Calvados
Culture de printemps : ne vous laissez plus pigeonner
Les jeunes poussent de pois, féverole ou bien encore maïs constituent un mets raffiné pour pigeons et autres corvidés. Pour éviter de les mettre à table, adoptez pour quelques jours un effaroucheur. Petit tour dans la plaine de Caen.
20 à 60 % de dégâts
“Dès que la plante est germée et sort du sol, les oiseaux la picorent pour la manger ou simplement par jeu. Ils attaquent dès le lever du jour jusqu’au soir par carré. Les dégâts peuvent atteindre 60 %”. Bertin George, agriculteur à St-Aubin-d’Arquenay entre Caen et la mer, a décidé de passer à la contre offensive. Aiguillé par la FDSEA, il s’est tourné vers la FREDON. La Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles lui a conseillé la pose d’un effaroucheur.
“Le système combine deux stress. Un sonore avec la détonation du canon. Un autre visuel matérialisé par l’envol d’un leurre le long d’un mât qui mime le survol d’un prédateur”, explique Déborah Eudes. Cet équipement que vient de poser la technicienne de la FREDON, tout agriculteur peut le louer pour une, deux voire trois semaines. Le déclenchement est aléatoire. Les détonations ne sont jamais régulées pour éviter tout phénomène d’accoutumance. L’effaroucheur a fait ses preuves en hiver notamment dans la Manche. Il protège les silos de maïs des étourneaux. Bertin George espère qu’il sera aussi efficace, en plaine, vis-à-vis de la féverole ou bien encore du pois protéagineux en gousse.
L’effaroucheur a cependant ses limites. Il ne fait que déplacer le problème. Pour être efficace, la lutte contre les prédateurs doit être collective. Sébastien Debieu plaide en ce sens (lire ci-contre).
(1) : 4 place de Boston
14200 Hérouville Saint-Clair
Sébastien Debieu, secrétaire général de la FDSEA
Lutte contre les nuisibles : “nous sommes dans l’opérationnel”
A la FDSEA, la lutte collective contre les nuisibles est devenue une priorité. Rencontre avec Sébastien Debieu, en charge d’organiser cette résistance.
Comment est née cette prise de conscience de la problématique “nuisibles” ?
Nous avions de plus en plus de remontées d’informations du terrain. En sondant ici et là nos adhérents, nous avons constaté que les dégâts aux cultures, notamment de printemps, provoqués par les corvidés et les pigeons allaient crescendo. Il nous fallait donc prendre ce dossier à bras-le-corps.
Comment avez-vous procédé ?
Deux actions ont été menées à ce jour en collaboration avec JA. Nous avons tout d’abord lancé une grande enquête exhaustive, notamment par voie de presse, pour vérifier l’ampleur du phénomène et cibler la diversité des problématiques.
Parallèlement, nous avons organisé cet hiver avec les jeunes agriculteurs et en partenariat avec la FREDON, différentes réunions d’informations afin d’appréhender les moyens de lutte.
Vous en êtes où aujourd’hui ?
Nous sommes entrés dans la phase opérationnelle.
A titre individuel, tout agriculteur, éleveur ou céréalier, confronté à ce type de problème peut nous contacter. Nous l’accompagnerons dans ses démarches.
Cependant, nous préconisons une lutte collective, par exemple à l’échelon d’un canton.
En effet, la lutte individuelle ne fait que déplacer le point noir de quelques centaines de mètres. Si nous voulons vraiment réguler les populations de corvidés et de pigeons, c’est collectivement qu’il faut lutter. Cela nous permettrait également de mutualiser les coûts.
La chasse au pigeon ou au corbeau, c’est toujours du syndicalisme ?
Notre première raison d’être, c’est la défense du revenu des agriculteurs. Quand vous êtes victime d’un dégât aux cultures, vous devez racheter de la semence, refaire le plein de fioul pour réimplanter votre parcelle... Dépenser du temps, de l’argent et de l’énergie sans parler du coup au moral que l’on prend.
Je suis donc convaincu, qu’avec cette action de lutte contre les nuisibles, la FDSEA est au cœur de sa mission.