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Elevage
Coût de production d’un cheval de sport en Normandie

Face aux difficultés de commercialisation que connaît la filière, connaître son coût de production est déterminant. Pouvoir en déterminer la composition permet d’appréhender la compétitivité de l’élevage et donne des possibilités d’ajustement.

Les grands principes

Le calcul du coût de production concerne l’ensemble de l’atelier élevage équin, il inclut tous les stades d’élevage de la naissance à la compétition sans oublier les chevaux inactifs ou retraités lorsqu’il y en a.Au final le coût de production permet d’évaluer le prix minimum de vente d’un cheval permettant de couvrir les charges engagées pour sa production. Ce prix minimum c’est le prix de revient (schéma 1).Cet indicateur permet d’évaluer la compétitivité d’un élevage sur le marché mais aussi de comparer des exploitations entre elles. A l’échelle de l’exploitation le calcul régulier du coût de production permet de suivre son évolution dans le temps.


Les premiers résultats en Normandie

Un échantillon normand

L’analyse présentée ici provient de la synthèse de 9 coûts de production réalisés dans des élevages bas-normands avec les données 2011. Ces élevages ne sont pas tous spécialisés en production équine, la moitié est diversifiée, c’est à dire qu’ils sont soit producteurs de lait, soit éleveurs allaitants.Les coûts de production sont très variables d’un élevage à l’autre, ainsi un poulain sevré coûte de 2 000 à 15 000 €, un cheval de 3 ans de 4 000 à 27 000 €.Pour analyser ces coûts de production, les élevages ont été répartis en deux groupes : les élevages spécialisés (80 % de leur produit est issu des équins) et les élevages diversifiés.


La diversification influe fortement sur les résultats

Les coûts de production des éleveurs équins spécialisés sont beaucoup plus élevés que ceux des éleveurs diversifiés. Mais chez les éleveurs spécialisés les produits annexes sont plus importants : une activité d’étalonnage et/ou de valorisation complète souvent l’activité d’élevage. Le prix de revient moyen d’un poulain au sevrage devient ainsi comparable chez les éleveurs spécialisés ou diversifiés, il se situe entre 3 000 et 3 500 €. Passé cet âge, par contre, l’écart se creuse (tableau 1).Une année d’élevage coûte 2,5 fois plus cher à un éleveur spécialisé (4 524 € en moyenne) qu’à un éleveur diversifié (1 951 €) et l’écart se creuse pour les années de valorisation : 8 107 € en moyenne pour un élevage spécialisé contre 2 202 € pour un diversifié.Les écarts constatés concernent presque tous les postes de charges mais plus particulièrement le travail et les frais d’élevage.Pour le travail, l’écart s’explique par le nombre d’ETP mobilisé par l’atelier équin et par la présence de main d’œuvre salariée en plus grand nombre chez les éleveurs spécialisés. La présence de chevaux en pension dans ces élevages expliquerait ce besoin supérieur de main d’œuvre.Pour les frais d’élevage, la différence s’explique par : - plus de chevaux au travail mis en pension, alors que les éleveurs diversifiés les valorisent eux-mêmes ;- des frais de reproduction plus élevés liés aux activités d’étalonnage ;-des frais engagés pour les concours et la commercialisation et des frais vétérinaires supérieurs.Au niveau de l’alimentation, les écarts de coûts sont de 1 à 3 entre diversifiés et spécialisés. La disponibilité en surface fourragère n’est pas responsable de cet écart car les chargements sont plus faibles chez les spécialisés en moyenne 1 UGB par ha contre 1,6 chez les diversifiés. Mais ces derniers produisent tout leur fourrage et même une partie des céréales servant à l’alimentation des chevaux. Les éleveurs spécialisés quant à eux achètent bien souvent une grande partie voire la totalité de leurs besoins.Les frais généraux, les frais de foncier et de mécanisation plus faibles en élevage diversifié bénéficient de la dilution sur plusieurs ateliers (bovins, céréales…).

Des prix de vente très disparates

Les prix de vente présentés dans les graphiques 1 et 2 ont été recueillis entre 2007 et 2012 dans les 9 élevages qui ont fourni les données pour la réalisation de la synthèse. Un peu moins de 300 transactions ont été retenues. Les ventes conservées ici sont celles comprises entre 500 € et 100 000 €, les ventes à caractère exceptionnel ont été exclues car ayant un impact trop fort sur les prix moyens de l’échantillon.
En élevage diversifiéLes éleveurs diversifiés produisent des chevaux moins coûteux que les éleveurs spécialisés mais ils les vendent aussi moins chers. Cependant, ils parviennent en moyenne à vendre leurs chevaux au-dessus de leur prix de revient à condition de les vendre avant 6 ans. A partir de 6 ans, le prix de vente moyen devient inférieur au prix de revient. A cet âge, 64 % des chevaux sont vendus en dessous de leur prix de revient.La meilleure vente est celle réalisée au sevrage, à cet âge le prix de vente est supérieur au prix de revient de 1 700 €.

Dans les élevages spécialisés

Chez les éleveurs spécialisés, on n’observe pas d’évolution linéaire des prix. Certaines catégories semblent mieux se vendre : les poulains sevrés, les 2 ans et les 4 ans. Pour ces catégories d’âge, les prix de vente moyens sont supérieurs aux prix de revient.Comme chez les éleveurs diversifiés, la meilleure vente est celle réalisée au sevrage où l’écart entre prix de vente et prix de revient s’élève à 15 000 €. Le gain réalisé sur les ventes à deux ans semble aussi intéressant mais il ne concerne qu’un petit nombre de ventes.Cependant, ces moyennes cachent une grande disparité de prix.Ainsi pour les chevaux de 4 ans, si le prix de vente moyen est supérieur à 16 600 € (prix de revient d’un 4 ans en élevage spécialisé), 60 % des ventes se font à un prix inférieur et la moitié se vend en dessous de 8 000 €.Pour les chevaux âgés de 3 à 6 ans, seulement 25 à 40 % des ventes se font au-delà du prix de revient. La grande majorité des ventes se font à perte.

La méthode

Le coût de production est constitué de l’ensemble des charges mises en œuvre pour produire un cheval.La diversité des produits vendus (poulains sevrés, chevaux sortis en compétition, reproducteurs…) et la variabilité des effectifs constituent des particularités de l’élevage équin qui ont conduit à la création de sous ateliers et au calcul du coût de production pour différents types d’animaux.

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