Xavier BEULIN, (Président de la FNSEA)
Conférence sociale : “il faut un Smic européen”
Xavier BEULIN a mené la délégation de la FNSEA les 20 et 21 juin lors de la dernière grande Conférence sociale. Ouverte par le Président de la république et conclue par le Premier ministre, cette conférence a été marquée par la préparation de deux réformes majeures : les retraites et la formation professionnelle continue. Pour le monde agricole, elle aura également été l’occasion de mettre en avant le besoin de compétitivité de la filière agroalimentaire et l’urgence de la convergence sociale entre pays de l’Union européenne.

Quel est le sentiment général de la FNSEA à l’issue de cette Conférence sociale ?
Un mot sur la méthode. Nous sommes satisfaits de cette volonté de dialogue qui nous a permis de faire reconnaître la place de l’agriculture et de la FNSEA dans le dialogue social français. Mais sur l’ensemble des sujets abordés et après avoir écouté le Premier ministre tirer les conclusions de cette Conférence, nous avons envie de dire au Gouvernement, “après les discours, passons aux actes !”
Les retraites ont été au cœur des débats. Comment vont évoluer les retraites agricoles dans le cadre de la réforme à venir ?
Je suis très inquiet sur ce sujet pour deux raisons. D’une part, parce que je n’ai pas senti le Gouvernement prêt à porter une réforme ambitieuse qui unifierait les conditions de calcul de la retraite de tous les Français. Nous avons porté fort cette volonté tout au long des débats, mais je n’ai vu aucun signe encourageant dans l’attitude du Gouvernement. Nous ne lâcherons pas et nous le redirons au Premier ministre lors de la concertation spécifique sur la réforme au début du mois de juillet.
Deuxième raison d’inquiétude, c’est l’absence de toute réponse sur les retraites agricoles. Rien sur les 25 meilleures années ! Rien sur les petites retraites agricoles ! Les promesses du candidat Hollande sur l’amélioration des plus faibles retraites semblent oubliées !
Nous saurons le rappeler dans les jours qui viennent !
Sur le sujet de l’Europe sociale, vous aviez émis le souhait que ce thème soit abordé. Etes-vous satisfait des débats ?
C’est vrai que nous sommes à l’origine de cette table ronde, car le secteur agricole français subit de plein fouet l’absence d’harmonisation sociale. Les débats ont été bons et ont permis de partager entre organisations de salariés et organisations d’employeurs le constat que cette situation ne peut plus durer. L’absence de salaire minimum en Allemagne pénalise les entreprises et les salariés français. L’application de la directive sur le détachement des salariés tire les conditions de travail vers le bas. Il faut que cela cesse. Nous avons donc mis le Gouvernement devant ses responsabilités en proposant un Smic européen. A lui d’agir et de porter ces sujets sur la table des négociations européennes.
Le discours de Jean-Marc Ayrault va dans le bon sens sur ce sujet. Il faut maintenant qu’il se concrétise. Je suis convaincu que c’est un combat vital pour l’avenir de la construction européenne.