SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE
Des mesures encourageantes pour la filière solaire photovoltaïque
La faisabilité économique dépend de plusieurs facteurs (orientation, coût de raccordement au réseau), et en premier lieu de l'adéquation entre le prix de l’installation et le tarif d'achat de l’électricité produite. Hors celui-ci a beaucoup baissé, rendant délicat l'émergence de nouveaux projets. Des décisions récentes pourraient changer la donne.
Suite aux demandes répétées des acteurs de la filière de stopper la baisse trop rapide du tarif de rachat de l'électricité solaire et de répondre à l'urgence économique du secteur (10 000 emplois perdus depuis début 2011), la ministre de l'Écologie Delphine Batho vient de proposer une revalorisation du prix du kWh électrique. Cette proposition permet d'envisager plus sereinement de nouveaux projets.
Un prix de rachat en baisse et une filière qui s’essouffle
- Un prix de rachat diminué de 40 %
Depuis mars 2011 et la mise en place du nouvel arrêté tarifaire, le prix de rachat du kWh a considérablement baissé. La réglementation prévoit une révision possible à la baisse au début de chaque trimestre, pouvant aller jusqu'à - 9.5 % en fonction de la puissance cumulée des projets déposés au cours des 3 mois écoulés. En ce qui concerne les installations sur les bâtiments professionnels, notamment agricoles, la cible trimestrielle prévue par le gouvernement précédent a été systématiquement atteinte, mais de façon moins importante ces derniers mois.Ainsi le prix proposé aux installations de moins de 100 kWc a diminué de 39 % en 15 mois, passant de 28.83 à 17.50 c€/kWh d'avril 2011 à juillet 2012 (tableau 1).
- La filière s’essouffle
Face à cette baisse du prix payé au producteur d'électricité, la filière a adapté ses propositions. Le coût des installations a diminué, surtout à travers la baisse du prix des systèmes photovoltaïques, divisé par 3 en 4 ans. D’autres composantes du coût sont davantage incompressibles et non délocalisables (main d'œuvre, gestion de la dépose du toit, câblages ou systèmes de sous-toitures). Les coûts forfaitaires (coûts de raccordement au réseau par exemple) sont quant à eux en augmentation sensible. Aussi constate-t-on une recherche d'économie d'échelle, et des projets se rapprochant du seuil maximal de 100 kWc (soit aujourd'hui environ 650 m², avec l'évolution actuelle des rendements). Dans ces conditions, il est possible d'obtenir des offres techniques de qualité à moins de 1.70 €/Wc.Selon l'arrêté en vigueur, une nouvelle baisse de 9.5 % était prévisible à compter du 1er octobre dernier, soit 15.84 c€/kWh pour les centrales de moins de 100 kWc (16.67 c€ en dessous de 36 kWc). A ce niveau de rémunération de l'électricité et aux conditions commerciales actuelles, le temps de retour sur investissement deviendrait supérieur à 12 ans. Le prix d'objectif à viser pour une centrale devrait être inférieur à 1.40 €/Wc pour retrouver les temps de retour de 9 ans de début 2012. Un prix incompatible aujour-d'hui avec une offre de qualité et le maintien des emplois dans la filière.
Vers une reprise des projets ?
Lors de la conférence environnementale (14 et 15 septembre 2012), le gouvernement a annoncé des mesures immédiates de soutien aux énergies renouvelables. Concernant la filière photovoltaïque, outre la poursuite des appels d'offres pour les centrales de plus de 100 kilowatts, il s’agissait pour les petites installations (≤ 100 kWc) de :
- revoir de façon significative à la hausse les volumes cibles de développement ;
- relever le tarif d’achat pour la majorité des installations non résidentielles grâce à une bonification de 10 % accordée en fonction de l’origine des panneaux ;
- de plafonner la baisse annuelle des tarifs à 20 %.
Le 1er octobre, le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a présenté un communiqué de presse complétant ces mesures en annonçant la saisine du Conseil Supérieur de l’Énergie et de la Commission de Régulation de l’Énergie d’un projet d’arrêté portant le tarif de rachat à 18,4 c€/kWh pour les installations de 36 à 100 kWc en intégration au bâti simplifiée.Le plafonnement de la baisse annuelle à 20 % devrait en outre logiquement conduire à un gel des prix de rachat des installations sur les bâtiments agricoles, celle-ci ayant été supérieure ces 12 derniers mois. Notons que l'application stricte de cette règle au tarif 36-100 kWc aurait dû conduire à une revalorisation à hauteur de 18.88 c€/kWh pour ce trimestre, le tarif ayant été de 23.61 c€ entre le 01/10 et le 31/12/2011.En tout état de cause, la revalorisation des tarifs était devenue nécessaire (tableau 2) pour assurer une faisabilité économique des projets, et ainsi la sécurisation de l’activité des entreprises et la préservation des emplois (dont une grande part sont locaux et non délocalisable : couvreurs, électricité, ingéniérie, travaux publics, industrie de l'électrotechnique).Si les décisions annoncées sont rapidement appliquées (la publication d'un arrêté au JO est nécessaire, et la date d'application effective des mesures n'est pas connue à la date de rédaction de cet article), de nouveaux projets devraient pouvoir voir le jour, essentiellement dans le cas de projets de bâtiments neufs nécessaires au développement de l'entreprise, plutôt de grande taille. Des économies d'échelle sont nécessaires pour obtenir une proposition technico-commerciale intéressante et absorber les coûts de raccordement et de fixation sur la charpente. La centrale permet ainsi de diminuer la charge économique liée à cette modernisation. Une autre voie pourrait consister en la pose d'une centrale à l'occasion d'une rénovation de toiture qui deviendrait inévitable.
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Date : 1er février 2013.
Lieu : Le Neubourg (27) (possibilité d’autres localisations en fonction des inscrits).
Renseignements et inscriptions : brigitte.rossignol@agri-eure.com - 02 32 78 80 30.