L’interview de Karine Proux, directrice adjointe de la cohésion sociale et de la protection des populations
Contre la tuberculose, « nous renforçons le contrôle de la faune sauvage »
Fin novembre 2020, une partie de la zone de prophylaxie renforcée pour la tuberculose bovine est passée en niveau 3 de surveillance de la faune sauvage. Deux zones, avec leurs consignes, sont définies.
Fin novembre 2020, une partie de la zone de prophylaxie renforcée pour la tuberculose bovine est passée en niveau 3 de surveillance de la faune sauvage. Deux zones, avec leurs consignes, sont définies.
>> Que s’est-il passé pour que le plan Sylvatub de surveillance de la faune sauvage soit relevé au niveau 3 ?
Un blaireau, prélevé au Mesnil-Hubert-sur-Orne, est revenu positif à la tuberculose bovine. C’est le premier cas dans l’Orne, sur 114 prélèvements opérés depuis 2017. Nous avons fait cette découverte le 20 octobre. Le plan Sylvatub passe en niveau 3. Cela signifie que nous renforçons le contrôle de la faune sauvage. Nous avons défini une zone dite à risque de dix kilomètres autour du lieu où a été retrouvé le blaireau. Elle comprend une zone dite infectée de deux kilomètres et une zone tampon, de deux à dix kilomètres.
>> Quelle surveillance appliquez-vous pour les blaireaux ?
Des lieutenants de louveterie et des piégeurs agréés vont prélever tous les blaireaux dans la zone des deux kilomètres pour éviter les risques de contaminations retour vers les bovins. Les blaireaux vont être analysés par Labéo. Les chiens ne sont pas autorisés pour les piéger dans cette zone, contrairement à la zone tampon où une partie des blaireaux pourra être prélevée par déterrage. Le référent national pour la tuberculose bovine nous a donné pour consigne de prélever au moins 44 blaireaux. Tous les animaux morts trouvés en bord de route sont, en parallèle, testés dans la zone à risque.
>> Quid des sangliers et des cervidés ?
Concernant les sangliers, le référent national nous demande un sondage de 100 sangliers dans la zone à risque, établi sur la base des tableaux de chasse des années antérieures. Pour les cervidés, nous n’avons pas de chiffres. En revanche, les élevages de sangliers et de cervidés n’ont pas le droit de faire entrer ni sortir les animaux dans la zone infectée. Dans la zone tampon, les sorties de sangliers et de cervidés à partir d’élevages sont autorisées sous réserve de test indemne à la tuberculose bovine, dans les trente jours avant le mouvement. Les chasseurs ont pour consignes, à l’éviscération, de : mettre des gants ; ne pas donner les viscères aux chiens, ni de les laisser traîner dans la nature mais de les mettre à l’équarrissage.
>> Quels conseils donnez-vous aux éleveurs de la zone dite à risque ?
De prendre des mesures de biosécurité renforcées pour limiter tout contact entre le cheptel et la faune sauvage : une, voire une double clôture ; placer l’abreuvement et l’alimentation à 70 cm du sol et éloigner les auges de la lisière du bois ; nettoyer et désinfecter régulièrement ; protéger les tas de fumier. Deux arrêtés vont être pris, qui préciseront les consignes et les zones concernées. Dont un spécifiquement sur le piégeage et le déterrage des blaireaux. L’arrêté définissant les zones va passer en Comité départemental de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) et au Comité régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cropsav). Celui portant sur le piégeage et le déterrage des blaireaux sera soumis au public pendant vingt et un jours. On espère une mise en application en février 2021.