ETA : faire passer les hausses aussi
Hausse des cours de l’acier qui génère une hausse du prix des matériels agricoles, hausse du prix des carburants, hausse des minimas salariaux indexés sur l’augmentation du Smic..., les ETA (Entreprise de Travaux Agricoles) se voient aussi dans l’obligation de revoir leurs tarifs à la hausse.
Hausse des cours de l’acier qui génère une hausse du prix des matériels agricoles, hausse du prix des carburants, hausse des minimas salariaux indexés sur l’augmentation du Smic..., les ETA (Entreprise de Travaux Agricoles) se voient aussi dans l’obligation de revoir leurs tarifs à la hausse.
« Une ensileuse, c’est 115 à 120 litres de consommation en instantané, 1 000 à 1 200 litres par jour et elle ne consomme pas qu’au champ. Elle est gourmande aussi sur la route ». Michel Letourneur, vice-président d’EDT Normandie qui tient son assemblée générale vendredi 28 janvier 2022 au Casino de Luc-sur-Mer (14), est aussi entrepreneur de travaux agricoles à Landepéreuse (27). A l’aise au volant de ses machines toujours plus sophistiquées et au service d’une agriculture toujours plus exigeante, il sait aussi manier la calculette. « En quelques mois, le prix du GNR (Gazole Non Routier) a augmenté de plus de 40 %. Il est passé de 0,75 euro/l début 2021 à 1,05 euro/l en très peu de temps et ce n’est toujours pas fini ». Une augmentation du prix du plein du réservoir, alors que les rendements en maïs ont été bons donc les chantiers plus énergivores.
+ 1 euro la boule
Le GNR ne constitue que la partie visible de l’iceberg. Le film d’enrubannage a lui aussi flambé de 30 à 40 %. « Pour les derniers chantiers réalisés en octobre, j’ai fait passer une augmentation d’1 euro/boule». Autre envolée, celui du prix des pièces détachées (+ 30 à 40 % également), alors que l’hiver est propice à l’entretien du matériel. En cause, la flambée des cours de l’acier qui a pris + 80 % sur le premier trimestre 2021. « Cette situation met en difficulté de nombreuses entreprises, s’alarmait Gérard Napias (président de la FNEDT) en novembre 2021. Elles ont besoin d’augmenter leurs tarifs de 8 à 15 % selon les types de travaux et la quantité de carburant nécessaire à leur bonne exécution ». Si Michel Letourneur a pris le taureau par les cornes il y a déjà plusieurs mois, ce n’est pas le cas de toutes les entreprises de travaux agricoles et ruraux. Elles sont plus de 1 000 en Normandie pour un vivier d’emplois de plus de 2 700 collaborateurs.
A cette course inflationniste, peut se greffer une autre problématique, celle de la disponibilité. Michel Letourneur avoue avoir eu de la chance. L’an dernier, il a renouvelé trois tracteurs d’un coup, mais sur une liste de matériels disponibles proposés par un concessionnaire. Le vice-président d’EDT Normandie pense à ses collègues qui n’ont pas eu cette chance. « Commander un tracteur dont on a besoin aujourd’hui pour être livré dans 8 mois, c’est très pénalisant ». Les délais de livraison, habituellement de 2 à 3 mois, sont désormais portés à 8-12 mois.
En peine de recrues
C’est dans ce contexte qu’EDT Normandie va se pencher, vendredi 28 janvier, sur l’avenir de ses adhérents. La gendarmerie interviendra sur la réglementation routière agricole et Michel Lafont (directeur du pôle économique à la Chambre régionale d’agriculture) sur l’impact de la PAC 2023-2027 dans le pilotage au quotidien des ETA. L’occasion peut-être d’explorer de nouvelles pistes de prestations au service de l’environnement. Binage robotisé, pulvérisation par drone, tracteur ou autre automoteur sans pilote (...), les ETA doivent investir tous les champs du possible, surtout ceux de demain.
Un focus sera également porté sur l’emploi. « En plus des soucis économiques, nous sommes confrontés à de grandes difficultés de recrutement. Le secteur affiche pourtant une hausse de ses effectifs, à près de 106 000 salariés (+ 3 %), mais l’évolution concerne surtout des saisonniers », souligne Gérard Napias. « Aujourd’hui, peu de jeunes envisagent de faire toute leur carrière professionnelle dans la même entreprise », regrette Michel Letourneur. Un regret parce que les jeunes collaborateurs d’aujourd’hui sont potentiellement les futurs repreneurs de demain et quelques outils sont ou seront bientôt à reprendre en Normandie.