A Bourguébus (14) : même le dialogue ne circule plus
Entrepreneurs de travaux agricoles et agriculteurs sont inquiets face à l’aménagement de voirie au centre bourg de Bourguébus. Mercredi 4 mars, ils avaient rendez-vous avec le maire pour une réunion de chantier. L’entretien a tourné court.
Entrepreneurs de travaux agricoles et agriculteurs sont inquiets face à l’aménagement de voirie au centre bourg de Bourguébus. Mercredi 4 mars, ils avaient rendez-vous avec le maire pour une réunion de chantier. L’entretien a tourné court.
Il n’y a pas que les moissonneuses-batteuses, les tracteurs avec combiné de semis ou bien encore les camions porte-outils qui ont du mal à circuler dans le centre de Bourguébus. Même le dialogue ne passe pas. Mercredi, à l’initiative de Jean-Pierre Delente, l’ETA locale appuyée par la FDSEA et des entreprises de proximité (SCS Hoste, teillage Depestel...), une réunion de concertation avait été fixée à 14 h. Après les bonjours et les présentations d’usage, monsieur le maire a tourné les talons.
Un journaliste en trop
« La présence d’un journaliste, c’est une pression inacceptable que vous exercez », s’est emporté le premier magistrat de la commune devant la vingtaine de participants. Ah, ces pousse-crayons et ces preneurs de clichés, fallait pas les inviter. Si encore il s’était agi d’Elise Lucet venue mener une enquête à charge contre le monde paysan, pourquoi-pas ? Mais un petit journaliste de la presse professionnelle agricole au fait des conditions de circulation des engins agricoles, trop pernicieux sans doute. Monsieur le maire est donc parti. Le représentant du maître d’ouvrage a accepté l’échange mais hors de portée du micro. Il y est allé de ces propositions correctives, une épaisseur d’enrobé plus importante que prévu par exemple, mais pas de quoi convaincre son auditoire. « On va casser les bordures ou éclater nos pneus », pronostiquent à l’unisson les chauffeurs.
Preuves à l’appui
Jean-Pierre Delente et consorts avaient amené du matériel pour tester in situ. Ni la moissonneuse-batteuse ni le tracteur équipé d’un combiné de semis, n’ont pu passer. Le camion porte-outils et la linière « oui », mais à très petite vitesse et au prix de quelques marches arrière pour réajuster l’alignement. Autant dire que les 600 camions qui passent au quotidien n’ont pas fini de frotter sans parler du risque d’éboulement des chargements des remorques sur les piétons.
« Pourtant la profession, via le Copa circulation, avait été concertée », se désole Xavier Hay, secrétaire général de la FDSEA. Mais pour lui, comme pour les autres, c’est toute la copie qui est à revoir. Même le boulanger du village est dans le pétrin. Depuis trois ans que les travaux durent (en plusieurs tranches), il a vu son chiffre d’affaires péricliter. Route un temps fermée et manque de place pour se garer font que les clients ne s’arrêtent plus. « Aucun dispositif pour compenser ma perte », déplore-t-il. Aux premières loges, il affirme donc haut et fort sa solidarité avec le monde agricole.
Que va-t-il se passer demain ?
FDSEA et ETA, via la Chambre d’agriculture, veulent faire remonter le dossier à Caen la Mer. Ils espèrent le soutien des syndicats de transporteurs. L’appel est lancé. En attendant, ça goudronne et ça bétonne.