Comment miser sur l’agroécologie pour produire des fourrages, des grains, du lait et de la viande en race Normande ?
Nous sommes dans un contexte où les exploitations agricoles sont de plus en plus confrontées à de très fortes fluctuations de leurs productions agricoles tant au niveau du lait, de la viande que des grains. Aussi, les systèmes agricoles doivent évoluer pour être capables de d’adapter durablement aux besoins de multi-performance, tant sur les plans technico-économiques qu’environnementaux que sociétaux.
C’est pour répondre à ce besoin de références que la ferme expérimentale de Normandie « La Blanche Maison » teste un système de polyculture/élevage en agroécologie, qui vise quatre principaux objectifs :
- Concevoir un système flexible, agile et efficient dans son contexte.
- Construire un système permettant de bien vivre son métier.
- Mettre au point un système vertueux générateur de services environnementaux.
- Répondre aux besoins de la filière et à ceux de la société.
Le système en agroécologie est basé sur la complémentarité culture/élevage/arbre, avec des végétaux au service des animaux (fourrages, grains, paille, copeaux de bois, abris), et des animaux au service des végétaux (pâturage, fertilisants organiques). La surface de 104 ha est valorisée par 80 ha de prairies, 15 ha de maïs ensilage, 9,5 ha d’interculture protéique, 6 ha de blé, 2 ha de protéagineux et 1 ha d’orge. Les prairies sont au cœur des rotations culturales de 5 ans qui intègrent des prairies multiespèces (mélanges légumineuses/graminées) en alternance avec des cultures (fourrages ou grains). La conduite en agroécologie, avec des essais de systèmes de culture sur des couverts permanents (SCV), vise à limiter les coûts de mécanisation, le temps de travail, les intrants, à stocker du carbone et à recycler les éléments minéraux. Une plate-forme spécifique est réservée pour les essais de cultures en SCV avec des expérimentations sur les modalités de gestion des différents couverts, des travaux de suivi des performances de systèmes de culture sur des couverts vivants et sur des couverts annuels.
Les surfaces dédiées aux animaux sont réparties comme suit :
- 88 VL Normandes : 25 ha de pâturage répartis en paddocks de 2 ares/VL,
15 ha de maïs ensilage (50% ration hivernale),
9,5 ha d’interculture protéique (25% ration hivernale),
20 ha d’herbe récoltée (ensilage, enrubannage et foin),
- Génisses et bœufs : 37 ha d’herbe pâturée et récoltée,
1 ha d’orge valorisé en aliment fermier.
L’alimentation du troupeau maximise la valorisation des prairies avec un système de pâturage dynamique. Les vaches laitières sont 100 % à l’herbe en saison de pâturages sur une surface de 0.7 à 1.5 ha / bloc. Aussi elles restent au maximum 3 jours sur chaque parcelle, pour ne pas entamer la repousse suivante. Les génisses, les bœufs rajeunis et les vaches de réforme sont également conduits en pâturages dynamiques. Même les jeunes veaux, dès l’âge de 8 jours, sont au menu pâturage.
Les 88 vaches sont conduites en 4 lots de 22 VL, avec 4 périodes de 6 semaines de reproduction chaque année. Cette conduite en lots, très originale et peu pratiquée en France, vise à obtenir une meilleure régularité mensuelle des livraisons de lait et à rationaliser le temps de travail. Les résultats de ce schéma sont très attendus tant au niveau des collecteurs de lait que des agriculteurs qui peuvent avoir des besoins d’organisation de la main-d’œuvre présente dans les fermes (associés, salariés…).
Ce système, qui a été mis en place en 2017 sera expérimenté jusqu’en 2022. Un tableau de bord synthétique de 30 indicateurs de performances (technique, économique, environnemental et social) permet d’évaluer les performances à des rythmes mensuels, trimestriels ou annuels selon les indicateurs. Pour garder ce système flexible, agile et efficient, des adaptations peuvent être faites, en fonction de l’évolution du contexte.