Coopération
Coopérative de Creully : s’adapter à la volatilité des prix
Formation aux nouveaux outils, politique de gestion quotidienne des marchés, contrôle interne pour une maîtrise totale des flux financiers, la coopérative de Creully s’adapte à l’amplitude du prix du blé.

"Durant les 20 années qui ont précédé 2006, l’amplitude des prix du blé au cours d’une campagne a rarement excédé 20 e/t. C’est désormais un écart qui peut être atteint au cours d’une seule journée”. Dans son rapport d’orientation, Yves Julien, président de la coopérative de Creully qui tenait la semaine dernière son assemblée générale, n’a pas manqué d’évoquer la volatilité des cours et ses conséquences au quotidien sur la vie des entreprises. “Elle modifie la relation entre la coopérative et les adhérents. La rupture qui survient après des années de relative stabilité fait perdre leurs repères à beaucoup d’agriculteurs et les incite quelquefois à remettre en cause leur relation avec leur coopérative. Elle nécessite un recours accru à des outils de couverture comme le marché à terme ou les contrats à prime. Ces outils indispensables génèrent aussi leurs propres risques dont il faut se prémunir”.
Il y a donc un avant et un après 2007. 2007 qui a vu passer le prix du blé de 130 à presque 300 e/t avec des niveaux de stocks mondiaux qui n’avaient jamais été aussi bas.
“La collecte à la moisson a été de 76 000 t contre 90 000 t l’année précédente et 113 000 t pour l’année en cours”, a rappelé Pascal Desvages, secrétaire du conseil d’administration. Nous avons subi un basculement du prix moyen vers le prix ferme pour les livraisons moisson. Pour la récolte précédente, nous avions 73% de blé au prix moyen et seulement 34% pour la récolte 2007. Ce basculement à la récolte a pénalisé le travail de répartition des ventes pour le compte du prix moyen et a amené la coopérative à définir de nouvelles règles d’engagement avant récolte afin de rendre indépendants les différents modes de commercialisation pour l’année en cours”. Rappelons que pour la récolte 2007, le prix moyen en blé payé au producteur a été de 165 e/t (150 e/t de prix d’acompte + 15 e/t de complément.
Chiffre d’affaires en hausse de 23 %
Avec cette volatilité des cours, l’analyse des principaux ratios financiers invite à la prudence. Le chiffre d’affaires affiche une augmentation de 23,23 % consécutive au développement de l’activité agrofourniture mais aussi à la montée des prix des céréales.
Le résultat financier est négatif mais “s’explique par une augmentation importante des taux sur le marché monétaire, par un stock céréales plus cher à financer à cause de la montée des prix et par une augmentation du besoin en fonds de roulement, principalement du fait de stocks importants sur la fin de l’exercice, aussi bien en appro qu’en céréales”, a insisté Willy Patsouris, directeur de la coopérative. “Nos réserves confortées de 500 000 e sur cet exercice continuent d’assurer notre sécurité financière”, s’est félicité Yves Julien.
Th. Guillemot
Chiffres clés
Agrofourniture
Le chiffre d’affaires s’élève à 23,7 Me en progression de 28,8% (+49% en 5 ans).
Engrais
Progression de 37% du CA pour atteindre 7,4 Me. Le tonnage commercialisé passe de 28 000 t à 29 800 t (+6,4 %). En unités et dans le détail : azote +10,6%, phosphore +12,2% et potasse +9,9%. La campagne s’est caractérisée par une envolée des cours de l’azote. L’ammonitrate 27 vrac est passée de 160 e en début de campagne à 335 e en fin de campagne. L’anticipation des achats a permis de ne pas subir cette inflation. Le prix moyen de vente de l’ammonitrate a été de 190 e soit 30 à 70 e de moins que la concurrence.
Semences
Hausse de 28,7 % du CA pour atteindre 2,9 Me. Céréales : 16 912 q (+19%), protéagineux : 1 705 q (-19%), lin : 970 q (-8,5%), colza : 1 276 doses (-27%), plant de pomme de terre : 327 t (+5%). 280 ha de semences sont produits par des adhérents (en partenariat avec OMNISEM). Le taux d’utilisation des semences certifiées atteint 90%. En maïs, 11 855 doses (+15,2%) ont été commercialisées.
Phytosanitaires
Le CA est en progression de 8% pour atteindre 5,3 Me. Le montant des ristournes en fin de campagne a diminué pour éviter les avances de trésorerie. La coopérative insiste sur la mise en place d’un système de marge par produit équitable : “il n’y a pas de stratégie de faible marge sur des produits à notoriété et de forte marge sur des produits plus confidentiels”.
LSA
Avec un CA de 1,9 Me, l’activité magasin de détail progresse de 10 %. L’équipement d’élevage (tubulaire, bâches, ficelles) représente 40% de l’activité (+13%) devant l’alimentation animale (29%).
Aliments
Face à la flambée des cours des matières premières, il était dans bien des cas préférable d’utiliser de l’aliment composé et de vendre ses céréales. Le CA aliment a ainsi progressé de 42 % pour atteindre 5,5 Me. Côté aliment bovin, le CA progresse de 77% en CA et de 44 % en tonnage. Un effet rallonge des quotas laitiers et une moindre qualité des fourrages.
Cheval
Chiffre d’affaires en hausse de 39 % pour atteindre 1,8 Me. Si la vente de céréales en l’état est restée stable à 2 300 t, l’aliment composé affiche une excellente progression.
Céréales
La collecte 2007 avec 141 300 t est la plus faible de ces dix dernières années. Elle a baissé de 30 000 t (-17%) par rapport à 2006. La baisse des rendements, particulièrement en terres profondes et hydromorphes, en est la cause. La part de marché de la coopérative avec 23,1 % reste cependant stable.
Féverole
La coopérative a produit 74 % de la féverole départementale. La collecte 2007 a atteint 2 300 t dont 62 % de féverole à destination de l’alimentation humaine. En pois par contre, la collecte en 2007 (3 300 t) a été divisée par deux par rapport à 2006.