Des haies sur talus pour protéger la ressource en eau et les sols
Avec plus de 120 000 km, la haie bocagère représente un patrimoine paysager important pour la Normandie. Sur ce territoire, le bocage possède de nombreux intérêts environnementaux. La lutte contre l’érosion des sols et la préservation de la ressource en eau font parties des rôles importants reconnus au bocage.

Ruissellement et érosion
La haie sur talus perpendiculaire au sens de la pente constitue une excellente barrière naturelle pour réduire la vitesse d’écoulement de l’eau de ruissellement. En l’absence d’obstacle, le ruissellement issu des parcelles agricoles prend de la vitesse (0,3 à 1m/s), ce qui engendre de l’érosion. Selon l’importance de la pente, sa longueur, certaines parcelles peuvent perdre jusqu’à 1 mm de terre par an, ce qui représente 20 t par hectare. La haie sur talus permet de ralentir les écoulements et le dépôt de la terre en dehors des zones sensibles. L’objectif est que la vitesse de ruissellement soit réduite à moins de 0,20m/s.
Infiltration
L’ensemble haie et talus favorise l’infiltration de l’eau dans le sol grâce à l’action de racines et à une meilleure structure du sol au pied des haies. L’ensemble joue un rôle de rétention. Cette capacité de stockage est évaluée sur 40 cm de profondeur, 40 m en amont et sur 1 m de profondeur au sein du talus. Certaines études estiment ce stockage à 5 m³ par mètre de haie. Cet effet tampon permet de stocker l’eau à l’échelle du bassin versant et de limiter l’intensité des crues en aval. Le bocage joue donc un rôle important pour réduire les phénomènes d’érosion et recharger les nappes en profondeur. En zone de culture, les éléments du sol sont conservés à l’intérieur de la parcelle qui conserve ainsi son potentiel agronomique. En fonction du type de sol, de l’importance de la pente et des techniques culturales, l’érosion peut atteindre plusieurs dizaines de tonnes par an (de 11 à 86 t de sol/ha/an).
Pollution
La haie est également reconnue pour filtrer les nitrates et dégrader des substances actives par l’action des arbres et arbustes qui la constituent2. Plusieurs études réalisées en Bretagne montrent que les teneurs en nitrates chutent brutalement à proximité de la haie. Citons l’exemple du Saule qui est régulièrement utilisé pour améliorer les sols ou les eaux polluées. Cette essence est reconnue pour fixer et capter de nombreux éléments.
La haie fait partie d’un élément du paysage parmi un ensemble qu’il convient d’analyser au cas par cas. La circulation de l’eau en surface et en profondeur dépend de nombreux éléments liés au site où se trouve la parcelle ainsi qu’à son aménagement. Parmi les principaux facteurs, on trouve la taille de la parcelle, sa forme, la pente, la présence d’une bande enherbée, la position des entrées de champs, le climat, le travail du sol, la nature du sol et du sous-sol.
La haie bocagère joue donc un rôle important pour moduler le flux de l’eau. Son impact pourra varier selon sa position topographique, la saison, le type de haie (présence d’un talus), son état, sa connexion au maillage bocager environnant.
Aménagements bocagers
Ce rôle est pris en compte lors des aménagements bocagers mis en œuvre sur le terrain. Différents programmes d’aides publiques encouragent la plantation de haies bocagères. Comme évoqué précédemment, la haie sera dans la mesure du possible installée sur talus, dans le sens des courbes de niveau et connecter au maillage environnant pour faire obstacle au ruissellement. Pour être efficace, la hauteur du talus sera comprise entre 50 cm et 1 m de hauteur avec une pente d’environ 45 % et une largeur au sommet de 80 cm à 1 m. Le plus souvent, la terre pour le constituer ou le rénover est prélevée sur place, de part et d’autre de l’axe du projet.
En complément, il convient également d’étudier l’emplacement des entrées de champs situées en bas de parcelle pour éviter de canaliser l’eau et de repousser le problème.
Cet hiver, la Chambre d’agriculture de Normandie a accompagné dans le cadre de ses actions bocage, la plantation de plus de 46 km de haies nouvelles plantées par des entreprises spécialisées et remis 26 000 plants d’essences champêtres plantés par les bénéficiaires. Par exemple, dans le département de la Manche, la Fédération des Associations de Boisement de la Manche accompagnée par la Chambre d’agriculture a mis en œuvre 16 km de haies dont 11 km sur talus dans le cadre du programme d’aide du conseil départemental.
Pour planter l’hiver prochain dans le cadre des programmes d’aides à la plantation :
Chambre d’agriculture de Normandie :
Service Biodiversité Boisement AgroEnvironnement.
02 33 06 49 91