Dominique Bayer : “ils nous ont envoyé les CRS !”
Interview du président de la section viande bovine de la FDSEA de l’Orne.
Que retenez-vous de cette action initiée par la FNB ?
Je retiens que le dialogue avec la distribution est impossible. Pour preuve, alors que nous étions 130 participants, 180 CRS étaient dissimulés dans les arrières du magasin pour interdire l’accès aux frigos. Cela veut dire deux choses : la distribution est prête à discuter mais n’est pas en mesure de fournir les preuves de sa bonne foi, sinon, ils nous auraient ouvert leurs frigos pour que l’on se rende compte par nous-mêmes de la provenance française de leur viande. L’autre enseignement, c’est que les pouvoirs publics sont complices des distributeurs, pour ne pas dire aux ordres. Comment expliquer autrement un tel déploiement de forces de l’ordre comparé au nombre manifestants ?
N’y a-t-il rien de positif à en retirer ?
Ah si ! La réaction de la distribution et des forces de l’ordre démontre que notre combat est juste. Quand on n’a rien à cacher, on le montre. Or, c’est le contraire qui se passe. Nous avons donc visé juste en dénonçant le comportement des acheteurs de la distribution. L’autre point qui peut nous rassurer, c’est la disproportion entre les manifestants et les forces de l’ordre. Cela signifie que les pouvoirs publics et les distributeurs prennent au sérieux les mouvements d’humeur des éleveurs. C’est une arme dont nous pourrons nous servir.
Que cherchiez-vous en vous rendant dans ce magasin ?
Nous cherchions à vérifier la provenance des viandes. Les cours de la viande bovine sont bas. Ils ont perdu 50 centimes sur le début d’année par rapport à l’an passé. Et l’embargo russe n’avait pas encore été décrété !
Pourtant les fondamentaux du marché sont les mêmes : production et consommation ont peu évolué. Les prix à la consommation n’ont d’ailleurs pas baissé. Quelque chose ne marche pas dans cette filière et nous soupçonnons des achats à l’étranger. On ne nous a pas laissé le vérifier. Cela suffit à démontrer que nos soupçons sont fondés.
D’autre part, le ministère de l’agriculture a lancé au printemps le logo « viande bovine française » pour identifier les produits en rayons, il n’est quasiment pas utilisé alors qu’il répond à une demande des consommateurs. Pourquoi l’origine de la viande mise en rayon n’est-elle pas indiquée ?
Et maintenant ?
Nous demandons une table-ronde, des états généraux de la filière viande avec les distributeurs et les pouvoirs publics pour retrouver des flux commerciaux plus normaux et des prix en rapport avec nos coûts de production.
Faute de quoi des actions du même type pourraient bien se multiplier sur le territoire national.