Vénerie
Easy Lee chasse les blaireaux à Magny-la-Campagne
Dans le Calvados, l’Association française des équipages de vénerie sous terre vient en aide aux agriculteurs impactés par les dégâts de blaireaux. Ces chasseurs atypiques perpétuent une tradition cynégétique dont l’acteur principal est le chien. Samedi 1er août, ils sont venus à Magny-la-Campagne, à la demande des agriculteurs.
Dans le Calvados, l’Association française des équipages de vénerie sous terre vient en aide aux agriculteurs impactés par les dégâts de blaireaux. Ces chasseurs atypiques perpétuent une tradition cynégétique dont l’acteur principal est le chien. Samedi 1er août, ils sont venus à Magny-la-Campagne, à la demande des agriculteurs.
À Magny-la-Campagne, Flavien Fache constate régulièrement des dégâts de blaireaux dans ses parcelles de maïs et de blé. Cette année, il a décidé de faire appel à Michel de Mézerac, le délégué pour le Calvados de l’Association française des équipages de vénerie sous terre (AFEVST). Cette association nationale compte 1 200 équipages et prélève environ 350 animaux par an dans le Calvados. Le blaireau, classé dans la catégorie du gibier, se déplace la nuit, « il n’y a que les chasseurs sous terre qui peuvent les chasser, salue Clément Lebrun, élu Chambre d’agriculture dans le Pays d’Auge, et il y en a beaucoup dans notre secteur ». « Depuis peu, on découvre des garennes, ou terriers en plein champ, confirme Michel de Mézerac, c’est nouveau ». Culotte coupe Saumur, cravate et gilet en velours, avec épingle aux couleurs de l’équipage, « dans cette tradition, dont l’origine remonte à Charlemagne, chaque équipage se distingue par une tenue vestimentaire et une épingle de cravate qui lui est propre », révèle le veneur. Ils chassent une journée par semaine et sillonnent le département, toujours à la demande d’agriculteurs, de collectivités ou de forestiers.
Easy Lee sous terre
Jean-Marc Gaultier, vice-président de l’association de chasse communale de Magny-la-Campagne a recensé les garennes dans la commune. Le premier arrêt se fait dans une parcelle de blé. Deux cavités, qu’on appelle gueules, dans le jargon, indiquent la présence des animaux. Ils sont proches de la haie qui est bordée d’une route. L’intervention est délicate, les chasseurs décident de « lâcher Easy Lee ». Cette petite Parson terrier est particulièrement aguerrie et sait rester calme. Son maître la dépose près de la garenne où elle disparaît en un rien de temps. « La chienne travaille », déclare le maître d’équipage. Pendant plusieurs minutes, on n’entend plus rien. Les chasseurs tendent l’oreille sur une barre à mine qu’ils plantent à différents endroits pour entendre les aboiements. « Elle donne », crie Michel de Mézerac pour indiquer qu’il les perçoit. Le chasseur explique : « la mission de la chienne est d’emmener le blaireau vers un accul, c’est-à-dire un cul-de-sac. À ce moment-là, nous creusons derrière elle pour l’atteindre puis prendre l’animal, à la main ou avec une pince non vulnérante, qui ne blesse pas ». Les chasseurs creusent une première fosse. Fausse alerte, le blaireau n’est plus là. Sous terre, Easy Lee poursuit sa course. Elle ressort au bout d’une heure, assoiffée, visiblement blessée par un coup de patte. Le chasseur analyse : « le blaireau s’est particulièrement bien défendu et ses ruses ont eu raison du travail de la chienne ; sans doute s’est-il contre terré, s’isolant du reste du terrier en érigeant une cloison de terre, grâce à ses pattes musculeuses armées de griffes longues et puissantes ».
Éthique de chasse
Ce jour-là, « les blaireaux ont été meilleurs que nous… nous les avons manqués », informe le chasseur par SMS le lendemain. La vénerie sous terre « est très technique et très physique, poursuit-il, former un chien est très long. Tant que le blaireau n’est pas acculé, on ne peut pas le chasser. Nous prenons en moyenne lors de deux chasses sur trois ». Les chasseurs remblaient avant de partir, « nous signons une charte de bonnes pratiques, on remet tout dans l’état initial, c’est essentiel. Nos chiens ont bien travaillé, nous sommes contents ».
Les dégâts de blaireaux ne sont pas aussi manifestes que ceux des sangliers, « mais bout à bout, ça chiffre », déplore Clément Lebrun, élu à la Chambre d’agriculture du Calvados. Flavien Fache, cultivateur à Magny-la-Campagne a fait ses comptes. En 2016, il a perdu au total un hectare de maïs. Le mammifère omnivore apprécie particulièrement les panouilles de grain de blé et les grains de maïs à l’état laiteux. « C’est important qu’il y ait des chasseurs qui s’occupent des blaireaux », déclare Clément Lebrun qui salue ces bénévoles auxquels les cultivateurs peuvent faire appel. « On les soutient, poursuit l’élu, quand on voit les dégâts occasionnés sur les sols, mais aussi matériels ». Il prévient toutefois, « la chasse n’est pas possible partout, ça dépend du type de sol et de la configuration des lieux ». Les agriculteurs impactés doivent contacter la DDTM et remplir une déclaration.
Michel de Mézerac demande aux agriculteurs de ne pas détruire les jeunes garennes avant la venue de l’équipage. Il les invite, ainsi que les riverains, à les accompagner pour « découvrir cette chasse et nous prêter main forte ».