Covid-19
Des ensilages d'herbe moins les grandes tablées
La période des ensilages d'herbe suit son cours en Normandie. Normalement synonyme de partage, d'entraide et de repas conviviaux, le Covid-19 oblige éleveurs et chauffeurs à s'adapter.
La période des ensilages d'herbe suit son cours en Normandie. Normalement synonyme de partage, d'entraide et de repas conviviaux, le Covid-19 oblige éleveurs et chauffeurs à s'adapter.
Les corvées d'ensilage d'herbe reprennent en Normandie. Mais, en période de crise liée au Covid-19, il faut mettre de côté quelques habitudes. « Les chauffeurs ne mangent plus chez les adhérents », décrit Arnaud Grière, président de la Cuma des Vallons du Douet, au Près d'Auge (14). Quatre chauffeurs, dont un spécialisé sur l'ensileuse, sur les cinq que compte la structure, se consacrent aux corvées d'ensilage d'herbe. « Chaque chauffeur a son tracteur attitré pour la journée. Le soir, il le désinfecte. Cela demande un peu d'organisation mais, finalement, les chantiers avancent plus vite car il n'y a pas plus de temps partagé autour du repas le midi. Les salariés et les adhérents appliquent les gestes barrières. »
Les adhérents s'autogèrent
Dans la Manche, Valentin Dufour conduit l'ensileuse de la Cuma de la Croix à Saint-James. Les ensilages ont commencé vers le 23 avril. « J'ai environ 600 ha à faire pour 150 h rotor, chez une vingtaine d'adhérents », détaille le chauffeur de la bécane automotrice jaune et verte 8 600. « On sent que la situation n'est pas la même pendant la période de confinement. Mais nous travaillons tous les jours, on s'adapte. » Pendant les corvées d'ensilage, le seul moment qui pose question est celui des repas. « Si j'ai une petite journée à faire, je viens l'après-midi comme ça la question ne se pose plus. Sinon, je mange un sandwich ou je rentre manger chez moi. C'est arrivé que l'on déjeune ensemble sur des grandes tables, espacés et dehors. » Moins de temps passé à table, c'est plus de temps consacré aux chantiers. « Sans les repas de communion, s'amuse Valentin Dufour, on avance plus vite. » La Cuma de la Croix compte trois tracteurs. « Les adhérents désinfectent et s'autogèrent quand ils prennent le matériel. »
Ne pas dramatiser
Camille Petit, agriculteur à Athis-de-l'Orne, fait le même constat : « nous ne prenons pas les repas dans une même pièce. On essaie de se retrouver sous un hangar ou à l'air libre, ou un casse-croûte ou un barbecue. On mange plus rapidement ». L'exploitant adhère à la Cuma Notre-Dame-du-Rocher. L'ensileuse est conduite par le chauffeur, les agriculteurs viennent avec leur tracteur. « On attend en bout de champ, sans sortir de la cabine. » Pour bâcher les silos, les distances de sécurité sont respectées. Si techniquement, les principes de précaution contre le Covid-19 « n'impactent pas le travail, il ne faut pas dramatiser », les corvées d'ensilages perdent un peu de leur saveur humaine. « C'est un moment convivial, où on discute avec nos voisins et collègues. On prend des nouvelles de la famille, des proches. Espérons que tout sera réglé pour les corvées d'automne. »