Salon tous paysans. Des haies pour assurer l’avenir de l’exploitation
Éleveur laitier dans l’Orne, Jonas Hausser plante des haies pour contrer les effets négatifs du changement climatique. La Chambre d’agriculture de Normandie, qui apporte l’appui technique, présentera les dispositifs existants au salon Tous paysans les 13 et 14 novembre 2021 à Alençon.
Éleveur laitier dans l’Orne, Jonas Hausser plante des haies pour contrer les effets négatifs du changement climatique. La Chambre d’agriculture de Normandie, qui apporte l’appui technique, présentera les dispositifs existants au salon Tous paysans les 13 et 14 novembre 2021 à Alençon.
Jonas Hausser – prononcez Ionas, à l’allemande, patrie d’origine de ses parents - a repris la ferme familiale en 2016 à La Ferrière-la-Verrerie (61). L’exploitation laitière de 92 hectares comporte pour moitié de prairies, dont une partie attenante à la stabulation. « J’ai un bloc de 24 hectares accessible, ce qui est un avantage », se réjouit l’éleveur. Depuis son installation, il développe le pâturage de son troupeau composé de Montbéliardes et de quelques Normandes.
Haies arrachées
Situés dans une vallée, les prés sont bordés de quelques arbres, mais « la plupart des haies ont été arrachées dans les années soixante-dix », regrette-t-il. Ses parents ont replanté une rangée d’arbres de haut-jet, insuffisante au regard des problèmes que l’éleveur rencontre. « Les terrains sont séchants, très sableux », décrit-il, car exposés au vent d’est et soumis à des étés extrêmement secs : excepté en 2021, « ces trois dernières années, à partir du 1er juillet, il n’y avait plus d’herbe ». Il constate que son voisin, qui possède des haies, sort ses vaches plus longtemps et qu’elles souffrent moins de chaleur que les siennes, confinées en bâtiment. Aussi, en 2019, il participe à un programme de plantation de haies et replante 1,3 km. Gaétan Loupil, conseiller à la Chambre d’agriculture de Normandie, assure la coordination technique : « la haie fait barrage au vent, amène de l’ombrage et de la matière organique dans le sol ». Un atout pour Jonas Hausser, qui constate de nombreux refus, « mes prairies ne sont pas assez productives ».
Un modèle pâturant pour envisager l'avenir
Or, son but est « de faire du fourrage. Pour ça, il faut retenir l’eau dans les parcelles, faire de la biomasse de la meilleure qualité possible », résume-t-il. Pour anticiper la mise en place progressive du pâturage tournant dynamique, il plante en étoile. « On voit au fil ce qui fonctionne pendant quelques années, explique Gaétan Loupil, puis on sanctuarise les paddocks avec des haies ». L’éleveur complètera son maillage avec des clôtures amovibles pour s’adapter à la pousse de l’herbe. La haie est une réponse à l’évolution climatique qui le touche de plein fouet et remet en cause son modèle économique : « je me projette dans trente ans. Je suis très inquiet car mes crédits s’étendent à loin ». Le modèle pâturant lui semble être la seule issue pour conserver une exploitation de taille moyenne et être le plus autonome, avec l’objectif, à terme, de passer en bio.
Financements et appui technique
Depuis 2017, le Département de l’Orne finance des plantations de haies dont il délègue l’organisation aux communautés de communes et l’appui technique à la Chambre d’agriculture. « On tourne dans le département chaque année », enseigne Gaétan Loupil. Un marché est passé avec une entreprise qui prépare les sols, récupère les plants choisis avec l’agriculteur, assure la plantation et l’entretien de la première année. « Pour l’agriculteur, souligne le conseiller, il reste 60% de la facture à charge ». A La Ferrière-la-Verrerie, l’éleveur a choisi du tilleul et du chêne : il faudra attendre vingt ans pour qu’ils créent de l’ombre. « On a aussi planté de l’érable, du cerisier, du prunelier qui poussent plus vite, ils feront le relais en attendant », décrit Gaétan Loupil. Jonas Hausser poursuit les plantations : le second chantier se fera dans ses cultures cette fois, avec l’objectif de créer trois grands linéaires de 1,5 km au total dans une parcelle de 30 ha.