par la DGCCRF puis par Entremont à la mi-août, de mises en garde aux passages à l’acte, les actions syndicales se sont multipliées tout en gagnant en puissance. Vire, Lisieux, Orbec, Le Molay-Littry, Isigny-Ste-Mère, Clécy, Caen (...) : à chaque fois de 30 à 150 manifestants devant les outils de transformation ou de collecte du lait, devant les administrations et devant les enseignes emblèmatiques de la Grande Distribution. La semaine dernière à Carpiquet et jusqu’à ces jours encore à Lisieux devant les plates-formes logistiques de Carrefour et Leclerc : plus de 200 sympathisants de la FDSEA et des JA.
Au total, quelques 500 producteurs de lait (jeunes et aînés) sur le seul département du Calvados sont passés à l’action. “Et beaucoup de nouvelles têtes”, dresse sous forme de premier constat Patrice Lepainteur, président de la FDSEA du Calvados. Des têtes jeunes aussi démontrant au passage que les JA, plus fragiles économiquement face à la baisse des prix, savent prendre leurs responsabilités dans le cadre d’une action de défense collective.
On aura noté également au cours de ces semaines une présence féminine plus marquée.
Mais cette mobilisation appelle a encore plus de responsabilité. “Il faut trouver une solution à nos problèmes et très vite”, se veut insistant Patrice lepainteur.
Des ruptures en rayon
Le risque de radicalisation est réel. Les actions de blocage des plates-formes logistiques de la grande distribution, qui ont démarré jeudi dernier et se sont poursuivies parfois de manière larvée, ont prouvé leur efficacité.
La grande distribution, pourtant au fait de cette menace de blocage, n’a pas toujours su ou pu anticiper. Samedi dernier, deux jours après le début des blocages dont certains ont duré moins de 24 heures, on pouvait constater des ruptures de stocks dans certains rayons de la grande distribution. Ce fut le cas à l’Intermarché de Louvigny (banlieue caennaise) et dans quelques superettes de la capitale départementale. Les agriculteurs n’ont donc pas bloqué dans le vide. Cette action syndicale s’est avérée réellement gênante pour la grande distribution qui fonctionne en flux de plus en plus tendu. “Si la grande distribution ne nous écoute pas, pourquoi ne pas renouveler ce genre d’opération quelques jours avant Noël”, proposent quelques producteurs remontés.