Favoriser le maintien du bocage
L’association, créée par des agriculteurs, commercialise les plaquettes de bois bocager dans la Manche.
Elle joue le rôle d’interface entre les producteurs, majoritairement exploitants agricoles, et les utilisateurs de bois déchiqueté, collectivités, entreprises, ou encore les particuliers. Comme le rappelle le président, Thierry Couetil, “notre but est de redonner une valeur économique à la haie et de motiver les exploitants agricoles du territoire, afin qu’ils entretiennent le bocage pour assurer son maintien”. Association de loi 1901, crée en 2006 par des membres de la Cuma Ecovaloris, son conseil d’administration réunit en effet, parmi les membres fondateurs, des agriculteurs utilisateurs de bois déchiqueté sur leur propre exploitation (chaudière ou paillage). Ces agriculteurs ont souhaité faire profiter de ce système d’autres chaudières sur leur territoire pour des particuliers et des collectivités, en rapprochant utilisateurs et producteurs-agriculteurs (bois énergie local issu de l’entretien durable des haies). Une dynamique de territoire s’est créée, resserrant ainsi les liens entre agriculteurs et habitants du territoire. Cette filière en circuit court, permet de rémunérer l’entretien du bocage. L’association s’est donc développée en parallèle avec l’approvisionnement des chaudières à bois déchiqueté depuis 10 ans dans la Manche, avec notamment la volonté d’élus qui ont installé ce système dans leur collectivité (comme le Conseil départemental par exemple).
Les chiffres d’aujourd’hui
Le rayon d’approvisionnement entre la chaudière et l’origine du bois déchiqueté est de 20 km maximum (distance moyenne aller des livraisons : moins de 10 km). Haiecobois a démarré sa première année avec 70 T de copeaux vendus en 2006, et c’est maintenant près de 3 000 T de bois déchiqueté sec commercialisé pour l’hiver 2014/2015, dont 250 T pour le paillage des particuliers, des collectivités et professionnels. Aujourd’hui, un réseau de 13 plateformes (dont 2 en partenariat avec le STEVE et l’ADEN), alimentées par plus de 120 agriculteurs, permet l’approvisionnement de 37 chaufferies en bois sec, de moins 500 kW de puissance. Parmi les chaudières approvisionnées, 16 collèges de la Manche, dont 3 depuis 2009.90 % du bois commercialisé est stocké sur les plateformes ce qui permet d’assurer le contrôle qualité et de mieux gérer les livraisons. Le déchiquetage, phase délicate pour la qualité du copeau sec, est assuré par la déchiqueteuse à grappin de la Cuma Ecovaloris principalement. D’autres Cuma sont également impliquées dans le stockage et dans les livraisons (Catteville, Sideville, Gieville, Husson, St-Jean de Daye, St-Sauveur-Lendelin), un lien fort existant lié à l’origine de la création de l’association et permettant d’utiliser des outils déjà en place ou de conforter des emplois. L’animation de l’association est toujours en partenariat avec la Fédération des Cuma de Basse-Normandie.
La vente du bois de bocage pour l’agriculteur dans la filière bois déchiquetée
Pour l’agriculteur, la vente de son bois vert couvre l’ensemble de ses charges liées aux chantiers (abattage, déchiquetage, transport, carburant, et sa main d’œuvre), c’est une opération blanche en chantier moyen, et bien-sûr bénéficiaire en cas de chantier performant. Les adhérents d’Haiecobois, s’engagent également à fournir l’association tous les ans, et en fonction du plan d’approvisionnement des chaufferies en locales, à maintenir leur linéaire moyen sur l’exploitation, et à réaliser un plan de gestion des haies qui leur permettra de faire le point sur leur potentiel de bois mobilisable dans la filière et de faire un état des lieux avec le conseiller sur la planification des chantiers, les haies à réaménager, replanter, rebourrer éventuellement. De chantiers manuels, abattage manuel et déchiqueteuse manuelle de 2002-2006 de la Cuma Ecovaloris, c’est maintenant des chantiers mécanisés complets, abattage compris (coupeur abatteur), que peuvent réaliser les agriculteurs. Juste un nombre de bennes à adapter en fonction du débit de chantiers pour le transport comme un chantier d’ensilage.Il est important de souligner que le bois déchiqueté valorise 30 % de bois en plus qu’un chantier bois bûche qui laisse des rémanents souvent brulés, et nécessite 4 à 5 fois de moins de main d’œuvre pour l’entretien de la haie.
Les évolutions et les projets de l’association
Haiecobois emploie maintenant 0.3 ETP pour la gestion administrative, et a récemment investi dans un caisson souffleur pouvant alimenter des silos non enterrés (3 chaufferies actuellement), améliorant le système déjà existant de la remorque souffleuse. Comme le souligne Jean-Louis JULIEN, administrateur et ancien président, “cet investissement d’avenir pour l’association, permettra à des projets d’aboutir sans surcoût de stockage”. Parmi les évolutions futures, une orientation vers la commercialisation de bois vert issu directement de chantier destiné à l’approvisionnement partiel de chaudières de plus fortes puissances comme la chaufferie d’Avranches, dans le respect des règles de l’entretien durable des haies et en gestion locale, et afin de répondre à d’autres agriculteurs souhaitant s’engager dans la filière, le développement des chaudières des collectivités, évoluant lentement malheureusement.
Quelques chiffres
(Très variables en fonction de la haie)
- Débit moyen déchiquetage : 35 à 45 m3/heure, 250 €/heure.
- Débit moyen coupeur abatteur : 100 ml/heure , 150 €/heure.
- Densité : 15 à 40 m3/ml, en moyenne 20-25 m3/100 ml.
- 1T bois sec = 4 m3 (25 % d’humidité).
- 1T bois vert = 3 m3 (45 % d’humidité).NB : bois déchiqueté sec = plaquettes de 3-4 cm à 25 %, séchées naturellement sous abris pendant 4-6 mois.
Bilan économique et environnemental
3 000 T de bois sec vendu par Haiecobois c’est :
- équivalent à l’utilisation de plus de 1,1 million de litres de fioul (1 m3 de bois = 80 l de fioul) ;
- 52 km de haies entretenu pour une année, soit 800 km en rotation sur 15 ans ;
- la création induite dans la filière de près de 3 ETP (heures chauffeurs chantiers, livraisons, réception du bois).
A noter : vous êtes en réflexion pour un projet de chaudière à bois déchiqueté ? La Fédération des Cuma vous accompagne et vous conseille pour réussir d’un point de vue technique et économique, l’implantation de votre chaufferie et les solutions pour votre silo. Une étude personnalisée basée sur vos besoins en chauffage et une relecture de vos devis vous sont proposés. Contact : F.-X. Babin 02 33 80 82 95.
La filière en Basse-Normandie : une croissance durable
Haiecobois est engagée avec les Cuma de déchiquetage, la SCIC B2E, BoisHaienergie14 et la Fédération des Cuma de Basse-Normandie sur le développement d’une filière bois déchiqueté à la fois rentable, durable et territorialisée. Cela représente plus de 300 agriculteurs en Basse-Normandie qui entretiennent, gèrent et valorisent leurs haies bocagères.Leurs engagements : un approvisionnement en bois bocager, une exploitation du bois durable, un approvisionnement en circuit court, un travail de terrain qui s’appuie sur les Cuma.
Activités d’Haiecobois depuis 2006Indicateurs de la filière bois-énergie locale pour 2014 en Basse-Normandie : 170 km de haies entretenues durablement pour la production de bois énergie, 6 130 tonnes de plaquettes commercialisées par les 3 structures départementales (36 % produit par les Cuma départementales, le reste de la production étant destinée à l’auto-approvisionnement), 16 875 tonnes de bois déchiqueté sec produit par les 3 cuma départementales, 312 adhérents sociétaires (Bois Haienergie 14, Haiecobois, SCIC B2E).
La Cuma Ecovaloris
La Cuma départementale appuie les projets matériel collectifs innovants depuis 2002 (compostage, déchiquetage, houe routative, sursemis, pressage de l’huile, circuits court de transformation viande avec le laboratoire de Coutances, récolte du chanvre, combiné scieur fendeur et grappin fendeur pour la filière bûche). Pour la filière bois déchiqueté : 2 déchiqueteuses manuelles, 2 déchiqueteuses à grappin (prestation avec tracteur/chauffeur). Contact : Fédération des Cuma de Basse-Normandie : 02 33 06 45 29.