Eleveur en difficulté : une peine foncièrement double
La saisie de terres d’agriculteurs en difficultés peut mener à des dérives. Dans le Calvados, un liquidateur a vendu des terres à un prix nettement inférieur au marché. Les créanciers sont remboursés, mais l’agriculteur peut se sentir floué.
Lorsque des terres sont en vente, la concurrence est traditionnellement rude. Dans le Calvados, une vente est pourtant passée inaperçue dans un premier temps. Parmi les conséquences de la crise agricole actuelle, des exploitants en situation financière désespérée subissent de la part des organismes bancaires des opérations de saisie judiciaire.
Un hectare à moins de 3 000 €
14 hectares ont ainsi été vendus aux enchères. Selon nos sources, les terres ont été adjugées moins de 3 000 euros. Cette terre est pourtant estimée à 8 000 € minimum. La somme récoltée a remboursé la dette de l’agriculteur. À ce tarif, la vente semble s’être déroulée avec une faible publicité. D’ailleurs, les 14 ha concernés n’ont pas été acquis par un agriculteur. “Dans le cadre de cette procédure, des terres saisies ont été proposées à la vente par le liquidateur à des prix fortement dévalués et très loin des prix de marché observés par la SAFER. Un agriculteur, déjà rendu à la situation extrême de la saisie sur bien et voyant son outil de travail fortement amputé, subit dès lors une double peine par la spoliation de son patrimoine et la baisse de son prix”, fustige la FDSEA du Calvados.
Dans la légalité
Même si dans ce genre de situation, l’éleveur peut se sentir dépouillé de son bien, la procédure s’avère parfaitement légale.
Un moindre mal, la Safer a préempté pour maintenir ces terres dans le giron agricole. Mais la préemption s’exerce au prix de vente. Dans un cadre légale, faire profiter l’éleveur de son capital foncier n’est pas gagné. La Safer tente actuellement de trouver une solution.
Passer ce cap dans la dignité
La FDSEA craint que ce problème ne se reproduise. “Nous souhaitons que tout soit fait pour que de telles situations ne se reproduisent plus et que, rendu à de telles extrémités aux conséquences lourdes, un agriculteur puisse passer ce cap dans la dignité”, insiste le syndicat.