Solidarité internationale
Deux Jeunes agriculteurs normands au Mali
A la demande du réseau Agriculteurs français et développement international (Afdi), Alexis Graindorge, éleveur au Menil-de-Briouze (61) et Antoine Thomas, conseiller en élevage dans le sud Manche, ont partagé au Mali l’expérience des Points accueil installation. Du 21 au 28 juin,le président et le trésorier des Jeunes Agriculteurs de Normandie y ont notamment rencontré les Jeunes Ruraux de la région de Koulikoro où se trouve la capitale, Bamako.
A la demande du réseau Agriculteurs français et développement international (Afdi), Alexis Graindorge, éleveur au Menil-de-Briouze (61) et Antoine Thomas, conseiller en élevage dans le sud Manche, ont partagé au Mali l’expérience des Points accueil installation. Du 21 au 28 juin,le président et le trésorier des Jeunes Agriculteurs de Normandie y ont notamment rencontré les Jeunes Ruraux de la région de Koulikoro où se trouve la capitale, Bamako.
>> Qu’est-ce qui vous a décidé à accepter ce déplacement au Mali ?
Alexis Graindorge : Cela fait quelques années que je suis à l’Afdi en tant qu’administrateur. Cette mission, qui concernait plus particulièrement les jeunes ruraux, avait du sens par rapport à mon engagement à JA.
Antoine Thomas : Aller à la rencontre d’autres jeunes dans un autre pays était hyper intéressant pour moi. J’avais aussi envie de me vider la tête en changeant d’environnement. Et l’expérience a été à la hauteur de mes attentes !
>> Comment expliqueriez-vous la situation des JA au Mali ?
AT : Les jeunes agriculteurs que nous avons rencontrés sont motivés et entreprenants mais se trouvent dans des situations difficiles. Le travail agricole est rarement mécanisé. Ils ne sont pas toujours reconnus ni écoutés dans le cercle familial. Ils sont souvent isolés, enclavés. Mais ils m’ont paru avides d’apprendre et de s’informer. Ils prennent goût aux échanges entre pairs via les centres de ressources créés avec le soutien d’Afdi au Mali. Nous avons ainsi vu les prémices d’organisations de jeunes autour du métier d’agriculteur. Ces organisations doivent être confortées.
AG : Au cours de cette mission de huit jours, j’ai rencontré des jeunes avec deux profils différents. Certains sont dans la continuité de leurs ainés alors que d’autres portent des projets agricoles professionnels. La diversification est pour eux un moyen de sécuriser leur revenu sur la ferme. Souvent, ces derniers ont eu l’opportunité d’étudier ou de travailler à l’étranger avant de s’installer.
>> Qu’est-ce qui vous a frappé ?
AG : Nous avons rencontré des jeunes qui ont bénéficié de formations ou d’accès aux informations grâce à l’Afdi. Ils ont découvert de nouvelles manières de travailler et ont envie de les partager.
AT : Pour ma part, ce serait le parcours d’installation des jeunes au Mali. Les uns restent sous la tutelle du chef de famille jusqu’au décès de celui-ci. D’autres utilisent les terres de la famille comme ils le souhaitent en saison sèche*. Nous avons aussi rencontré des jeunes qui ont en responsabilité la gestion d’un atelier. J’ai aussi trouvé géniale la pratique du maraîchage sur des bacs d’aquaculture que j’ai découvert dans un centre de formation à Bamako.
AG : J’ai aussi pu constater les difficultés d’accès au financement pour les jeunes avec des taux d’intérêts faramineux (10 % à 18 %), des durées de crédit de 3 à 5 ans maximum et des garanties difficiles à satisfaire. Les banques sont frileuses pour prêter au monde paysan.
>> Avez-vous des problématiques communes avec les jeunes agriculteurs du Mali ?
AT : Nous avons un enjeu commun de renouvellement des générations en agriculture, même si les raisons sont différentes. Au Mali, les jeunes s’en vont parce qu’ils ne sont pas reconnus professionnellement.
AG : Le foncier m’apparaît la thématique la plus proche avec, souvent pour les jeunes, la nécessité d’augmenter la valeur ajoutée à l’hectare comme alternative à l’agrandissement. Certains jeunes au Mali développent ainsi des ateliers d’aviculture ou de pisciculture. J’ajouterais le changement climatique auquel ils sont déjà durement confrontés. n
* saison sèche. La région de Koulikoro au Mali connaît deux saisons principales: la saison de pluie de juin à septembre, aussi appelée hivernage, et la saison sèche d’octobre à mai désignée « contre-saison »