Creully : la coopération en action
La Coopérative de Creully a tenu son assemblée générale, lundi 25 novembre, au Mémorial de Caen. La collecte 2019 est au rendez-vous et si quelques zones d’ombres planent à l’horizon, Creully ne se laisse pas démonter.Le positif s’est invité aux travaux.
« En 2018, le chiffre d’affaires a dépassé 100 Me et la moisson 2019 est la seconde meilleure collecte de notre histoire. L’activité approvisionnement grimpe de 10 %. La confiance que vous portez à la coopérative et à ses techniciens prend tout son sens », s’est réjoui Pascal Desvages (président de la Coopérative de Creully) dans son rapport d’orientation. Les chiffres sont éloquents et illustrent la performance de la structure sur son territoire : 32 % des parts de marché en blé tendre ; 31 % en colza ; 23 % en orge.
Des nuages dans le ciel
De quoi être satisfait, mais sous un ciel plombé par le sacrifice de la betterave sucrière dans une des meilleures terres de France et par le dossier ZNT (Zone de non traitement) médiatiquement et politiquement pollué. « Cagny c’est fini. Le gouvernement s’est mobilisé, mais maintenant, c’est circulez, il n’y a rien à voir » a fustigé Pascal Desvages avant d’enchainer sur la loi Egalim. « De l’enfumage, seules les contraintes et les interdictions ont des effets directs dans nos fermes. »
Pas de quoi pour autant baisser les bras. La coopérative de Creully reste fidèle à son slogan : « la volonté d’agir. Les blés français ont vocation à diminuer la pression sur les marchés mondiaux pour empêcher que certains pays ne s’emparent de l’arme alimentaire. Mais notre compétitivité sera restaurée quand nous aurons les mêmes règles de production que les autres ».
Vente et conseil
En attendant, « concentrons-nous sur les locavores et autres consommateurs bio ». Et si les rendements bio en 2018 ont été décevants, ils ont progressé de 20 % en 2019. Progression aussi en légumes (+ 12, % de chiffre d’affaires) et en pommes de terre (+ 14,6 % ). Reste le sujet épineux de la séparation du conseil et de la vente. « Le flou est toujours de mise. Il faudrait une boule de cristal pour prendre une décision », regrette Pascal Desvages, mais d’assurer : « nous n’envisageons pas de se séparer de la vente, pas plus que de casser le contrat qui lie l’agriculteur à son conseiller. La coopérative restera réactive et en veille dans l’évolution de ses métiers. L’esprit Creully, c’est l’équité, la transparence et la solidarité. Nous devons maintenir ce cap dans un monde qui bouge ».
L’écologie : une religion dangereuse ?
L’envie de positiver et d’avancer, Sylvie Brunel l’a cernée. La géographe, économiste et écrivaine était invitée à l’assemblée générale. Elle a, pendant une heure, soutenu un discours « qui fait du bien à entendre », soufflait-on à l’issue de son intervention. « Je suis venue il y a dix ans. Depuis, l’opinion publique s’est radicalisée. L’écologie ne doit pas devenir une religion dangereuse », introduit celle qui veut « remettre les pendules à l’heure géographique ». L’écrivaine, auteure d’une vingtaine d’ouvrages, assure que la théorie de l’effondrement « ne repose sur aucune vérité scientifique. Les collapsologues sont des imposteurs ou des opportunistes ». Et d’enchaîner : « on accuse l’agriculture performante d’être sous le joug des lobbies. Mais quid du steak végétal, enjeu de start up californiennes ? » questionne Sylvie Brunel. Puis sa casquette humanitaire prend le relais et l’ancienne présidente d’Action contre la faim, insiste : « il ne faut pas oublier que dans des régions déficitaires, à nos portes, le prix de la nourriture conditionne la paix sociale. Ne soyons ni dans l’amnésie ni dans l’ingratitude. La ferme France bénéficie d’une réputation de premier plan auprès des pays émergents. France = qualité, je le vois partout ». « Les agriculteurs détiennent les réponses du développement durable. Vous entretenez les paysages. Expliquez dans les repas de famille que c’est vous qui sculptez tous les paysages. » Et de conclure : « vous avez la volonté d’agir et je vous en remercie ».