Croire dans les chiffres pour se convertir
Avec la réforme de la PAC, la prime herbagère agroenvironnementale (PHAE) disparaît. Dans certains cas, les primes vaches allaitantes baissent. Quelques fois, la conversion à l’agriculture biologique est tentante. La Chambre d’agriculture a présenté une simulation chez Jean-Yves Fritel.

Un EBE en hausse de 17 490 € sur exploitation de 93 hectares avec 50 vaches allaitantes, le chiffre peut faire rêver. Selon une étude de la Chambre d’agriculture, Jean-Yves Fritel peut l’espérer. Bien sûr, l’estimation ne s’avère pas déclinable à l’infini. Elle répond à la problématique d’un agriculteur dans un contexte bien particulier. Néanmoins, éleveurs de vaches allaitantes, ils sont nombreux à s’interroger sur les intérêts, les contraintes et la faisabilité d’un passage à l’agriculture biologique. Dans leurs pratiques quotidiennes, les systèmes allaitants extensifs en sont souvent assez proches. La nouvelle politique agricole commune pourrait en motiver certains. Surtout que les cours de la viande bio semblent de nouveau se détacher du marché de la viande conventionnelle.
Simulation autour d’un cas concret
Pour en parler et débattre, les techniciens de la Chambre d’agriculture de l’Orne se sont basés sur un cas concret. Installé à Cisai-Saint-Aubin, Jean-Yves Fritel a joué le jeu. Son système y a été comparé, avant et après passage en bio. La simulation est basée sur l’exercice 2013. Cette année-là, les prix du conventionnel étaient assez élevés. “Les cours étaient à cette proche à cette époque. Aujourd’hui, l’écart s’est accentué en faveur de l’agriculture biologique”, estime Amandine Guimas, technicienne de la Chambre d’agriculture. Dans l’étude comparative, les génisses en conventionnel étaient ainsi vendues 3,95 €/kgc. Ces mêmes animaux en bio devraient
être commercialisés 4,30 €. Les
“prévisionnistes” se sont donc montrés prudents.
Accepter de changer son système
Pour passer en agriculture biologique, Jean-Yves Fritel a décidé de revoir son système. L’agriculteur a facilement fait son deuil de ses 60 quintaux de rendement moyen sur une quinzaine d’hectares. Finies les cultures de ventes, place à l’autonomie fourragère et surtout à la finition des animaux. De prime abord, la conversion ne nécessite pas une foi absolue dans l’agriculture biologique. Les potentiels fidèles s’appuieront sur résultats économiques. La Chambre d’agriculture s’est donc attelée à chiffrer tous les postes.
Place à l’engraissement
En 2013, l’assolement de la ferme comptait 76 hectares de surface pâturables pour une SAU de 93 ha. En 2017, le producteur prévoit 90 hectares d’herbe. Le chargement demeure, lui, inchangé avec 1,19 UGB/ha. Mais si l’élevage compte toujours 50 vaches allaitantes, le nombre d’UGB passera de 91 à 107. En 2013, Jean-Fritel vendait 12 vaches de réforme, 21 broutards et 5 broutardes. En 2017, il commercialisera 15 vaches de réformes, 7 génisses, 10 bœufs et 12 broutards. Les ventes de céréales disparaissent, mais elles sont compensaient par le produit viande qui devrait s’afficher à 67 745 € contre 55 225 € en 2013. Dans le même temps, les charges globales de l’exploitation sont estimées à la baisse.
La différence sur les aides
Dans le cas de Jean-Yves Fritel, les aides PAC semblent faire pencher la balance vers le système bio. Avec la conversion et la nouvelle politique agricole commune, l’exploitation devrait percevoir 51 605 € en 2017, 39 150 actuellement. Au-delà des chiffres, l’agriculteur est entré dans une phase concrète. Se sentant plus éleveur que céréalier, Jean-Yves Fritel a entamé sa conversion. Rendez-vous en 2017 pour vérifier les prédictions.