INTERVIEW
Eric Fleury, vice-président de JA 61 : " Je suis mordu de lait et d’installation "
À 33 ans, Éric Fleury s’est installé deux fois. Il produit désormais du lait AOP en individuel, à Fontenai-sur-Orne. Eric Fleury est passé par toutes les échelles du syndicat jeune, du canton au national. Il fait partie des doyens du bureau départemental, dont il est désormais vice-président.
À 33 ans, Éric Fleury s’est installé deux fois. Il produit désormais du lait AOP en individuel, à Fontenai-sur-Orne. Eric Fleury est passé par toutes les échelles du syndicat jeune, du canton au national. Il fait partie des doyens du bureau départemental, dont il est désormais vice-président.
>> Éric Fleury, qui êtes-vous ?
Je suis fils d’agriculteurs. Mes parents sont installés dans le Perche. Mon père a été salarié d’une exploitation laitière, il m’a fait découvrir le lait. J’en suis mordu. J’ai suivi une 4e et une 3e technologiques à Giel, puis un Bepa toujours à Giel et un BPREA à Canapville. Après mes études, j’ai été salarié huit mois de l’exploitation de Don Bosco. J’ai ensuite travaillé trois ans dans un Gaec à Silly-en-Gouffern avant de remplacer un des associés. Je suis resté près de huit ans dans le Gaec, en production lait AOP, viande et grandes cultures. J’en suis parti pour raison d’entente. J’ai travaillé six mois dans une ETA avant de me réinstaller ici à Fontenai-sur-Orne.
>> Comment avez-vous trouvé cette exploitation ?
Par le bouche-à-oreille. La ferme était en vente exclusive dans une agence immobilière. Je cherchais une production en lait AOP, car c’est la partie que je gérais dans mon ancien Gaec. Je sais comment faire. Je voulais une exploitation dans le secteur d’Argentan, car mes deux filles vont à l’école là-bas et je suis divorcé. J’ai changé de laiterie et je livre désormais chez Gillot. Comme c’est ma deuxième installation, j’ai pu intégrer Gillot et augmenter ma référence grâce au créneau lait de foin. Je garde un salarié, je produis 550 000 l. J’envisage d’investir dans un séchoir en grange.
>> Comment avez-vous commencé les Jeunes agriculteurs ?
Comme beaucoup, j’ai démarré bénévolement pour organiser une Fête de la terre, celle de Mortagne, en 2006. J’avais 18 ans. Je ne connaissais pas tout le syndicalisme. Comme je voulais m’installer, j’ai été sensible au combat de JA sur l’installation. Ça m’a plu, je me suis investi. En 2007, je suis entré administrateur du canton. Sous la mandature de Guillaume Larchevêque, je suis entré dans la commission installation. On a travaillé sur les stages, la DJA. Je suis resté un mandat suppléant puis deux autres titulaire. Ça passe vite…
>> Et vous n’êtes pas resté qu’à l’échelle du département.
J’ai été vice-président de JA de Normandie, responsable du dossier installation. J’ai pu voir comment le sujet est traité aux deux échelles. Je suis aussi responsable de la commission lait à JA national. Je ne suis pas à l’installation, car j’ai toujours aimé le lait et c’est un dossier que j’ai moins travaillé. Mais après j’arrête JA national : avant, nous étions deux en Gaec. Maintenant, je suis tout seul, je ne peux pas m’absenter plus d’une journée par semaine. Pour le nouveau mandat de JA Normandie, je suis administrateur.
>> À l’échelle du département, vous avez aussi laissé le dossier installation. Pourquoi ? Comment voyez-vous votre nouvelle mission ?
Il faut savoir laisser la place. Maxime Vaugeois me remplace. Il est aussi mordu par le sujet. Je reste au bureau en tant que vice-président pour seconder Jean-Baptiste Goutte, l’appuyer sur des sujets, le remplacer aux rencontres auxquelles il ne peut pas aller. Si je devais donner un conseil aux JA qui démarrent, ce serait de ne pas hésiter à poser des questions. Il n’y a pas de question bête. JA a le droit de se tromper, nous sommes là pour apprendre et faire évoluer les dossiers pour les jeunes.
>> Est-ce que ce sera votre dernier mandat ?
Oui. Je pourrais encore en faire un, car je serais à la limite d’âge mais ce sera le dernier. En tant que vice-président, je vais quitter JA en douceur, sans gros dossier en main. Je n’aurai pas la sensation du travail inachevé. S’il y a une chose que j’aimerais faire, ce serait organiser les Terres de Jim dans l’Orne, en 2022. J’essaie de motiver l’équipe. J’ai commencé en tant que bénévole avec la Fête de la terre, alors j’aimerais finir avec une fête nationale. JA est une école de formation pour les jeunes qui s’engagent, on apprend ce qu’est le syndicalisme, à défendre les dossiers, à côtoyer des élus, à rencontrer des jeunes du canton et de la France entière. Nous les jeunes, nous sommes les mieux placés pour parler de notre métier, montrer que l’agriculture n’est pas néfaste pour l’environnement et qu’elle est pleine d’avancées techniques.