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Du pain pour les vaches

Agri’pain, atelier de réinsertion, propose un recyclage peu connu. Celui du pain. Les employés de l'association « Revivre » transforment ainsi le pain dur en mouture pour les vaches laitières, ou comment éviter le gaspillage.

© SL

Récupérer le pain invendu auprès des boulangeries ou des grandes surfaces. Le transformer en moutures. Et le revendre aux agriculteurs comme nourriture pour les vaches laitières. C'est la mission d'Agri’Pain.
La société basée à Colombelles a été choisie pour représenter la Normandie au prix de l'économie sociale et solidaire. Bien qu'elle n'ait pas reçu les faveurs des Internautes (le prix était soumis à un vote sur Internet), les 11 salariés en réinsertion sont sur le pied de guerre chaque matin pour faire l'une des 9 tournées hebdomadaires et le tour des 230 points de collecte. Il faut également trier les différents pains, séparer les viennoiseries, enlever les emballages, trancher chaque baguette, les broyer et les enfermer dans des grands sacs d'une tonne. Chaque ouvrier est polyvalent, et réintègre ainsi doucement le monde du travail. « Agri’pain est l'un des cinq chantiers d’insertion proposés par l'association  « Revivre », explique Antony Guyon, le directeur Adjoint de l'association. Créée en 1974, elle a, d'abord, vocation à trouver des hébergements d'urgence, ou pour du plus long terme. Vient ensuite l’insertion professionnelle. Avec des ateliers où travaillent une vingtaine de personnes ou sur des chantiers, avec une cinquantaine de salariés.

Forte demande auprès des agriculteurs
En novembre prochain, une entreprise d'insertion devrait également ouvrir ses portes dans le domaine du bâtiment. Les ouvriers sont donc « des chômeurs de longue durée, souvent peu ou pas qualifiés » et restent de 4 mois à deux ans avec des CDD d'Insertion.
Agri’Pain, ce sont donc 250 tonnes de pains collectées sur l'année 2017, 190 tonnes de moutures produites soit un rendement de 1,5 tonne par jour. « L'atelier est dimensionné pour pouvoir traiter trois tonnes de pain par jour, c'est donc l'objectif d'ici 2019. » Agri’Pain tente donc d'élargir son territoire de collecte. Après toute l'agglomération de Caen la Mer et Coeur de Nacre, les boulangeries de Bayeux, Vire, Cabourg et de plusieurs villes de la Côte du Pays d'Auge devraient participer aux dons de pains. Côté acheteurs, Antony ne s'en fait pas. « J'ai un appel par mois d'un agriculteur qui voudrait acheter notre production. Et je ne peux lui fournir car tout est vendu ! »
C'est François David qui achète la production. Agriculteur à la SCL de la Felière (vaches laitières) , il connaissait la formule et faisait déjà appel à l'association « Pain contre la faim » qui utilisait le même principe, mais qui a dû fermer ses portes. Alors quand l'association a repris l'idée et lancé l'atelier en 2016, François n'a pas hésité et s'est engagé à prendre toute la production. « Ce n'est pas forcement qu'une question de coût (160 euros la tonne auxquels il faut ajouter 10 euros pour le transport), j'aime la philosophie de l'initiative. C'est important de nos jours de lutter contre le gaspillage et d'aider les gens quand on peut le faire.»
De plus, « le fait de cuire l'amidon va le rendre plus rapidement disponible. Ça peut être à double tranchant avec une ration acidogène mais l'an dernier par exemple, nous avions récolté un maïs très sec avec des amidons de maïs très aboutis donc pas forcément très digestes. C'est donc un amidon rapidement fermentescible dans la panse qui manquait aux vaches, et donc la farine de pain a très bien collé. Quand on l'a introduit dans les rations (1kg/1.5 kg par vache) on a gagné un litre de lait par vache et sur le taux de matière protéique. En novembre, nous tournions autour de 32 en TP et on a fait que d'augmenter tout l'hiver pour arriver à 35 au printemps. » Alors oui, François le conseille mais « pas trop non plus, sinon je n'en aurais plus ! » plaisante-t-il.   
Pour le moment, l'atelier Agri’Pain
ne cherche donc encore pas de nouveaux clients, mais Antony Guyon « cherche un éleveur de porcs dans la région qui serait intéressé pour récupérer les pains moisis et les viennoiseries qui ne peuvent entrer dans la composition de la mouture pour les vaches laitières (à cause de la présence de matière animale). Et le prix ne sera pas excessif. Pour le moment, cela part à la poubelle...»
Evitons donc le gaspillage !

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