CUMA : « je m’appuie très souvent sur mon expérience de vacher pour ma profession de chauffeur »
Marcel Aubry est chauffeur à la Cuma de désilage des deux Vallées (61) depuis 2009. Il a 45 ans et a toujours été intéressé par l’agriculture. Il témoigne de son quotidien et des liens au sein de la Cuma.
>> Quel a été votre parcours ?
J’ai toujours été intéressé par l’agriculture et plus particulièrement par l’élevage. Après avoir passé un CAP de vacher, j’ai trouvé un emploi de bûcheron en forêt. Mais les vaches me manquaient et au bout de 3 ans, j’ai décroché une place de vacher dans un élevage laitier où je suis resté 11 ans.
>> Vous avez dû en voir des choses en 11 ans ?
Oui, mon patron m’a vite laissé des responsabilités : j’assurais la traite, je m’occupais de l’alimentation et je participais aux autres travaux de la ferme. C’était diversifié.
J’ai également découvert la formation continue : tous les ans ou presque je suivais 1 jour ou 2 de formation sur la production laitière (alimentation, soins véto, manipulation contention...).
J’ai vraiment appris beaucoup et ça m’a permis de rester dans le « coup ».
J’ai également rencontré des collègues salariés et participé à des visites techniques ou des journées à thème au sein de l’Association des Salariés Agricoles de l’Orne.
>> Comment êtes-vous arrivé à la Cuma de désilage ?
Chez mon employeur de l’époque, les choses ont beaucoup évolué. Les bâtiments, les installations, le matériel faisait qu’il se posait la question de mon contrat à temps plein.
Dans le même temps, l’idée d’une Cuma de désilage commençait à germer. C’est donc tout naturellement que les choses se sont faites. Mon patron m’a laissé partir.
Enfin, quand je dis « laissé partir » c’est pas tout à fait vrai car il est lui même adhérent de la Cuma, ce qui fait que j’y passe tous les jours pour soigner les bêtes.
>> Comment définiriez-vous votre métier ?
Quand la Cuma des deux vallées a démarré, ils cherchaient un chauffeur et aussi quelqu’un qui avait la fibre élevage. C’est ce qui m’a plu.
Aujourd’hui, dans mon travail, il m’arrive souvent de discuter avec les adhérents. On échange nos idées, on parle alimentation, je propose quelquefois des solutions.
En fait, je ne suis plus vacher mais je ne me sens pas non plus « que chauffeur ». Je m’appuie très souvent sur mon métier de vacher pour exercer ma profession de chauffeur de désileuse et je pense que c’est ce qu’attendent les adhérents.
>> Pouvez-vous nous décrire le déroulement d’une semaine de travail ?
C’est une organisation particulière car je travaille 6 jours sur 7 et le sixième jour, donc le samedi, je double les quantités distribuées à l’auge.
Je commence tous les matins à 6h et je fais le tour de mes 7 élevages toujours dans le même sens.
L’été, quand les bêtes sont à l’herbe, les journées sont plus courtes. A 11 h j’ai fini. Par contre l’hiver c’est plutôt 14 h. Du coup, j’ai tous mes après-midi. Chaque jour après le dernier élevage, je passe du temps à l’entretien de la machine.
>> Et dans les élevages, comment ça se déroule ?
Il y a quelques années, on a mis en place un tableau des consignes dans tous les élevages. Le but était de gagner du temps. Ce tableau est installé de façon visible à côté d’une des zones de chargement. Ça m’indique les quantités à mettre et les précautions à prendre. Je rentre ces données dans l’ordinateur de la machine et je passe au chargement.
La désileuse est équipée d’un système de pesée ce qui permet d’être précis. De plus, l’ordinateur garde en mémoire l’historique de chaque élevage. C’est parfois bien pratique quand j’ai un doute sur la ration. Ensuite, je distribue aux différents lots d’animaux.
>> Pour les congés, comment ça s’organise ?
Je passe dans les élevages 6 jours sur 7. Pour que ça fonctionne même pendant mes périodes de congé, il fallait trouver une solution. C’est un salarié d’une ETA voisine qui vient me remplacer. Ça permet de souffler de temps en temps.
>> Etes-vous satisfait de ce travail ?
Ce que j’aime dans mon métier c’est la diversité. Tous les jours, quand je fais le tour des élevages c’est l’occasion d’échanger, de parler technique. J’ai des responsabilités, ça rend le travail motivant. Quelquefois, il m’arrive de ne pas croiser l’éleveur parce qu’il est en ensilage ou tout simplement absent. Là, je mesure la confiance que les agriculteurs me font.
Tout n’est pas facile. Le rythme de travail est exigeant. Mais j’ai tous mes après-midi ce qui me permet d’être plus à la maison avec mes enfants.
Propos recueillis par Pascal Moreau
pascal.moreau@orne.chambagri.fr
Pour le réseau Organisation du Travail
et Gestion des Ressources Humaines
des Chambres d’Agricultures de Normandie
http://www.orne.chambres-agriculture.fr/emploi-formation/mieux-vivre-so…