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Brexit : 90 jours pour trouver un nouvel accord sur la pêche

Le 7 janvier, Annick Girardin,ministre de la Mer, s’est déplacée aux ports de Port-en-Bessin (Calvados) et Granville (Manche) pour rencontrer les professionnels de la filière pêche, avec, au menu, les conséquences de l’accord du Brexit sur leurs activités.

nvitée par le maire de Granville, Gilles Ménard (à gauche) et le député LREM, Bertrand Sorre (à droite), la ministre de la Mer, Annick Girardin, s’est arrêtée au port de Granville pour échanger avec les pêcheurs des suites du Brexit.
© SB

Le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne le 31 décembre 2020. L’accord conclu six jours auparavant met un terme au Traité de la baie de Granville signé il y a 20 ans, au terme d’une négociation qui aura duré 10 ans,et qui régit les modalités de la pêche dans la baie de Granville à proximité de Jersey. Autrement dit, la sortie de la Grande Bretagne de l’Europe réduit la zone de pêche des îles anglo-normandes (Jersey et Guernesey). Ces îles ont pris des dispositions prorogeant les droits d’accès existants de manière transitoire jusqu’à la mise en place de licences dans un délai de 90 jours pour Guernesey et 120 jours pour Jersey. « Il n’y a donc pas d’interruption de l’activité comme me l’avait assuré Ian Gorst, ministre des Affaires étrangères de Jersey », a souligné Marc Lefèvre, président du Conseil départemental de la Manche. Les armements manchois actuellement autorisés à pêcher vont donc poursuivre leur activité dans les 3 à 12 milles autour de Jersey et dans les 6 à 12 milles autour de Guernesey. Pour autant, la situation n’est pas sans inquiéter les pêcheurs français. Et ils l’ont fait savoir à la ministre de la mer, Annick Girardin venue jeudi 7 janvier à Port-en-Bessin le matin et à Granville l’après-midi.« Nous allions vers un « no deal »,rappelle Annick Girardin face aux pêcheurs normands « On est passé à côté d’une catastrophe... Maintenant, cet accord n’est bon que si nous restons vigilants », précise la ministre.

Un accord catastrophique

« Pour nous,c’est une catastrophe. Et quand je dis catastrophe, le mot est faible. L’accord, c’est 100% de l’activité pour beaucoup de bateaux », a lancé Éric Leguelinel, vice-président du comité régional des pêches de Normandie. « De- puis le 26 décembre, je ne dors plus », a-t-il ajouté, affirmant avoir déjà vécu l’accord de la Baie de Granville, comme « une diminution considérable de mes droits.Avant,on pouvait pêcher partout », a rappelé le professionnel.La ministre a tenté de rassurer. « On a 90 jours pour trouver un nouveau traité, et ainsi préciser le cadre de nos échanges. Jersey se dit volontaire à un travail collaboratif pour arriver à un accord tous ensemble.Mais les conditions d’aujourd’hui ne sont pas suffisamment claires pour connaitre la nouvelle organisation. La France a déjà signalé son souhait à la Commission européenne », poursuit-elle.

En ordre de bataille

Désormais,« on a intérêt à se mettre en ordre de bataille immédiatement, à faire des propositions. Le combat ne fait que commencer », assure- t-elle, évoquant dès maintenant la mise en place d’une « task force administrative et professionnelle », soit un groupe de travail auquel les pêcheurs normands sont prêts à apporter leur contribution. A l’issue de la visite ministérielle, Eric Leguelinel s’est dit satisfait. « On a un message clair qui va dans le sens de nos attentes », a-t- il dit.Il faut désormais arriver à « un consentement mutuel », comme l’espère le député Bertrand Sorre, permettant aux pêcheurs de travail- leur tout en assurant une gestion de la ressource. Aujourd’hui, près de 110 bateaux normands dépendent de cet accord.

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