FDSEA 61 : les arbres têtards sont dans le brouillard
Vendredi 25 janvier, une délégation de la FDSEA s’est rendue chez Dominique Taupin, agriculteur au Ménil-Hubert-en-Exmes. Objet : quid des arbres têtards dans les MAE ?
lll L’arbre têtard est un habitat privilégié de certaines espèces, comme le pique-prune, un coléoptère d’intérêt communautaire prioritaire. L’entretien de l’arbre par l’exploitant agricole doit être régulier et rigoureux. « L’Union européenne a mis en place un plan d’action pour les préserver, informe Marc Gégu, secrétaire général de la FDSEA. Ça marchait bien, jusqu’à ce que la France se réveille : seuls les têtards isolés en alignement sans haies sont éligibles aux aides. »
Un courrier du 20 juillet du ministère de la Transition écologique et solidaire dit ceci : « La présence d’arbres de haut-jet traités en têtards, eux-mêmes inclus dans des haies garnies d’arbres et d’arbustes de moindre hauteur, ainsi que les pratiques de taille spécifiques sont nécessaires à la préservation du pique-prune. […] Ainsi, en 2013, plus de 3 000 arbres têtards implantés dans des haies de ce site avaient pu bénéficier de financements MAEt (mesures agroenvironnementales territorialisées, N.D.L.R.). Dans le cadre des campagnes 2015 et ultérieures de la PAC, des réunions ont été organisées pour promouvoir à nouveau des MAEC (mesures agroenvironnementales et climatiques, N.D.L.R.) sur les arbres têtards. Elles ont abouti à des demandes d’aides sur ces MAEC au titre des campagnes PAC 2015, 2016 et 2017 pour un total d’environ 2 350 arbres environ ». Or, un courrier de la DDT de l’Orne, daté du 12 juillet, informe que finalement, les arbres têtards engagés dans les haies ne sont pas éligibles aux aides.
« Si l’arbre têtard est dans la haie, l’exploitant ne touche rien pour son entretien. S’il est au milieu du champ, alors il est éligible. C’est stupide, les insectes vivent dans les haies », s’insurge Sylvain Delye. Le responsable de la section environnement à la FDSEA pointe du doigt les têtards, insérés dans les haies, chez Dominique Taupin, agriculteur au Ménil-Hubert-en-Exmes. L’éleveur compte 18 arbres de ce type recensés par la Chambre d’agriculture. « Je touche 4 €/arbre/an pour leur entretien sur cinq ans. Et 12 €/arbre/an pour ceux en création », détaille-t-il. « La mesure n’est pas faite pour gagner de l’argent, enchaîne Sylvain Delye. Mais pour compenser en partie le coût de leur entretien. Que Dominique Taupin estime à « 150 € minimum ».
Alors que les campagnes de versement des MAE cumulent toujours du retard, les agriculteurs sont de nouveau dans le flou. Sylvain Delye constate que « certains agriculteurs ont engagé des frais, ils ont fait appel à des entreprises. Certains ont perçu cette aide depuis trois. Devront-ils la rembourser ? »