Clément Lebrun
Chez les éleveurs maliens : du foin dans les granges
Clément Lebrun
L’assemblée générale d’AFDI Agriculteurs Français et Développement International) se tient le vendredi 11 avril prochain, de 14 h 30 à 17 h 30, à la Chambre régionale d’Agriculture de Normandie. Clément Lebrun, agriculteur à Heuland (14), rentre d’une mission au Mali. Carnet de voyage.

Nous n’avons aucun schéma préconçu. Les idées, ce sont eux qui les imaginent et les font vivre. Nous n’assurons qu’un rôle d’accompagnateur, de guide et ils apprécient cette indépendance d’initiative. A contrario, certaines ONG imposent leur vision du développement.
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TG
Quel est le but de ce type de mission ?
Après un premier voyage découverte effectué en 2004 au nom des Jeunes Agriculteurs, il s’agissait cette fois d’une mission d’évaluation au terme de 3 années de partenariat entre AFDI et l’AOPP(1) (Association des Organisations Professionnelles Paysannes).
Quel bilan d’étape dressez-vous après ces quelques jours de rencontres avec les agriculteurs maliens et leurs responsables professionnels ?
Les progrès sont réels notamment dans le secteur de l’élevage. Nous avons pu observer un peu partout des hangars avec des stocks de foin, c’est nouveau. Alors bien sûr, il ne s’agit que d’herbe sèche sans grande valeur alimentaire mais les éleveurs affourragent désormais leurs animaux en saison sèche et produisent un peu en contre-saison.
Autre motif de satisfaction, les animaux sont aujourd’hui parqués. Ils ne divaguent plus. Ce qui signifie moins de vol, une plus grande surveillance, une plus grande sécurité et de jeunes arbres en brousse qui sont préservés.
Et au niveau de leurs organisations professionnelles ?
On mesure une volonté affirmée de se fédérer pour progresser. L’Etat malien est d’ailleurs plus reconnaissant à leur égard qu’il y a quelques années. Une loi d’orientation agricole a même été votée l’an dernier. Autre signe extérieur d’évolution : le Président de la Chambre d’Agriculture est désormais un agriculteur et non plus un fonctionnaire.
Quels sont les facteurs limitants du développement agricole malien ?
Un des problèmes essentiels, c’est la communication. Chez nous, c’est simple comme un coup de téléphone, un mail, un fax ou un courrier que l’on envoie. Rien de tout cela en brousse. Ce sont des kilomètres qu’il faut parcourir. Au pire à pied, au mieux en taxi-brousse qui tombe généreusement en panne et reste immobilisé pendant plusieurs heures.
Sur ce volet communication, l’autre difficulté réside dans l’analphabétisation. Un handicap plus récurrent chez les femmes qui, us et coutumes obligent, sont moins scolarisées.
L’un des gros chantier à réaliser là-bas, et qui sort du strict cadre agricole, c’est l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
En quoi l’offre AFDI est-elle différente des approches des autres ONG (Organisation Non Gouvernementale) ?
Nous n’avons aucun schéma préconçu. Les idées, ce sont eux qui les imaginent et les font vivre. Nous n’assurons qu’un rôle d’accompagnateur, de guide et ils apprécient cette indépendance d’initiative. A contrario, certaines ONG imposent leur vision du développement.
Comment peuvent-ils assurer leur développement sans finances ?
Le manque d’argent constitue un sérieux handicap. Ils sont obligés de vendre dès la récolte pour alimenter les trésoreries. La mise en place de micro-crédits est un début de réponse. Elle permet de gagner quelques mois et ainsi de vendre quand les prix sont plus élevés. Des crédits qui pourraient les aider aussi à mettre en place les outils de transformation qui leut font défaut, pour le plus grand bonheur de la Côte d’Ivoire ou du Burkina Faso.
Propos receuillis par
Th. Guillemot
(1): elle regroupe une quarantaine d’organisations professionnelles agricoles. Ses priorités sont la formation des responsables professionnels, l’augmentation du revenu des paysans et la défense de leurs intérêts ainsi que ceux de leurs organisations. Ibrahim Coulibaly, président de l’AOPP de la région de Koulikoro et maraîcher, témoignera à l’occasion de cette assemblée générale.
Après un premier voyage découverte effectué en 2004 au nom des Jeunes Agriculteurs, il s’agissait cette fois d’une mission d’évaluation au terme de 3 années de partenariat entre AFDI et l’AOPP(1) (Association des Organisations Professionnelles Paysannes).
Quel bilan d’étape dressez-vous après ces quelques jours de rencontres avec les agriculteurs maliens et leurs responsables professionnels ?
Les progrès sont réels notamment dans le secteur de l’élevage. Nous avons pu observer un peu partout des hangars avec des stocks de foin, c’est nouveau. Alors bien sûr, il ne s’agit que d’herbe sèche sans grande valeur alimentaire mais les éleveurs affourragent désormais leurs animaux en saison sèche et produisent un peu en contre-saison.
Autre motif de satisfaction, les animaux sont aujourd’hui parqués. Ils ne divaguent plus. Ce qui signifie moins de vol, une plus grande surveillance, une plus grande sécurité et de jeunes arbres en brousse qui sont préservés.
Et au niveau de leurs organisations professionnelles ?
On mesure une volonté affirmée de se fédérer pour progresser. L’Etat malien est d’ailleurs plus reconnaissant à leur égard qu’il y a quelques années. Une loi d’orientation agricole a même été votée l’an dernier. Autre signe extérieur d’évolution : le Président de la Chambre d’Agriculture est désormais un agriculteur et non plus un fonctionnaire.
Quels sont les facteurs limitants du développement agricole malien ?
Un des problèmes essentiels, c’est la communication. Chez nous, c’est simple comme un coup de téléphone, un mail, un fax ou un courrier que l’on envoie. Rien de tout cela en brousse. Ce sont des kilomètres qu’il faut parcourir. Au pire à pied, au mieux en taxi-brousse qui tombe généreusement en panne et reste immobilisé pendant plusieurs heures.
Sur ce volet communication, l’autre difficulté réside dans l’analphabétisation. Un handicap plus récurrent chez les femmes qui, us et coutumes obligent, sont moins scolarisées.
L’un des gros chantier à réaliser là-bas, et qui sort du strict cadre agricole, c’est l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
En quoi l’offre AFDI est-elle différente des approches des autres ONG (Organisation Non Gouvernementale) ?
Nous n’avons aucun schéma préconçu. Les idées, ce sont eux qui les imaginent et les font vivre. Nous n’assurons qu’un rôle d’accompagnateur, de guide et ils apprécient cette indépendance d’initiative. A contrario, certaines ONG imposent leur vision du développement.
Comment peuvent-ils assurer leur développement sans finances ?
Le manque d’argent constitue un sérieux handicap. Ils sont obligés de vendre dès la récolte pour alimenter les trésoreries. La mise en place de micro-crédits est un début de réponse. Elle permet de gagner quelques mois et ainsi de vendre quand les prix sont plus élevés. Des crédits qui pourraient les aider aussi à mettre en place les outils de transformation qui leut font défaut, pour le plus grand bonheur de la Côte d’Ivoire ou du Burkina Faso.
Propos receuillis par
Th. Guillemot
(1): elle regroupe une quarantaine d’organisations professionnelles agricoles. Ses priorités sont la formation des responsables professionnels, l’augmentation du revenu des paysans et la défense de leurs intérêts ainsi que ceux de leurs organisations. Ibrahim Coulibaly, président de l’AOPP de la région de Koulikoro et maraîcher, témoignera à l’occasion de cette assemblée générale.