Remembrement
Économies de temps et d'argent pour les agriculteurs
Remembrement
A Picauville, la procédure d'aménagement foncier a duré dix ans avec à la clé une vie plus facile pour les agriculteurs.

DDAF, APAF, élus et Chambre d’Agriculture plaident pour un foncier restructuré en respectant l’environnement.
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EC

Une cinquantaine de personnes à la réunion de Picauville, dont certaines mitigées sur les avantages de l’aménagement foncier.
Ne dites surtout pas “remembrement”! L’association pour la promotion de l’aménagement foncier et rural (APAF) ne veut plus entendre parler de ce mot; elle lui préfère le doux langage “d’opération foncière”. A Picauville, mardi 9 décembre, tous les protagonistes étaient sur place pour faire le point, quatre ans après sa fin d’un aménagement qui aura duré dix ans.
Plus de facilité
Ludovic Viel, installé en individuel, et dont la majeure partie des terres se situe sur Picauville, avoue sa satisfaction, “mes 85 ha étaient répartis sur beaucoup de petites parcelles. Le regroupement de mes terres me permet, par exemple, de sortir et rentrer mes laitières, seul”. Autre atout, par ces temps de crise énergétique, moins de déplacement en tracteur. Philippe Catherine, maire de la commune, lui, se souvient des dix années nécessaires pour arriver à un bon résultat. “Nous l’avons lancé en 1994. Le projet a ensuite été bloqué pendant trois pour vice de forme par rapport à la loi sur l’eau. La procédure a ensuite suivi son cours en passant par Caen, Nantes et le Conseil d’État”. Pas forcément une partie de plaisir pour les élus, mais comme le souligne Philippe Catherine, “tout s’est plutôt bien passé, nous n’avons pas enregistré beaucoup de réclamations”.
Donne environnementale
Soyons clairs, pas question d’entrer dans le débat “pour” ou “contre”. La restructuration foncière de Picauville était indispensable “pour optimiser la gestion de l’espace et remettre à niveau la compétitivité des exploitations agricoles” lâche Philippe Ripouteau, conseiller général de St Sauveur le Vicomte et président de l’APAF. Du côté des techniciens spécialisés de la Chambre d’Agriculture, Hugues Lallemand, Sylvain Lebain ou encore Eddy Cléran, “Cet aménagement du parcellaire contribue fortement à diminuer les charges de mécanisation et donc à maîtriser les coûts de production, élément de plus en plus nécessaire pour faire face à l’évolution de la volatilité des prix de vente”. Chiffres à l’appui, la Chambre d’Agriculture démontre que sur la consommation de carburant, les écarts vont du simple au double dans des exploitations à superficie identique, “89 euros/ha pour la structure la plus économe, 136 euros pour une exploitation plus “énergivore”.
Autre point qui a son importance, la concurrence de l’urbanisation. La Manche perd en effet près de 3000 ha de SAU par an. “Nous devons optimiser la gestion de l’espace rural pour éviter de pénaliser le potentiel productif agricole”.
Enfin, pas question d’oublier l’environnement, “l’aménagement foncier s’intègre totalement dans le cadre du Grenelle de l’Environnement et à l’échelon départemental par le programme de développement durable de “Planète Manche” (Conseil Général)”.Picauville
Chiffres clés
Lors de la restructuration foncière de Picauville :
- Six enquêtes publiques ont été organisées.
- 25 agriculteurs et 800 propriétaires concernés
- 2110 parcelles visitées, sondées et estimées en productivité agricole
- 6 classes pour les terres valorisées de 10000 à 5000 points par hectare. 4 pour les près, de 8500 à 4000 points. 5 pour les pré-marais de 7000 à 3500 points.
- 11 réclamations en commission départementale.
- Aucun recours devant le Tribunal administratif
- La surface est passée de 1356 à 1381 ha
- 7500 bornes ont été posées
- La surface moyenne d’un îlot de propriété a augmenté de 37%, passant de 1, 41 à 1,93 ha. La surface moyenne de la propriété étant de 3,10 ha.
- 55% des propriétés maintenues dans leurs limites initiales
- 9 jours sur le terrain pour estimer 1026 arbres sur 44 kilomètres de haies changeant de propriétaires. Au final 781 arbres conservés.
- 2000 mètres de fossés agricoles créés
- 29,5 kilomètres de haies supprimées, 12 kilomètres replantés
- Coût total des travaux : 969 866 euros.