Calvados : une Chambre pour des agricultures
Sans surprise, Jean-Yves Heurtin a été élu le 27 février dernier président de la Chambre d’agriculture du Calvados. « C’est le début d’un défi collectif au service de nos agricultures départementales », a souligné le successeur de Michel Legrand.
llll « Je repense à ces 18 années d’engagement avec une attention particulière à l’égard de mes parents, de mon salarié, de ma compagne et de mes enfants ». C’est avec une émotion non dissimulée que Jean-Yves Heurtin a endossé le costume de président de la Chambre d’agriculture du Calvados.
Un bureau à moitié élargi
Seul candidat en lice, il a été élu par 24 voix sur 33 votants (un absent) contre 6 blancs et 1 voix respective pour Xavier Hay, Nicolas Declomesnil et Daniel Courval. A ses côtés, quatre vice-présidents (Clément Lebrun, Nicolas Declomesnil, Astrid Granger, Xavier Hay), une secrétaire (Mathilde Vermès) et six secrétaires adjoints (Daniel Courval, Geoffroy de Lesquen, Pascal Desvages, Claude Labbey, Patrick d’Aubigny d’Assy et James Louvet).
D’emblée, le nouveau président a précisé qu’il pratiquerait l’ouverture mais une ouverture limitée à la Confédération paysanne, la Coordination rurale ayant été écartée suite au recours qu’elle a déposé en justice.
C’est ainsi qu’Emmanuel Marie (Confédération paysanne) entre au bureau élargi. Pierre-Yves Robidou (tête de liste Coordination rurale/Urdac) a tout de même tenté sa chance à la vice-présidence mais en vain. Reste encore à garnir les commissions et groupes techniques où chacun trouvera sa place. «C’est le début d’un défi collectif au service de nos agricultures départementales», a synthétisé Jean-Yves Heurtin qui mise sur « une plus grande proximité des antennes locales » pour remettre du lien entre les agriculteurs et leur chambre consulaire.
llll Laurent Fiscus (Préfet du Calvados) : « l’agricultureau cœur du développement durable »
llll « C’est un moment important parce que l’agriculture est au cœur du développement durable ». Laurent Fiscus a donné le top départ de cette nouvelle mandature en évoquant tout d’abord les EGAlim. « Les premiers signes sont encourageants. L’État effectue en ce moment des contrôles pour veiller au respect des règles commerciales notamment sur le volet promotion », a indiqué le Préfet du Calvados.
Enchainant sur la réforme de la PAC, il a réaffirmé que le Gouvernement « défendait un budget au moins égal mais qu’il fallait préparer des OP (Organisation de Producteurs) plus souples ».
Le représentant de l’État a également évoqué un dossier prioritaire pour le syndicalisme agricole : la problématique foncière. Pendant que la population régionale augmente de 0,2 % par an, l’étalement urbain croit de plus de 1 % an soit 5 fois plus vite. « Il faut redensifier les centres-ville pour préserver les espaces agricoles. La parole de l’agriculture est faible et trop brouillée dans les PLU (Plan Local d’Urbanisme). Il y a un travail pédagogique à faire. Je suis prêt à travailler dans ce sens avec la Chambre et le syndicalisme ».
Autre sujet environnemental : l’eau avec 26 captages prioritaires dans le Calvados et « de trop nombreux présidents de syndicats d’eau. A réorganiser », invite Laurent Fiscus qui estime parallèlement que l’on avance encore trop lentement sur la production d’énergie et de matériaux renouvelables. « Il faut construire des filières complètes ». Et à propos de filière, celle de la betterave s’est également imposée au menu. « Il faut que le Calvados reste un bassin de production de sucre. Cagny doit poursuivre son activité et cela passe par la mobilisation de chacun. Monsieur le Préfet, votre engagement et celui de l’État seront prépondérants », a insisté Jean-Yves Heurtin. « On y travaille », a assuré le représentant de l’État soulignant qu’il « aurai aimé que Sudzucker nous prévienne ».
Autre dossier partagé entre la profession et l’Etat : le sanitaire. « Il faut éviter l’arrivée de la peste porcine en mettant en œuvre des mesures de biosécurité. Il faut aussi lutter contre la tuberculose bovine, plus particulièrement dans le sud du département, pour éradiquer au plus vite la maladie afin que la France garde son statut indemne ».
Reste l’agribasching qui sape le moral de la profession. « L’image véhiculée de l’agriculture ne correspond pas à la réalité. Il faut avoir une vision positive et partagée de l’agriculture avec les autres habitants dont les néoruraux ou rurbains qui se méprennent parfois sur le vivre ensemble ». Une méprise flagrante jusque dans certains médias, y compris publiques, ont pensé la plupart des élus.